Luttes et mobilisations

76 actu - L’acte 2 de la crise à l’hôpital du Rouvray commence : « C’est sûr, ça va péter ! »

Septembre 2019, par Info santé sécu social

L’intersyndicale de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sottevile-lès-Rouen, demande la démission du directeur, mardi 24 septembre 2019. Des "actions radicales" sont envisagées.

Publié le 24 Sep 19 à 12:34

Le dialogue entre l’intersyndicale (CGT, Sud et CFDT) et la direction de l’hôpital psychiatrique du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) semble définitivement rompu. Les représentants syndicaux sont ressortis « écœurés » d’une entrevue avec Lucien Vicenzutti, le directeur, mardi 24 septembre 2019. Le personnel gréviste, en parallèle, avait décidé d’envahir le bâtiment administratif pour réclamer l’application du protocole signé en juin 2018, après 18 jours de grève de la faim. Après cette réunion, l’intersyndicale a demandé la tête du responsable de l’hôpital.

« Des gamins se font violer dans nos services »
À la sortie de la réunion, Manos Kappatos ne cache pas sa colère : « C’est du foutage de gueule ! » Pour cet ancien gréviste de la faim, l’acte 2 du mouvement commence :

C’est sûr, ça va péter. On ne peut pas imaginer avoir fait tout cela il y a 16 mois, pour rien. On ne peut pas être content que ça reparte. Nous, les huit grévistes de la faim et tout ceux qui nous ont soutenus, on est tous dégoûtés.

La guerre des chiffres entre direction et intersyndicale se poursuit concernant le nombre de postes créés depuis la signature du protocole, mais la tension se cristallise sur la création d’une unité pour adolescents réclamée depuis « trois, quatre ans » et notifiée dans la négociation de 2018. Jean-Yves Herment, délégué du personnel CFDT, explique l’impérieuse nécessité de cette unité :

On en a ras-le-bol d’avoir des gamins de 14, 15, 16 ans dans les services adultes. Quand on lui dit qu’ils se font violer dans nos services, il nous répond que se sont des événements indésirables. Nous, on appelle ça des viols.

Les grévistes du #Rouvray demandent le départ du directeur, "une personne nuisible pour l’établissement". Jean-Yves Herment (CFDT), ancien gréviste de la faim ⤵️

Présente pour soutenir le personnel gréviste, Carole, psychologue dans un centre médico-psychologique de l’agglomération rouennaise avoue « tout faire pour que [ses] gamins ne soient pas hospitalisés, parce qu’ils terminent dans les services pour adultes ». « On a pléthore de viols et d’agressions sexuelles », confirme Marc-Aurélien Ducourtil (sud).

L’intersyndicale demande donc le départ du directeur, « une personne nuisible pour l’établissement ». « On est prêt à reprendre les négociations comme il y a 15 mois, mais avec une nouvelle direction », insiste Marc-Aurélien Ducourtil.

« On ne peut pas imaginer baisser d’intensité »
« Des actions radicales » sont envisagées par l’intersyndicale. Elles seront décidées lors d’une nouvelle assemblée générale, jeudi 26 septembre. « La grève de la faim, ce n’est pas quelque chose que je referai, parce que c’est trop éprouvant, mais on ne peut pas imaginer baisser d’intensité », prévient Manos Kappatos.

Mardi, les quelques grévistes soutenus par d’autres blouses blanches, et des Gilets jaunes, étaient satisfaits de la mobilisation. « On est plus nombreux qu’au départ l’année dernière. Quoi qu’on fasse, on sera suivi », espère Marc-Aurélien Ducourtil. De son côté, la direction a annoncé un taux de grévistes de 7,83 %. Dans un communiqué, elle dit « préparer un dossier pour le 4 octobre prochain dans le cadre d’un appel à projet de l’Agence régionale de santé permettant de financer la création d’une offre de psychiatrie infanto-juvénile ». Sollicité à plusieurs reprises, le directeur a refusé de s’exprimer