Le droit à la santé et à la vie

Les Echos - Médicament innovants : empoignade à l’hôpital

Mars 2016, par Info santé sécu social

Un décret précise les conditions de radiation de la liste en sus. Les industriels y voient une arme de guerre pour faire baisser les prix des médicaments.

Tremblez, fabricants de médicaments innovants. Le décret sur la « liste en sus » est paru vendredi, et si l’on en croit le Leem, qui est le principal syndicat du secteur, ce texte fait peser « une menace sur l’accès des patients aux médicaments à l’hôpital ». Dans la liste en sus figurent toutes les molécules efficaces mais trop chères pour être prises en charge dans le cadre de la tarification hospitalière courante, notamment en cancérologie. Y être inscrit est donc un sésame pour les innovateurs. « Il y aura des patients qui n’auront plus accès à certains traitement, car si vous sortez un médicament à 1.000 euros, il ne faut pas rêver, vous ne le ferez pas rentrer dans un tarif à 45 euros », met en garde Philippe Lamoureux, directeur général du Leem.

Leur inquiétude se fonde sur les importantes économies prévues cette année sur la liste en sus. La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2016 fixe l’objectif de 205 millions d’euros sur un coût total de 3 milliards. L’année précédente, le montant d’économies n’était que de 105 millions. Alors que l’innovation médicale a redémarré, et dans un contexte budgétaire tendu, les pouvoirs publics ont décidé de faire le ménage dans les molécules bénéficiant de ce traitement privilégié.

Approche qualitative

Cependant, les pouvoirs publics tempèrent le discours alarmiste des laboratoires. « Les industriels confondent le décret, et l’objectif d’économies qui peut parfaitement être réalisé avec la méthode ancienne », souligne un bon connaisseur des rouages du système. Selon nos informations, afin de parvenir à l’objectif d’économies, le gouvernement s’apprête notamment à radier Avastin et Alimta, juste pour certaines indications. Ces radiations partielles sont une nouveauté, mais elles étaient déjà prévues dans la loi.

Surtout, reprochent les industriels, le décret grave dans le marbre le critère de « l’amélioration du service rendu » pour inscrire un médicament sur la liste en sus -alors qu’il ne s’agissait que d’une doctrine administrative assez souple. S’ils n’ont qu’une ASMR 4 ou 5, ils devront donc laisser la place à d’autres molécules plus efficaces. Mais quid de l’amélioration de la qualité de vie des malades ? De l’efficacité ciblée sur certaines sous-populations ? Les industriels réclament une approche plus qualitative. Une exigence difficile à concilier avec la nécessaire transparence des critères.

Solveig Godeluck