Luttes et mobilisations

Le Quotidien du médecin - Fin de la grève au CHU de Cayenne, mais des débuts de pénuries aux urgences

Juin 2017, par Info santé sécu social

Damien Coulomb

Après 10 semaines de grèves menées par le syndicat UTG de la santé, un accord concernant l’avenir du CHU de Cayenne a été signé vendredi. Selon un parlementaire interrogé par l’AFP à l’issue des négociations, « les points forts de cet accord sont l’engagement pris » concernant « la résorption de l’emploi précaire à raison de 75 personnels par an jusqu’à 400 et surtout la création de 110 postes alors que jusqu’à récemment l’ARS nous disait que cela ne semblait pas se justifier ».

L’accort prévoit notamment le recrutement, en qualité de stagiaire, de 110 personnels supplémentaires dont 100 dans le service des soins et 10 pour le secteur administratif, et la mise en stage de 75 contractuels par an jusqu’à épuisement du taux de contractuels vacants. Les pouvoirs publics s’engagent en outre à la programmation d’un hôpital à Saint-Georges de l’Oyapock, à la frontière du Brésil, et à Maripasoula, à la frontière avec le Surinam. Le protocole prévoit également la « remise à niveau du plan pluriannuel d’investissement avec la venue d’un expert pour chiffrer la réhabilitation de la psychiatrie et de l’EHPAD ».

Le mouvement de grève, qui bloquait l’entrée principale et 15 lits sur les 682 que compte l’hôpital était mené par le syndicat UTG, dont la démarche est à distinguer des autres composantes du mouvement de contestation local qui avait participé au collectif « Pou Lagwiyanne dékolé ».

Le collectif des praticiens du centre hospitalier Andrée-Rosemon de Cayenne, formule lui d’autres exigences, et dénonce dans un communiqué « les conditions d’accueil des patients [...] indignes et qui se dégradent davantage de jour en jour ». Il note que le plateau technique de l’établissement est « nettement insuffisant pour répondre aux besoins croissants et légitimes de la population ».

Les pénuries commencent

Sur place, la situation empire, et les pénuries annoncées dans un précédent entretien par le Dr Loïc Epelboin (unité des maladies infectieuses et tropicales, et membre du pôle santé du collectif « Pou Lagwiyanne dékolé ») commencent à apparaître. « Certains consommables viennent à manquer, explique-t-il, dans le service des urgences, nous n’avons plus d’embouts pour les thermomètres ou de patch pour électrocardiogramme. » Il s’inquiète du temps que prendront les 20 premiers millions promis par la métropole pour payer les fournisseurs de l’hôpital. « On nous a promis l’argent d’ici à fin juillet », précise-t-il.

Le CHAR, promis à une transformation en CHU nécessite « une réhabilitation majeure, un redimensionnement complet avec l’ouverture de nombreux lits, la création et le développement de nombreuses spécialités », juge le collectif de praticiens du CHAR. Compte tenu de ces besoins, les 60 millions promis dans les accords d’avril dernier, sont considérés comme « largement insuffisants ». À titre d’exemple, la création d’un bâtiment médico-technique nécessiterait « plus de 100 millions d’euros », selon le collectif de praticiens.