Luttes et mobilisations

le Quotidien d Médecin - Lévothyrox : des patients dans la rue pour un retour à l’ancienne formule

Septembre 2017, par Info santé sécu social

David Bilhaut

Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn joue la carte de l’apaisement dans le houleux débat sur la nouvelle formulation du Lévothyrox, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) maintient la pression médiatique.

L’AFMT a organisé ce vendredi un rassemblement de patients à Paris à quelques pas de l’Assemblée nationale pour réclamer le retour de l’ancienne formule du médicament. Trois responsables de l’association ont rendez-vous ce soir au ministère de la Santé pour tenter de convaincre Agnès Buzyn de débloquer « sous quarante-huit heures » des stocks de l’ancienne version de Lévothyrox qui reste utilisée chez nos voisins européens. Aux yeux de Chantal Lhoir, présidente fondatrice de l’AFMT, il y a urgence : « Les autorités sanitaires prendront sinon un risque majeur car les patients vont se procurer leurs traitements via des marchés parallèles », prévient-elle.

Présente au rassemblement aux côtés de l’association, la députée européenne Michèle Rivasi évoque « plus de 1 500 effets secondaires graves » liés au nouveau Lévothyrox qui sont remontés ces dernières semaines aux Centres de pharmacovigilance. « Depuis ce changement de formule, des milliers de personnes se plaignent d’effets secondaires insupportables et il a fallu attendre la fin du mois d’août pour voir réagir en mettant en place un numéro vert », déplore-t-elle.

Tandis qu’Agnès Buzyn a reconnu un défaut d’information des patients traités par Lévothyrox, la députée européenne pointe un manque de recul concernant la nouvelle formulation du produit. Les deux études de bioéquivalence menées par Merck Serono s’avèrent « trop restreintes », considère-t-elle.

Une nouvelle plainte déposée

« On se doit d’analyser précisément ce médicament », ajoute Michèle Rivasi qui réclame une expertise plus robuste sur le sujet auprès de l’ANSM. Également ralliée à la cause de l’AFMT, l’ex-magistrate Marie-Odile Bertella-Geffroy annonce de son côté qu’une « plainte au pénal contre X » va être déposée « dès la semaine prochaine » au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris. Une précédente avait été déposée la semaine passée dans les Alpes-Maritimes, contre le laboratoire Merck. « Il y a une crise sanitaire qui va arriver et qu’il faut arrêter. J’espère une enquête sérieuse du procureur du pôle de santé publique », déclare-t-elle. Tandis qu’Agnès Buzyn a annoncé une possible ouverture du marché français à « d’autres formules alternatives de la lévothyroxine », Michèle Rivasi appelle enfin à « casser le monopole » de Merck Serono sur ce produit utilisé par près de 3 millions de Français.