Le droit à la santé et à la vie

La Tribune - Santé : "Il faut désengorger les urgences", estime Buzyn

Mars 2018, par Info santé sécu social

Par latribune.fr | 26/03/2018

Agnès Buzyn veut s’attaquer à la médecine de ville. Dimanche, la ministre de la Santé a estimé qu’il fallait la "réorganiser" afin de "désengorger les urgences" qui prennent en charge une "majorité des personnes qui ne devraient pas y être".

L’association Samu-Urgences de France rappelle que plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences depuis le début de l’année.
Des patients qui passent des nuits entières sur des brancards, des hôpitaux en flux tendus et des personnels hospitaliers en tension, il y a urgence de s’attaquer... aux urgences. Invitée dimanche de l’émission "Question politique" sur Franceinfo, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a estimé qu’il fallait "désengorger les urgences" qui prennent en charge une "majorité des personnes qui ne devraient pas y être".

"Il y a un problème clair au niveau des urgences. Elles sont totalement engorgées parce que la majorité des personnes qui s’y présentent ne devraient pas y être", s’est ainsi émue la ministre.

Ouvrir des lits en période d’épidémie
Une mission sur les "soins non programmés", pour limiter le recours aux urgences, a été confiée au début de l’année au médecin urgentiste et député (LREM) Thomas Mesnier. Ce rapport doit être remis "avant la fin de la semaine prochaine", a précisé la ministre.

Par ailleurs, les services d’urgences "ne sont pas tendus tous les jours et toutes les semaines", a fait valoir la ministre, disant "travailler avec les urgentistes" sur la "flexibilité", c’est-à-dire "la capacité à ouvrir des lits en période d’épidémie car c’est de ça dont les hôpitaux manquent".

Une grippe particulièrement longue
Selon elle, l’épidémie de grippe "particulièrement grave et particulièrement longue cette année" explique "en grande partie l’engorgement des urgences". Invitant les Français à être "tous raisonnables", la ministre a estimé qu’on "ne peut pas s’émouvoir chaque année de l’engorgement des urgences aux mois de décembre-janvier-février et ensuite ne pas se vacciner contre la grippe".

Pelloux : "On ne me donne pas les moyens de travailler"
Le 6 mars dernier, le décès d’une femme de 73 ans aux urgences de Reims a suscité la polémique. Arrivée "les jambes marbrées", elle serait restée environ 2h30 en salle d’attente. Faute d’une prise en charge suffisamment rapide, elle a succombé à une crise cardiaque. Selon l’association Samu-Urgences de France, "plus de 15.000 patients ont passé la nuit sur un brancard des urgences" depuis le début de l’année "faute de lit pour les hospitaliser dans un service".

« On ne donne pas les moyens de travailler et d’avoir les moyens des missions de service public pour lesquelles on a été faits (...) C’était hallucinant de voir qu’on leur parlait, nous professionnels des services des Urgences d’Île-de-France, de notre vécu, c’est-à-dire des salles d’attente bondées, on n’a pas de lit d’aval, des retards de prise en charge... Et en face, l’Agence régionale de santé, nous avions des technocrates, tous jeunes, mais qui sont formatés dans le moule de la technostructure (...) La ministre de la Santé a fait toute sa carrière de technocrate, elle a gravi toutes les structures, c’est une experte (...) Vous ne pouvez pas parler avec elle », a-t-il ajouté.

Le ministère de la Santé a quant à lui reconnu que 97 établissements sur 650, publics ou privés, sont actuellement en "dispositif ’hôpital en tension", c’est-à-dire qu’ils font face à "une situation critique de prise en charge des urgences hospitalières sans pour autant être amenés à déclencher le plan blanc" réservé aux situations d’afflux exceptionnel de patients.

(Avec AFP)