Variole du singe

JIM - Les Etats-Unis se mobilisent contre la variole du singe

Août 2022, par Info santé sécu social

New York, le mercredi 3 août 2022

Les Etats-Unis sont devenus le pays le plus touché par l’épidémie de variole du singe en nombre de cas et les associations homosexuelles accusent le gouvernement d’inaction.

Dans les rues de New York, de longues files d’attente se forment devant les établissements de santé. Il ne s’agit plus, comme il y a encore quelques mois, de se faire tester ou vacciner contre la Covid-19, mais cette fois ci de recevoir le vaccin contre la variole du singe.

Avec 6 325 cas recensés depuis début mai, les Etats-Unis sont le pays du monde comptant le plus de contaminés (en valeur absolue) et entre 300 et 400 nouveaux cas sont recensés chaque jour. Les villes de New York, San Francisco et Los Angeles, qui accueillent d’importantes communautés homosexuelles, sont les cités les plus touchés du pays.

Au 29 juillet, on comptait 1 345 malades dans le seul Etat de New York, soit un quart des cas américains. L’Etat a ainsi déclaré l’état d’urgence sanitaire ce samedi et le maire de la ville estime qu’environ 150 000 personnes sont potentiellement exposés dans la cité. Deux jours avant, San Francisco était la première ville du pays à avoir déclarer l’état d’urgence.

Dans ce port de Californie bien connue pour son importante communauté gay, on recense selon le dernier décompte officiel 305 cas pour 900 000 habitants, soit le plus fort taux d’incidence du pays.

Plus d’un million de doses de vaccins déjà disponible

Comme c’est également le cas en France, les associations de défense des droits des homosexuels dénoncent « l’inaction » du gouvernement fédéral et la supposée lenteur avec laquelle les autorités ont commencé à réagir à l’épidémie. Les critiques se concentrent essentiellement sur l’organisation de la campagne de vaccination.

Dans de nombreuses villes, les homosexuels masculins, qui sont pour le moment les seuls à pouvoir se faire vacciner, ne parviennent pas à trouver de créneaux de vaccination et sont mis sur listes d’attente pour des mois. « Tous mes amis qui ont la variole du singe avaient essayé de se faire vacciner et n’ont pas eu de rendez-vous » explique James Krellenstein, fondateur d’une association de lutte contre le SIDA.

Ce lundi, une enquête du New York Times a révélé que le gouvernement fédéral avait laissé expirer plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins antivarioliques et que seulement 2 400 doses du vaccin Jynneos (nommé Imvanex en Europe), le seul autorisé contre la variole du singe, étaient disponibles lorsque l’épidémie a débuté en mai. Depuis, Washington a rectifié le tir.

Ce lundi, plus de 700 000 doses ont été distribués par le gouvernement fédéral aux Etats, soit plus de 1,1 millions de doses disponibles à travers le pays. Mais la répartition des vaccins connait encore des ratés, chaque Etat souhaitant être approvisionné en priorité.

« A New York, nous avons eu 30 % des infections mais seulement 10 % des doses » déplore Jason Canciotto, vice-président de l’association de lutte contre le SIDA GMHC.

Le traumatisme du SIDA encore vivace
Ces derniers jours, la Maison Blanche a tout fait pour déjouer ces critiques, alors que les élections législatives approchent et que les homosexuels forment une part importante de l’électorat démocrate.

La semaine dernière sur CBS, le Dr Ashish Jha, le conseiller Covid du Président Joe Biden, a assuré que le gouvernement fédéral avait « agi rapidement » et que les Etats-Unis avaient commandé et obtenu « plus de doses de vaccin que n’importe quel autre pays » (7 millions de doses ont été commandés au total).

Pour montrer que l’épidémie est prise très au sérieux à Washington, Joe Biden a créé ce mardi un comité spécial pour la lutte contre la variole du singe, qui comprend notamment le Dr Demetre Daskalis, responsable de la lutte contre le VIH au CDC.

La communauté homosexuelle américaine vit encore dans le souvenir tragique de l’épidémie de SIDA, qui l’a décimé dans les années 1980 et 1990. Déjà à l’époque, l’administration conservatrice au pouvoir avait été accusé d’avoir tardé à réagir face à une épidémie qui était au départ catalogué comme une maladie de marginaux.

700 000 Américains sont morts du SIDA ces 40 dernières années, dont 82 000 à New York.

Nicolas Barbet