Le chômage

L’Humanité - Le Medef veut faire exploser l’Unédic

Septembre 2018, par Info santé sécu social

Le 4 septembre 2018

Le projet patronal tire un trait sur le système d’indemnisation des privés d’emploi, au risque de briser le paritarisme de gestion de l’assurance-chômage.

Le Medef sort ses griffes. Alors qu’une nouvelle négociation de la convention d’assurance-chômage va s’ouvrir, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté, hier, des propositions radicales qui visent l’explosion du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Un bouleversement systémique censé « inciter au retour à l’emploi » sur fond de déficit de l’Unédic, pour cacher la fuite en avant du patronat sur la gestion paritaire de l’assurance-chômage.

Sous couvert de tirer les conséquences de la réforme du système, qui entérine la bascule entre les cotisations salariales et l’impôt (CSG), le Medef attaque frontalement le caractère assurantiel de l’assurance-chômage. Geoffroy Roux de Bézieux, ex-président de l’Unédic, propose la création d’une « allocation universelle forfaitaire » adossée à la CSG et gérée par l’État. Y serait intégrée l’allocation spécifique de solidarité (ASS), octroyée aux demandeurs d’emploi qui ont épuisé leurs droits au chômage, et « potentiellement d’autres minima sociaux » de type RSA gérés par des politiques publiques soumises aux aléas politiques. Un changement de philosophie aux petits oignons pour le patronat : les entreprises ne verseraient plus de cotisation patronale, accusée des maux de l’économie, et le « coût du travail » devrait baisser. Cerise sur le gâteau, le patronat compte bien déresponsabiliser un peu plus les entreprises : le financement de la couverture du risque de chômage serait transféré aux contribuables, déplaçant la charge des employeurs vers la solidarité nationale.

Le Medef opère un changement majeur de stratégie
Après avoir participé au pilotage de l’assurance-chômage en n’ayant de cesse de baisser les droits des bénéficiaires, l’organisation patronale, sous la houlette de Geoffroy Roux de Bézieux, opère un changement majeur de stratégie en se débarrassant de la gestion paritaire de l’Unédic. Elle renonce volontiers à ses responsabilités pour laisser au gouvernement Philippe, ouvertement « pro-business », la liberté de fixer les règles de l’indemnisation des chômeurs. Loin de la position de Pierre Gattaz, signataire en 2017 d’un document commun avec les syndicats pour défendre son caractère assurantiel, contributif et sa gestion paritaire effective depuis 1958. Cette volte-face pourrait inquiéter une partie du patronat attachée au paritarisme.

Les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat
En guise de consolation, Geoffroy Roux de Bézieux évoque un régime « assurantiel complémentaire obligatoire » financé par les cotisations patronales, sur le modèle des régimes complémentaires de retraites Agirc-Arrco. Les syndicats et le patronat pourraient gérer cette assurance-chômage au rabais sans garantie de l’État, avec la nécessité de respecter une « règle d’or », soit « l’équilibre des comptes », insiste le Medef. Un écueil profond au vu du rôle indispensable de l’État dans la marge de manœuvre de l’Unédic pour emprunter à bas taux sur les marchés financiers. Le risque est de voir les droits à l’indemnisation des privés d’emploi réduits comme peau de chagrin. Enfin, un dernier niveau de couverture pourrait voir le jour avec la création d’un régime supplémentaire pour les indépendants.

Alors que les syndicats et le patronat n’ont pas encore reçu la lettre de cadrage de Matignon, prélude à l’ouverture de la négociation interprofessionnelle, les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat. Le Medef pourrait soutenir une dégressivité des allocations : il s’agit d’un « paramètre comme un autre » aux yeux de Geoffroy Roux de Bézieux, qui précise qu’« il ne faut pas confondre plafonnement des indemnités, dont on peut discuter aussi, et dégressivité des allocations ». « Tout est sur la table », a renchéri le patron des patrons. Pour Denis Gravouil, chargé des questions d’emploi à la CGT, « le gouvernement et le patronat convergent pour modifier complètement la protection sociale et attaquer, une fois encore, les droits des chômeurs ».

Lola RuscioACCUEILACTUALITÉSProtection sociale. Le Medef veut faire exploser l’Unédic
Protection sociale. Le Medef veut faire exploser l’Unédic
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L’Humanité, 4 septembre 2018

Le projet patronal tire un trait sur le système d’indemnisation des privés d’emploi, au risque de briser le paritarisme de gestion de l’assurance-chômage.

Le Medef sort ses griffes. Alors qu’une nouvelle négociation de la convention d’assurance-chômage va s’ouvrir, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté, hier, des propositions radicales qui visent l’explosion du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Un bouleversement systémique censé « inciter au retour à l’emploi » sur fond de déficit de l’Unédic, pour cacher la fuite en avant du patronat sur la gestion paritaire de l’assurance-chômage.

Sous couvert de tirer les conséquences de la réforme du système, qui entérine la bascule entre les cotisations salariales et l’impôt (CSG), le Medef attaque frontalement le caractère assurantiel de l’assurance-chômage. Geoffroy Roux de Bézieux, ex-président de l’Unédic, propose la création d’une « allocation universelle forfaitaire » adossée à la CSG et gérée par l’État. Y serait intégrée l’allocation spécifique de solidarité (ASS), octroyée aux demandeurs d’emploi qui ont épuisé leurs droits au chômage, et « potentiellement d’autres minima sociaux » de type RSA gérés par des politiques publiques soumises aux aléas politiques. Un changement de philosophie aux petits oignons pour le patronat : les entreprises ne verseraient plus de cotisation patronale, accusée des maux de l’économie, et le « coût du travail » devrait baisser. Cerise sur le gâteau, le patronat compte bien déresponsabiliser un peu plus les entreprises : le financement de la couverture du risque de chômage serait transféré aux contribuables, déplaçant la charge des employeurs vers la solidarité nationale.

Le Medef opère un changement majeur de stratégie
Après avoir participé au pilotage de l’assurance-chômage en n’ayant de cesse de baisser les droits des bénéficiaires, l’organisation patronale, sous la houlette de Geoffroy Roux de Bézieux, opère un changement majeur de stratégie en se débarrassant de la gestion paritaire de l’Unédic. Elle renonce volontiers à ses responsabilités pour laisser au gouvernement Philippe, ouvertement « pro-business », la liberté de fixer les règles de l’indemnisation des chômeurs. Loin de la position de Pierre Gattaz, signataire en 2017 d’un document commun avec les syndicats pour défendre son caractère assurantiel, contributif et sa gestion paritaire effective depuis 1958. Cette volte-face pourrait inquiéter une partie du patronat attachée au paritarisme.

Les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat
En guise de consolation, Geoffroy Roux de Bézieux évoque un régime « assurantiel complémentaire obligatoire » financé par les cotisations patronales, sur le modèle des régimes complémentaires de retraites Agirc-Arrco. Les syndicats et le patronat pourraient gérer cette assurance-chômage au rabais sans garantie de l’État, avec la nécessité de respecter une « règle d’or », soit « l’équilibre des comptes », insiste le Medef. Un écueil profond au vu du rôle indispensable de l’État dans la marge de manœuvre de l’Unédic pour emprunter à bas taux sur les marchés financiers. Le risque est de voir les droits à l’indemnisation des privés d’emploi réduits comme peau de chagrin. Enfin, un dernier niveau de couverture pourrait voir le jour avec la création d’un régime supplémentaire pour les indépendants.

Alors que les syndicats et le patronat n’ont pas encore reçu la lettre de cadrage de Matignon, prélude à l’ouverture de la négociation interprofessionnelle, les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat. Le Medef pourrait soutenir une dégressivité des allocations : il s’agit d’un « paramètre comme un autre » aux yeux de Geoffroy Roux de Bézieux, qui précise qu’« il ne faut pas confondre plafonnement des indemnités, dont on peut discuter aussi, et dégressivité des allocations ». « Tout est sur la table », a renchéri le patron des patrons. Pour Denis Gravouil, chargé des questions d’emploi à la CGT, « le gouvernement et le patronat convergent pour modifier complètement la protection sociale et attaquer, une fois encore, les droits des chômeurs ».

Lola RuscioACCUEILACTUALITÉSProtection sociale. Le Medef veut faire exploser l’Unédic
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L’Humanité, 4 septembre 2018

Le projet patronal tire un trait sur le système d’indemnisation des privés d’emploi, au risque de briser le paritarisme de gestion de l’assurance-chômage.

Le Medef sort ses griffes. Alors qu’une nouvelle négociation de la convention d’assurance-chômage va s’ouvrir, le patron des patrons, Geoffroy Roux de Bézieux, a présenté, hier, des propositions radicales qui visent l’explosion du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Un bouleversement systémique censé « inciter au retour à l’emploi » sur fond de déficit de l’Unédic, pour cacher la fuite en avant du patronat sur la gestion paritaire de l’assurance-chômage.

Sous couvert de tirer les conséquences de la réforme du système, qui entérine la bascule entre les cotisations salariales et l’impôt (CSG), le Medef attaque frontalement le caractère assurantiel de l’assurance-chômage. Geoffroy Roux de Bézieux, ex-président de l’Unédic, propose la création d’une « allocation universelle forfaitaire » adossée à la CSG et gérée par l’État. Y serait intégrée l’allocation spécifique de solidarité (ASS), octroyée aux demandeurs d’emploi qui ont épuisé leurs droits au chômage, et « potentiellement d’autres minima sociaux » de type RSA gérés par des politiques publiques soumises aux aléas politiques. Un changement de philosophie aux petits oignons pour le patronat : les entreprises ne verseraient plus de cotisation patronale, accusée des maux de l’économie, et le « coût du travail » devrait baisser. Cerise sur le gâteau, le patronat compte bien déresponsabiliser un peu plus les entreprises : le financement de la couverture du risque de chômage serait transféré aux contribuables, déplaçant la charge des employeurs vers la solidarité nationale.

Le Medef opère un changement majeur de stratégie
Après avoir participé au pilotage de l’assurance-chômage en n’ayant de cesse de baisser les droits des bénéficiaires, l’organisation patronale, sous la houlette de Geoffroy Roux de Bézieux, opère un changement majeur de stratégie en se débarrassant de la gestion paritaire de l’Unédic. Elle renonce volontiers à ses responsabilités pour laisser au gouvernement Philippe, ouvertement « pro-business », la liberté de fixer les règles de l’indemnisation des chômeurs. Loin de la position de Pierre Gattaz, signataire en 2017 d’un document commun avec les syndicats pour défendre son caractère assurantiel, contributif et sa gestion paritaire effective depuis 1958. Cette volte-face pourrait inquiéter une partie du patronat attachée au paritarisme.

Les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat
En guise de consolation, Geoffroy Roux de Bézieux évoque un régime « assurantiel complémentaire obligatoire » financé par les cotisations patronales, sur le modèle des régimes complémentaires de retraites Agirc-Arrco. Les syndicats et le patronat pourraient gérer cette assurance-chômage au rabais sans garantie de l’État, avec la nécessité de respecter une « règle d’or », soit « l’équilibre des comptes », insiste le Medef. Un écueil profond au vu du rôle indispensable de l’État dans la marge de manœuvre de l’Unédic pour emprunter à bas taux sur les marchés financiers. Le risque est de voir les droits à l’indemnisation des privés d’emploi réduits comme peau de chagrin. Enfin, un dernier niveau de couverture pourrait voir le jour avec la création d’un régime supplémentaire pour les indépendants.

Alors que les syndicats et le patronat n’ont pas encore reçu la lettre de cadrage de Matignon, prélude à l’ouverture de la négociation interprofessionnelle, les demandeurs d’emploi sont déjà la cible du patronat. Le Medef pourrait soutenir une dégressivité des allocations : il s’agit d’un « paramètre comme un autre » aux yeux de Geoffroy Roux de Bézieux, qui précise qu’« il ne faut pas confondre plafonnement des indemnités, dont on peut discuter aussi, et dégressivité des allocations ». « Tout est sur la table », a renchéri le patron des patrons. Pour Denis Gravouil, chargé des questions d’emploi à la CGT, « le gouvernement et le patronat convergent pour modifier complètement la protection sociale et attaquer, une fois encore, les droits des chômeurs ».

Lola Ruscio