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L’Observatoire de la société - L’’espérance de vie progresse, les écarts entre femmes et hommes se réduisent

Janvier 2018, par Info santé sécu social

L’espérance de vie à la naissance atteint 79,5 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes en 2017 en France métropolitaine. Au cours des 60 dernières années, les hommes comme les femmes ont gagné 14 ans d’espérance de vie en moyenne. Cependant, depuis le milieu des années 1990, les gains obtenus par les femmes sont moins rapides que ceux des hommes et l’écart entre les sexes se resserre : de huit ans et trois mois en 1992, il est passé à six années en 2017. Les modes de vie féminins sont de plus en plus semblables à ceux des hommes, qu’il s’agisse des durées de travail ou des types d’activité professionnelle, de consommation de tabac ou d’alcool notamment. Pour autant, l’inégalité femmes-hommes en la matière reste considérable. En 2017, l’espérance de vie des hommes est équivalente à celle que les femmes avaient au milieu des années 1980. Au rythme actuel de rapprochement, il faudrait 60 ans pour arriver à l’égalité entre femmes et hommes.

De très nombreux facteurs contribuent à l’allongement de la vie. Sur longue période, les conditions de vie s’améliorent, le travail est moins pénible physiquement et le nombre d’heures de travail baisse. Plus qualifiés, les individus sont de plus en plus attentifs à leur santé et à leur corps en particulier (hygiène, alimentation, etc.). L’accès aux soins progresse. La qualité des soins et l’innovation en matière de santé jouent mais on constate peu de relations au plan international entre le système de soins lui-même et l’espérance de vie. Dans les années plus récentes, les progrès qui ont le plus accru l’espérance de vie ont surtout été réalisés en faveur des personnes les plus âgées, autour de 80 ans pour les femmes et 70 ans pour les hommes, principalement par une amélioration des traitements des cancers et des maladies de l’appareil respiratoire.

Cette évolution va-t-elle se poursuivre ? Dans son scénario dit « central » de projection démographique, l’Insee applique aux années futures les évolutions actuelles. Pour 2070, dans cette hypothèse, l’espérance de vie à la naissance atteindrait 93 ans pour les femmes et 90 ans pour les hommes. Depuis le début des années 2010 cependant, les progrès semblent moins rapides chez les femmes : leur espérance de vie a augmenté d’une demi-année entre 2012 et 2017, moitié moins qu’entre 2002 et 2007. Il est cependant beaucoup trop tôt pour en tirer des conclusions sur une possible stagnation plus durable de l’espérance de vie. Les progrès de la longévité tiendront à l’avenir pour partie à ceux de la médecine, à sa capacité à ralentir les effets du vieillissement et à réparer les organes qui dont les fonctions se détériorent. Pour beaucoup, ces progrès résulteront de l’évolution des pratiques tout au long de la vie (tabagisme et consommation d’alcool notamment) et de l’impact de la pénibilité du travail, sa quantité (le nombre d’heures travaillées) et surtout les conditions du travail (notamment la pénibilité physique).


L’espérance de vie
L’espérance de vie est une notion utilisée couramment mais plus complexe qu’il n’y parait. Le plus souvent, on mesure l’espérance de vie à la naissance. Il s’agit d’une donnée fictive : l’espérance de vie est le nombre moyen d’années que vivrait un nourrisson, compte-tenu des conditions de mortalité du moment. Concrètement, pour la calculer on tient compte des taux de mortalité à chaque âge, une année donnée. Mais ce nourrisson ne connaîtra pas tout au long de sa vie les conditions de mortalité de l’année de sa naissance ! Historiquement – hormis durant les catastrophes ou les guerres – le niveau de santé s’améliore et les taux de mortalité diminuent. La probabilité est donc très grande pour que notre nourrisson vive plus longtemps que l’espérance de vie affichée l’année de sa naissance. L’espérance de vie sous-estime la durée de vie future des générations.

L’espérance de vie est l’un des seuls indicateurs qui n’est quasiment jamais calculé en moyenne pour l’ensemble de la population mais pour les hommes et les femmes de façon séparée. Il faut dire que les écarts sont importants, au profit des femmes. On peut calculer l’espérance de vie à la naissance, mais aussi à n’importe quel autre âge de la vie. On peut préciser la notion d’espérance de vie en tenant compte de l’état de santé des personnes. On calcule alors l’espérance de vie dite « sans incapacité » ou « en bonne santé », avec différents indicateurs d’incapacités plus ou moins importantes. Les écarts d’espérance de vie en bonne santé entre hommes et femmes sont beaucoup moins importants que pour l’espérance de vie totale. Mais attention : ces incapacités sont déclarées par les individus, ce qui peut influencer l’évolution de l’indicateur. Ainsi, une sensibilité plus grande des générations à leur état de santé va avoir tendance à limiter les progrès de l’espérance de vie sans incapacité.