Parti Socialiste

Le Quotidien du Médecin - Benoît Hamon président, ce qui changerait pour les médecins et la santé

Janvier 2017, par Info santé sécu social

À l’issue de la primaire à gauche, la large victoire de Benoît Hamon au détriment de Manuel Valls ouvre une nouvelle séquence dans la course à la présidentielle. Le député des Yvelines de 49 ans a réuni 58,72 % des suffrages (résultats quasi définitifs) contre 41,28 % pour l’ancien Premier ministre de François Hollande (avec 1,9 million de votants contre 1,6 million au premier tour).

Porteur d’un programme de « gauche totale », Benoît Hamon s’est démarqué sur la santé et l’exercice de la médecine par des propositions souvent radicales ou iconoclastes.

S’installer où on veut, c’est terminé !

Benoît Hamon président, ce serait d’abord la fin de la liberté d’installation des médecins libéraux. Le Brestois défend le conventionnement sélectif en zone surdotée, au principe que les médecins doivent faire des efforts pour contribuer à améliorer l’accès aux soins dans les zones fragiles, en lâchant du lest sur leurs acquis au même titre que d’autres professionnels de santé. Si Manuel Valls, également avocat d’une ligne dure sur ce sujet, avait précisé lors du débat de l’entre-deux tours que la mise en place de mesures plus dirigistes devait se faire « en concertation » avec les médecins, Benoît Hamon n’en a pas pipé mot pour l’instant. « Cette mesure n’entrave en rien la liberté d’installation du médecin, qui peut toujours choisir de s’y installer : il ne bénéficiera simplement plus du conventionnement », s’est-il contenté d’écrire.

En revanche, il défend pour les mêmes médecins libéraux la création d’une série d’aides pour les accompagner dans leur installation (soutien pour trouver un travail pour le conjoint, aide au logement, mise en relation avec une banque pour l’obtention d’un prêt à taux zéro pour l’achat de matériel médical), dans le cadre d’une « mission nationale d’accès aux soins » avec un budget propre. Les médecins percevront-ils une enveloppe financière des agences régionales de santé (ARS), un coup de main d’une personne-ressource ? Benoît Hamon devra préciser sa pensée.

Autres propositions visant à combattre la désertification : la multiplication des maisons de santé et, moins classique, la création d’un nouveau statut de médecin généraliste ville/hôpital (assurant des consultations en établissement et en zone sous-dotée), dont Benoît Hamon n’a pas précisé les modalités…

À noter que, lors de ses interventions sur la santé, il n’a jamais plaidé pour le salariat généralisé ni pour la fin du secteur II, contrairement à certains de ses concurrents à gauche.

Revoir l’organisation du travail à l’hôpital

Dans les hôpitaux publics cette fois, Benoît Hamon estime qu’il faut « repenser l’organisation du travail » en reconnaissant mieux les temps de transition ou la prise en compte des demi-journées. Il ambitionne également de rouvrir le dossier des tarifs à l’hôpital sans dire s’il remettrait en question le principe de la tarification à l’activité (T2A).

Plus largement la santé fait partie des secteurs où il considère qu’il y a urgence à recruter des personnels, au même titre que dans l’éducation, la petite enfance ou la prise en charge de la dépendance.

Trier dans les médicaments

En matière de couverture maladie, son programme vise notamment à « mieux rembourser les soins dentaires » mais aussi à adopter une approche plus rigoureuse sur les médicaments de confort. Il promet d’obtenir des baisses de prix sur les molécules innovantes et n’exclut pas le recours éventuel à la licence d’office, mesure redoutée par les laboratoires.

Concrétisé le 1er mars, le sport sur ordonnance, pris en charge comme tel, trouve sa place dans son programme. Benoît Hamon souhaite voir remboursée la pratique sportive pour les patients chroniques.

Le burn-out, cheval de bataille

Benoît Hamon président, est-ce davantage de patients pour les médecins ? Le candidat à l’Élysée défend en tout cas la nécessaire reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, son cheval de bataille. « Environ 3,2 millions d’actifs (soit près de 12 % de la population active) risquent un épuisement nerveux au travail. Les cas d’épuisement professionnel touchent les salariés dans toute sorte d’activités, qu’ils soient employés, cadres, artisans ou agriculteurs », écrivait le député Hamon en 2015. « Grâce à cette mesure, les entreprises seront reconnues responsables de la souffrance au travail de leurs salariés. Elles seront contraintes soit d’en assumer le coût (soins, prévention), soit de modifier en profondeur leurs méthodes de management. » écrit-il aujourd’hui.

Son programme se veut enfin libéral sur certaines questions de santé publique ou de société. On trouve dans sa besace la création d’un droit à l’aide médicale à mourir dans la dignité pour toutes les personnes atteintes d’une maladie incurable qui le demandent ; la légalisation du cannabis (avec distribution encadrée) ; l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples homosexuels ; ou encore l’interdiction des pesticides dangereux et des perturbateurs endocriniens.

Le Breton évoquera peut-être ces questions ce lundi, au JT de France 2. La prochaine échéance de la présidentielle sera le 17 mars, date limite pour le dépôt par les candidats des 500 parrainages nécessaires auprès du Conseil constitutionnel.