Du centre à la droite

Le Figaro - Santé : Fillon clarifie son plan mais ne renonce à rien

Février 2017, par Info santé sécu social

Par Marie-Cécile Renault

Si le candidat reste ferme sur son ambition de réaliser 20 milliards d’euros d’économies sur le quinquennat, il présente désormais son projet en pointant les avancées pour les Français.

Si François Fillon a eu - un peu malgré lui - le mérite de placer la santé, préoccupation majeure des Français, au cœur de la primaire de la droite et du centre, ses premières propositions à l’automne ont mis le feu aux poudres, au point d’être accusé par ses opposants de vouloir « privatiser la Sécu ». Après avoir auditionné une centaine d’acteurs et retravaillé son projet, l’ex-premier ministre est désormais fin prêt pour présenter une feuille de route remaniée. Il compte le faire lors de l’événement organisé au Palais Brongniart par la Mutualité française et 3 think-tanks (Fondapol, Fondation Jean-Jaurès et Terra Nova) sur la thématique de la santé.

Emmanuel Macron (En marche !), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Benoît Hamon (PS) et Yannick Jadot (EELV) détailleront également leur projet santé. Mais tous les yeux seront braqués sur le nouveau plan du candidat de droite. Exit la grille d’analyse, qui opposait les « gros risques » aux « petits risques », qui avait fait polémique. Au cours de cet exercice très attendu, François Fillon va réaffirmer le rôle central de la santé dans le pacte républicain et confirmer sa volonté de lui garder une place prééminente. Tout en répétant son attachement à l’universalité de l’accès aux soins et à son financement solidaire.

Pour autant, face au déficit chronique de la Sécu et sa dette abyssale, le candidat de la droite ne recule pas. Jugeant le système menacé face aux révolutions démographiques et épidémiologiques, il maintient son objectif de réaliser 20 milliards d’euros de coupes dans les dépenses de soins. « Dans cet équilibre, les mutuelles auront un rôle complémentaire à jouer, qu’il faudra préciser », précise l’un de ses proches. Toutefois, le candidat procède à quelques aménagements de forme. Il propose désormais la prise en charge à 100 % par la Sécu des lunettes pour les enfants. En contrepartie, les mutuelles devront faire un effort sur la prise en charge de l’optique adulte mais également des dépassements d’honoraires.

Aide aux retraités modestes

« Avec l’objectif d’atteindre zéro reste à charge en fin de quinquennat », prévient l’entourage de François Fillon pour qui il est possible d’y parvenir avec une meilleure organisation de soins, en baissant les coûts de gestion et sans incidence sur les cotisations. Et ce, dans la droite ligne des revendications de la Mutualité française. S’il est élu en mai, François Fillon convoquera également avant la fin de l’année « des États généraux de la santé pour finaliser, de manière consensuelle, les pistes à prendre et clarifier le rôle de chacun ».

Alors que la généralisation de la complémentaire santé par le gouvernement a été conçue pour les salariés, François Fillon prévoit de renforcer l’aide à la complémentaire santé (ACS) pour les retraités modestes plutôt que de leur proposer des contrats à faibles coût et couverture. Le candidat de la droite entend également lancer un grand plan prévention, véritable parent pauvre en France avec moins de 6 % des dépenses de santé. Il souhaite notamment généraliser une « consultation prévention » tous les deux ans pour tous les Français, une sorte de check-up complet plus long qu’une consultation classique et mieux rémunéré (autour de 40 euros) pour les médecins traitants.

Alors que le gouvernement a contribué à étatiser davantage le système, François Fillon entend enfin décloisonner les relations entre public et privé

Dans cette optique préventive, l’ex-premier ministre renforcera les missions de la médecine scolaire (nutrition, sommeil, lutte contre les addictions) et de la médecine du travail. Enfin, ce plan prévention comprendra aussi un volet lutte contre les défauts d’observance (c’est-à-dire le mauvais suivi par les patients de leur traitement), qui représente non seulement un danger mais doit permettre d’économiser 9 milliards d’euros par an, selon une étude du cabinet IMS Health.

Pour lutter contre les déserts médicaux, l’ancien chef du gouvernement propose de revaloriser les actes dans les zones sous-denses et montagneuses. Contrairement à Benoît Hamon, il n’envisage pas de mettre en place de mesures coercitives et maintient la liberté d’installation des médecins. Son projet encourage toutefois la création de maisons médicales, qui jouent le rôle d’urgences de premier niveau. Il veut également développer la télémédecine afin de désengorger les urgences totalement saturées et d’éviter le transport à grands frais de personnes âgées.

Alors que le gouvernement a contribué à étatiser davantage le système, François Fillon entend enfin décloisonner les relations entre public et privé. Son projet devrait notamment transformer les groupements hospitaliers de territoires (GHT), créés par Marisol Touraine, en groupes de santé de territoire, incluant cette fois cliniques privées et médecine de ville, pour une meilleure coordination des acteurs au niveau local. En laissant là encore la liberté aux professionnels d’optimiser l’offre de soins.