Réforme retraites 2023

Le Monde - Réforme des retraites : « entre 10 000 et 20 000 personnes » atteindront les 1 200 euros, selon Olivier Dussopt, soit deux fois moins qu’annoncé mi-février

Mars 2023, par Info santé sécu social

Le ministre du travail a revu la baisse les projections de revalorisations, une des
mesures mises en avant par le gouvernement pour prouver l’objectif de « justice sociale » de sa réforme.

Par Corentin Lesueur
Publié le 28/03/2023

C’est l’une des mesures phares de la réforme des retraites, dont l’examen par le Sénat a débuté mardi après sa première lecture à l’Assemblée nationale, celle brandie par l’exécutif pour prouver l’objectif de « justice sociale » de son projet de loi : la promesse d’une pension minimale à 1 200 euros, soit 85 % du smic net.

Le périmètre du coup de pouce a fait l’objet d’échanges tendus en février au Palais-Bourbon. Contrairement à ce que pouvaient laisser entendre les sorties de plusieurs ministres, les fameux « 1 200 euros », brut, ne constitueraient plus un « minimum » pour tous, mais pour les seuls pensionnés justifiant d’une carrière complète, à taux plein, sur la base d’un salaire équivalent au smic. Mais pour combien de bénéficiaires exactement ? « Entre 10 000 et 20 000 personnes », estime désormais Olivier Dussopt. Soit moitié moins que le nombre brandi mi-février par le même ministre du travail.

Retour sur une guerre de chiffres.
Poussé par l’opposition de gauche qui déplorait les « mensonges » du gouvernement et le flou entretenu sur le nombre de futurs retraités visés par les « 1 200 euros », Olivier Dussopt avait affirmé le 15 février sur France Inter, en plein débat à l’Assemblée, que 40 000 d’entre eux, chaque année, « passeront le cap des 85 % du smic » si sa réforme aboutissait, en plus de 250 000 déjà partis à la retraite. Un éclaircissement insuffisant pour faire taire les doutes émis depuis les bancs de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).

« Olivier Dussopt reconnaît avoir gonflé les chiffres »
Le lendemain de la précision gouvernementale, le député socialiste Jérôme Guedj, ancien inspecteur général des affaires sociales, annonçait s’être rendu à la direction de la Sécurité sociale pour « éclairer des zones d’ombre ». A la tribune, le parlementaire de l’Essonne avait alors rapporté que les services de l’Etat n’étaient « pas à l’origine » de l’estimation de M. Dussopt et « ne sav[aient] pas eux-mêmes » d’où elle provenait. S’en était suivi un vigoureux dialogue entre les deux anciens partenaires socialistes, loin de conclure leurs échanges sur le sujet.

Mardi 28 février, Jérôme Guedj a ainsi publié sur Twitter un courrier d’Olivier Dussopt, daté du 23 février, en réponse à une missive du parlementaire campant qu’« aucune étude ou donnée chiffrée » n’appuyait le nombre de « 40 000 » futurs retraités, par an, bénéficiaires des 1 200 euros.

Et le ministre du travail de revoir sérieusement à la baisse son évaluation. « Les services estiment, selon les générations, qu’entre 10 000 et 20 000 personnes franchiront le seuil des 1 200 euros par cette seule mesure », écrit Olivier Dussopt, évoquant « un chiffrage complémentaire » transmis par la direction de la Sécurité sociale. L’ancien député de l’Ardèche confirme aussi que « 250 000 retraités actuels dépasseront le seuil de 85 % du smic net ».

« Et donc Olivier Dussopt reconnaît enfin avoir gonflé les chiffres », s’est targué Jérôme Guedj sur le réseau social. Le parlementaire juge par ailleurs « abusif » le fait de mettre ces revalorisations au seul crédit de la réforme, et conclut : « On va continuer les investigations. »