Réforme retraites 2023

Libération - Retraite minimum à 1 200 euros, impact de la réforme sur les femmes, mère de Darmanin… Le gouvernement accroché à ses bobards

Février 2023, par Info santé sécu social

Alors que la réforme des retraites suscite toujours une forte opposition, l’exécutif se retranche derrière des éléments de langage trompeurs. « CheckNews » s’est penché sur quatre d’entre eux.

par Service Checknews et LIBERATION
publié le 11 février 2023

C’est peu dire que le gouvernement peine à convaincre sur les bienfaits de sa réforme des retraites. La faute en partie à des éléments de langage trompeurs, qui ont fini par se retourner contre leurs auteurs, et plombent la communication de l’exécutif. CheckNews revient sur quatre contre-vérités assénées en boucle.

Le mensonge du gouvernement à propos de l’impact de la réforme des retraites sur les femmes
Actuellement, les femmes partent légèrement plus tard que les hommes à la retraite, du fait de leurs carrières hachées les obligeant plus que les hommes à attendre l’âge du taux plein pour liquider leurs droits. Mais grâce à la réforme, les femmes partiront plus tôt que les hommes ? C’est en tout cas ce qu’assurent Elisabeth Borne ou Gabriel Attal, en réponse aux opposants à la réforme qui dénoncent son impact négatif sur les femmes. Un mensonge. Il est vrai que les projections de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) indiquent que le rapport va s’inverser et que les femmes partiront plus tôt que les hommes. Mais cela n’a rien à voir avec la réforme… au contraire. L’écart d’âge de départ entre hommes et femmes sera effectivement réduit après la réforme, mais bien moins qu’il aurait pu l’être sans. Lire notre article.

Pension à 1 200 euros : les petits mensonges et grosses approximations du gouvernement sur les bénéficiaires
Martingale « sociale » du gouvernement, la promesse gouvernementale d’une pension minimale à 1 200 euros via une revalorisation du minimum contributif de 100 euros est la source de bien des confusions. Et la communication de l’exécutif sur le sujet, floue et trompeuse, est en train de lui revenir dans la figure comme un boomerang. Car l’objectif des 1 200 euros de pension totale vise uniquement les personnes ayant fait une carrière complète et à taux plein. On est donc très loin du principe général d’une « pension minimale » de 1 200 euros comme trop de ministres ont pu le suggérer. De même, la revalorisation de 100 euros du minimum contributif est un maximum. Et contrairement à ce que suggère le gouvernement, la grande majorité des bénéficiaires de la mesure se contenteront de quelques dizaines d’euros. Lire notre article.

« Personne ne verra sa retraite baisser avec la réforme » : la rhétorique d’Olivier Dussopt
C’est une promesse du gouvernement : la réforme ne fait « aucun perdant », comme le répète Olivier Dussopt. Toute la question est : par rapport à quoi ? Là se niche la « filouterie » rhétorique du ministre. Le gouvernement part du principe qu’en l’absence de réforme, les pensions devront forcément baisser. Et déduit de ce postulat théorique que les retraites avec la réforme seront donc supérieures à celles sans. Si on décide de mesurer l’impact de la réforme sur le montant des retraites par rapport à la situation actuelle, l’élément de langage du gouvernement tombe à l’eau. Certes, les mesures contenues dans le projet conduiraient à « une hausse significative de la pension moyenne pour les quatre premiers déciles » (générations 1962, 1966, 1972). C’est ce qu’indique la Cnav. Mais l’étude d’impact du projet reconnaît aussi l’existence de perdants. Ainsi, les assurés qui disposaient d’une carrière complète à 62 ans, et décidaient actuellement de travailler au-delà de l’âge légal pour augmenter, grâce au mécanisme de surcote, le montant de leur retraite, devraient bien voir « leur pension diminuer, de 1 % en moyenne ». « Cette perte peut toutefois être neutralisée pour les assurés qui reportent leur départ au-delà du décalage imposé par la mesure d’augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite », observe l’étude. Donc en travaillant plus. Lire notre article.

La mère de Gérald Darmanin : ce mauvais exemple brandi en boucle par le ministre de l’Intérieur
Le ministre de l’Intérieur a la manie, à chaque fois qu’il est question des retraites, de prendre exemple sur le cas de sa mère pour faire valoir l’action de l’exécutif et… Une rhétorique démagogique et peu inspirée. Car la réforme portée par le gouvernement auquel appartient Gérald Darmanin ne change rien à la situation de sa mère. A en croire le ministre, celle-ci, du fait d’une carrière hachée, doit travailler au-delà de 67 ans pour bénéficier du taux plein et d’une retraite « décente ». Mais la réforme ne va rien changer sur ce point : l’âge de départ à taux plein (67 ans, un âge promu par la réforme de 2010 portée par l’UMP, qui était alors le parti de Darmanin) demeure inchangé. Par ailleurs, la pension de retraite que devrait percevoir Annie Darmanin (1 500 euros, d’après le ministre) est largement au dessus du plafond permettant de bénéficier du minimum contributif, et donc de sa majoration prévue par la réforme.