Luttes et mobilisations

Le Monde.fr : AP-HP : le baroud d’honneur des syndicats face à la réforme du temps de travail

Mars 2016, par infosecusanté

AP-HP : le baroud d’honneur des syndicats face à la réforme du temps de travail

Le Monde.fr

29.03.2016

Plusieurs syndicats de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) appelaient à la grève, mardi 29 mars, pour s’opposer à la réforme du temps de travail des 75 000 salariés non médecins du groupe. Un mouvement qui pourrait bien n’être qu’un simple baroud d’honneur face à une direction déterminée à tirer avantage d’une mobilisation en constante baisse depuis mai 2015.

Après la tenue d’un comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) mardi, puis d’un comité technique d’établissement (CTE) mercredi 30 mars, rien ne s’opposera plus légalement à l’entrée en vigueur de l’accord signé le 27 octobre 2015 avec la seule CFDT, troisième syndicat du groupe hospitalier.

Dès le 1er avril, une première partie de la réforme sera « d’application immédiate », annonce au Monde Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP. Les journées de repos extralégales accordées aux médaillés du travail, aux mères à l’occasion de la Fête des mères ou dans le cadre des « forfaits protocoles » (2 à 4 jours par an) seront supprimées.

La réforme des rythmes de travail proprement dite, qui prévoit notamment que les personnels perdent entre deux à six jours de RTT par an, devrait entrer en vigueur au 1er septembre, le temps que les 38 hôpitaux du groupe transposent chacun en interne ces changements. A partir de cette date, les agents qui travaillent 7 heures et 50 minutes par jour passeront à 7 heures et 36. La journée de 7 heures 30 (soit quinze jours de RTT par an) sera la règle pour les nouveaux embauchés et sera possible « sur une base volontaire » pour les agents en poste, en échange de contreparties.

« Le directeur général met sa réforme en place avant même que les instances centrales ne se soient réunies », regrette Jean-Marc Devauchelle, le secrétaire général de SUD-Santé de l’AP-HP. Pour le responsable syndical, les changements annoncés ne représentent « qu’une détérioration de nos conditions de travail et de nos conditions de vie en dehors du travail ; tout cela au détriment du patient ».

« Proposer des contreparties »

La tenue du CHSCT mardi 29 mars va cependant donner lieu à quelques propositions de la part de la direction du groupe hospitalier, notamment sur un renforcement de la médecine du travail ou sur un engagement à mieux remplacer les congés maternité et les congés maladie longue durée. Des évolutions proposées en réponses aux expertises commandées par les syndicats sur la réforme.

Très critique, l’étude réalisée par le cabinet Secafi fait valoir que la « balance » entre les gains attendus et le coût quant aux conditions de travail « paraît très déséquilibrée ». Il « semble indispensable d’accepter de discuter emplois et de proposer des contreparties en personnels si l’objectif de la direction est de revoir l’organisation du temps de travail », écrivent notamment les auteurs du rapport.

« Ces études disent que nous sommes bénéficiaires, mais l’AP-HP est toujours déficitaire en exploitation », répond M. Hirsch, pour qui seules « les marges de manœuvre dégagées par la réforme permettront d’éviter de supprimer des emplois. » C’est pour ne pas avoir à faire disparaître « environ 4 000 emplois » sur cinq ans que le directeur général de l’AP-HP avait souhaité en mai « revisiter les modalités » de l’accord conclu en 2002 sur les 35 heures.

François Béguin
Journaliste au Monde