L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

L’Anticapitaliste du 07/01/20 - « Macron, Delevoye et toute la clique ont réveillé la RATP »

Janvier 2020, par Info santé sécu social

« Macron, Delevoye et toute la clique ont réveillé la RATP »

François-Xavier, conducteur de métro sur la ligne 3, militant à Solidaires Ratp, est intervenu au meeting du NPA à Paris le 16 décembre. Nous avons retranscrit son intervention, qui n’a pas pris une ride.

J’ai envie de remercier Macron, Delevoye et toute la clique, parce que sans eux, à la RATP, on n’aurait pas réussi à réveiller tous les salariés, et ça fait énormément de bien. Ça se réveille et ça se bouscule. Contrairement aux cheminotEs en lutte depuis un moment, la culture de la grève s’était amoindrie à la RATP, notamment suite à la mise en place du « service minimum » en 2008. Certains nous ont même dit que la grève à la RATP ne se voit plus. Mais là, même avec le « service minimum », on prouve qu’on peut bloquer Paris, avec les cheminotEs. Service minimum ou pas, quand l’ensemble des salariéEs se mobilisent, ça se voit et ça fonctionne. Le 13 septembre, il y avait sept lignes de métro fermées, zéro ligne de RER qui fonctionnaient, 98% de grévistes sur l’ensemble de l’entreprise.

Le service minimum, c’est le fait que quand un salarié veut se mettre en grève, il doit se déclarer 48 heures à l’avance. Ça pose donc des difficultés d’organisation, et il a fallu du temps pour que les salariéEs s’approprient leur organisation : Depuis 2007, date de notre dernière mobilisation contre la réforme des retraites, il n’y a quasiment jamais eu de piquet de grève.

Le déclencheur, l’unité syndicale contre la réforme

Ce qui ressortait des discussions avec les salariéEs, c’était le problème de la division syndicale. Les organisations représentatives ne portaient pas forcément les revendications des salariéEs et ne construisaient pas d’unité syndicale pour pouvoir obtenir satisfaction. Ça été un des ingrédients de la lutte actuelle, qui nous a permis de nous organiser. En juillet, lors de l’intersyndicale Ratp, on a pu sortir un communiqué commun et les salariéEs n’attendaient que ça. Delevoye et son rapport sont bien tombés pour nous aider.

Depuis juillet, les salariéEs s’organisent dans tous les dépôts de bus, dans les RER, dans les stations – parce que les agents de stations ou de gare, ça ne se voit pas forcément mais ils sont aussi ultra mobilisés aujourd’hui. On a mis deux mois à préparer la grève du 13 septembre. Il a fallu discuter avec les uns, les unes et les autres, aller expliquer à chacun ce qu’est un piquet de grève, à quoi il sert, parce que cette culture avec totalement disparu. Les salariéEs avaient aussi perdu l’habitude des assemblées générales et il fallait reconstruire de la solidarité entre nous.

On redresse la tête

Dès le 13 septembre, après deux mois de préparation, on a réussi à bloquer Paris. Ça été extraordinaire parce qu’il y a un an, on voyait nos camarades cheminotEs se mobiliser mais on n’avait pas réussi à entrer dans la bataille. Contre les ordonnances Macron on n’a pas réussi non plus à faire entrer les organisations syndicales représentatives, qui bloquaient le dossier. Là, la solidarité est partie du terrain. Il y a une discussion quotidienne entre salariéEs. Et c’est ce qui nous a permis, progressivement, d’arriver à cette grève du 5 décembre, avec deux mois et demi de préparation. Une grève, ce n’est pas seulement l’aspect financier, c’est aussi une réflexion sur ce que ça représente, en quoi ça va nous engager, qu’est-ce que ça veut dire d’être au piquet de grève tous les jours dès 5 heures du matin, se lever à 3 heures du matin. On a réussi à le faire et les salariéEs ont compris l’intérêt d’y être. L’intérêt c’est de décider ensemble, d’être moteurs de l’action, d’être les seuls décisionnaires de ce que l’on veut demain.

Que Macron et sa réforme dégagent !

Macron nous a proposé une réforme des retraites qui ne nous correspond pas, et tous les Français l’ont exprimé, les salariéEs l’expriment, personne n’en veut ! Ils ont beau essayer de nous diviser sur le thème « ça ne concerne que les régimes spéciaux », ça ne passe pas du tout sur le terrain auprès des salariéEs. Preuve en est, malgré les discours du Premier ministre annonçant des « solutions », l’ensemble des salariéEs ont reçu un courrier de la Ratp leur expliquant, à tous individuellement, qu’ils n’étaient pas concernés : « mais non, pourquoi vous faites grève ? Vous n’êtes pas concernés ». Ce courrier nous a fait marrer. Et la démission de Delevoye pile à ce moment-là, encore plus. On a trinqué dans les terminus et dans les piquets de grève pour leur montrer que leurs mensonges, ça ne tient pas.

On ne veut pas de cette société-là, on ne veut pas survivre, on veut vivre. On veut un autre choix de société pour nos gamins, qu’on soit enseignants, qu’on soit fonctionnaires, qu’on soit de la Ratp, de la santé ou du privé. Les salariéEs de la Ratp et des autres secteurs en lutte se mobilisent pour l’ensemble des salariéEs, pour le retrait de cette réforme, et rien d’autre, et on continuera cette grève jusqu’à ce que Macron dégage et nous remballe son projet de réforme des retraites.