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Libération - Quel plan pour l’hôpital avant la grande manif de jeudi ?

Novembre 2019, par Info santé sécu social

Le 11 novembre 2019 à

Y aura-t-il de quoi éteindre le feu qui crépite depuis mars dernier ? A quelques jours de la « grande manifestation » des personnels hospitaliers prévue ce jeudi à Paris, le « plan de soutien » promis par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, n’est toujours pas connu. Mais déjà Bercy met les points sur les I : la piste d’une reprise de la dette des hôpitaux publics, évoquée dans la presse et notamment dimanche par le JDD comme remède à la crise du secteur, « n’est pas une option envisagée », a clairement indiqué dimanche le ministère de l’Economie et des Finances.

A priori, pas question donc de redonner de l’oxygène en allégeant l’astronomique fardeau de 30 milliards d’euros entretenu par des déficits persistants et qui contraignent les établissements publics à emprunter. Alors quoi ? Après le flop de ses annonces de septembre, la ministre, qui est attendue au porte-monnaie, a promis de présenter son plan « dans le courant du mois de novembre », assurant qu’il y aura « évidemment des moyens associés ». Si l’effacement de la dette n’est pas à l’ordre du jour, le gouvernement pourrait activer d’autres leviers, en particulier la hausse des dépenses de santé dans le cadre du budget 2020 de la Sécu, en cours d’examen au Parlement.

Dans l’attente de ce fameux plan, treize médecins urgentistes ont interpellé, dimanche dans une tribune publiée par le JDD, citoyens et pouvoirs publics avec vigueur : « Laisserez-vous mourir l’hôpital public sans avoir tenté quelque chose ? » « On en vient à se poser la question suivante : est-ce que l’épuisement du système n’a pas été programmé ? Est-ce que tout n’a pas été fait pour que s’effondre l’hôpital public au profit de l’économie ? Le but n’est-il pas de détruire la sécurité sociale et le service public hospitalier ? », interrogent ces médecins, dont l’urgentiste Patrick Pelloux, tous membres de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), dans ce long texte.

Retraçant les dérives des années 80 et 90 dans la « surconsommation des soins », puis l’arrivée dans les années 2000 de « l’hôpital entreprise », avec l’emblématique système de la tarification à l’acte, les auteurs de ce texte résument la situation actuelle : « notre mission de service public est de tout faire tout le temps, mais le gouvernement ne nous en donne pas les moyens ».

Selon eux, les postes de soignants « ne sont plus pourvus parce que les conditions de travail trop difficiles effrayent les plus altruistes avec des salaires très bas » (la France est au vingt-sixième rang de l’OCDE pour les salaires des infirmières). « Il manque des médicaments, des brancards, des lits mais aussi les humains pour occuper les services, pour s’occuper des patients ». Estimant que « le démantèlement est en cours d’achèvement », ils assurent qu’« en épuisant les soignants, on les a fait fuir : spirale sociale infernale ». « Non seulement l’hôpital public est déficitaire, mais il deviendra inefficace puisque incapable de remplir sa mission de continuité des soins pour tous », écrivent-ils.

Ils rappellent en conclusion les revendications de la mobilisation du 14 novembre : « l’ouverture de lits », l’augmentation du budget de l’hôpital, des effectifs et des salaires, ainsi que « l’arrêt de la facturation à l’acte ».

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