Variole du singe

JIM - Variole du singe : entre polémiques et fausses informations

Août 2022, par Info santé sécu social

Publié le 04/08/2022

Paris, le jeudi 4 août 2022 –

Comme l’épidémie de Covid-19 avant elle, celle de variole du singe est la source de polémiques et de fausses informations en tout genre.

La vérité éclate enfin au grand jour. Après des semaines d’enquête, nos journalistes ont réussi à découvrir l’origine de l’épidémie de variole du singe qui touche actuellement la planète. Le responsable de cette nouvelle crise sanitaire ne serait autre que Bill Gates. Non content d’avoir déjà créé l’épidémie de Covid-19, le milliardaire et prétendu philanthrope américain tente donc de disséminer un nouveau virus.

Son objectif est-il le contrôle de la population ou l’éradication d’une partie de l’humanité ? Difficile à dire pour le moment.

Encore un coup des chimpanzés

Ce genre de fausse information (car c’est en bien une si vous en doutiez) est malheureusement monnaie courante sur les réseaux sociaux. A l’instar de l’épidémie de Covid-19 avant elle, celle de monkey pox stimule l’imagination des complotistes en tout genre, prêt à révéler sur les réseaux sociaux une vérité soi-disant caché à des millions de naïfs.

Bien souvent, les théories du complot sur cette maladie infectieuse partent d’une information exacte pour en tirer une conclusion totalement farfelue.

Ainsi, s’il est vrai que le vaccin AstraZenneca contre la Covid-19 contient un adénovirus de chimpanzé, cela ne signifie pas que les vaccins contre la Covid-19 soient responsables de la variole du singe (tout simplement car cette maladie a en réalité peu de rapports avec nos cousins simiesques).

Les complotistes reprennent également les mêmes formules que lors de l’épidémie de Covid-19. Par exemple, tout comme l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le coronavirus nous aurait été cachée par les trusts pharmaceutiques, c’est cette fois l’utilité de la doxycycline contre la variole du singe qui est dissimulé.

Cet antibiotique aurait même été interdit par un arrêté du 25 mai dernier (arrêté qui se contente en réalité de rappeler qu’aucun traitement n’a été autorisé à ce jour).

Une tribune pour demander l’ouverture d’une commission d’enquête
Si la variole du singe suscite de faux complots, elle créé en revanche de vraies polémiques. Ce mardi, un collectif de 200 personnalités, parmi lesquels des députés NUPES et des dirigeants d’associations (AIDES, Act-Up Paris, Médecins du monde…) ont publié une tribune sur le site Huffington Post pour dénoncer le manque de réactivité des autorités face à cette épidémie et demander l’ouverture d’une commission d’enquête par le Sénat, comme ce fut le cas en 2020 pour la gestion de l’épidémie de Covid-19.

Les critiques des auteurs de la tribune se focalisent sur les débuts difficiles d’une campagne de vaccination qu’ils qualifient de « sous-dimensionné », soulignant que « les créneaux disponibles restent en nombre trop insuffisant sur le territoire national ».

La tribune critique également le manque de transparence du gouvernement, qui refuse de communiquer sur le nombre de doses disponibles (protégé par le secret-défense au motif que la variole pourrait être utilisée comme une arme biologique).

Enfin, le collectif demande que des doses de vaccins soient mis à disposition des médecins libéraux et des pharmaciens.

16 600 doses injectées, 250 000 personnes à vacciner (pour l’instant)
Réagissant à ces critiques ce mardi à l’Assemblée Nationale, le ministre de la Santé François Braun a assuré que la France n’avait « pas pris de retard » dans sa réponse contre l’épidémie et que les stocks de vaccins étaient « très conséquents » sans en dire plus.

Il a indiqué qu’à ce jour, 42 000 doses avaient été déstockés dans 136 centres de vaccination à travers le pays. Il a également expliqué qu’en plus du vaccinodrome ouvert dans le centre de Paris la semaine dernière, un autre serait bientôt opérationnel à Marseille.

En outre, le ministre a indiqué « travailler à une expérimentation » sur une possible ouverture de la vaccination en officine.

Loin de ces polémiques, la vaccination s’accélère sur le terrain. Au total, 16 600 doses ont été injectés à ce jour. La population cible (homosexuels masculins et transsexuels multipartenaires) est évalué approximativement à 250 000 personnes, à qui il faut injecter deux doses.

Sans compter que certaines personnes ne répondant pas aux critères fixés par la HAS viennent tout de même se faire vacciner, aucun tri n’étant évidemment possible. Dans les centres de vaccination, il est actuellement quasiment impossible de prendre rendez-vous avant septembre.

Plus que les doses, c’est le personnel qui ferait défaut selon les autorités sanitaires. « Les professionnels de santé ont été très éprouvés par la crise du Covid » explique Amélie Verdier, directrice de l’ARS d’Ile de France pour justifier les difficultés à trouver des soignants pour vacciner.

Il faut cependant peut-être rappeler ici que le véritable facteur limitant de la vaccination est le manque de doses, les capacités de fabrication du laboratoire danois Bavarian Nordic étant très probablement insuffisantes pour l’instant compte tenu d’une demande mondiale évoluant de manière exponentielle. Les problèmes d’approvisionnement en vaccins pourraient s’exacerber si, comme beaucoup le craignent, le monkey pox se diffusait dans la population générale.

Dans certains centres de vaccination, comme l’institut Alfred Fournier à Paris, on réalise également des tests PCR : le taux de positivité y est de 80 %. Au total, 2 239 cas ont été confirmés en France en date du 2 août.

Nicolas Barbet