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NPA - Seine-Saint-Denis : les discriminations sociales et racistes sont criminelles

Avril 2020, par Info santé sécu social

CATHY BILLARD

Comment justifier et exonérer l’incurie des pouvoirs publics  ? L’illustration par le quotidien de la population en Seine-Saint-Denis et dans les banlieues populaires.

Depuis lundi 6 avril, les files d’attente s’étirent interminablement dans les rues de Saint-Denis et de bien des villes du 93. Devant les bureaux de poste, devant les guichets des agences de « transfert de fonds » (Western Union, Moneygram…), devant les supermarchés.

Alors il y a l’explication du chargé des relations territoriales de La Poste dans le 93 : « Les gens aiment retirer de l’espèce, avoir des billets sur eux, payer en cash » ! Évidemment c’est un problème culturel ! Ce n’est pas La Poste qui serait responsable quand, le 6 avril, ne sont ouverts que trois bureaux à Saint-Denis, sur les sept de la ville, et aucun à Épinay-sur-Seine ni à l’Île-Saint-Denis. Or, dans cette période de confinement et de mise à l’arrêt de nombreuses activités, les aides sociales (c’est-à-dire le salaire indirect) deviennent de plus en plus vitales pour des populations encore plus précarisées par le chômage technique ou l’arrêt des contrats d’intérim sur les chantiers.

Des milliers de personnes exposées

Les allocations familiales, logement et les indemnités chômage ont été versées sur les comptes le 4 avril. Pour toutes celles et tous ceux qui ne disposent pas de carte bancaire et doivent retirer au guichet des banques, c’est la double peine, et pas qu’une fois mais sur plusieurs jours consécutivement. Et cela aurait pu être anticipé, à condition de ne pas considérer que c’est la responsabilité de la population… et de lui en faire subir les conséquences. De même que ce n’est pas par goût ou par plaisir que les gens se retrouvent à faire la queue devant les guichets des agences de transfert ou les supermarchés. Mais parce que des familles dans les pays d’origine attendent l’envoi mensuel de celles et ceux qui vivent et travaillent ici. Et comment faire pour stocker de la nourriture pour une famille dans des logements exigus ? Faire des courses plusieurs fois par semaine devient une nécessité avec les queues que cela provoque.

Pas besoin d’être un épidémiologiste pointu pour se rendre compte que ces heures d’attente, en plus de la fatigue physique et nerveuse, du sentiment d’être méprisé, exposent des milliers de personnes à être contaminées. Dans le quotidien des habitantes et habitants du 93, le respect d’un confinement « protecteur » est impossible. Si dans les semaines qui viennent, on assiste à une deuxième flambée de Covid-19 dans le 93, il n’y aura pas à s’interroger et chercher des explications aussi indignes que celles du préfet de Seine-Saint-Denis, M. Leclerc, qui expliquait ainsi la surmortalité record due à l’épidémie la dernière semaine de mars (+ 63 % par rapport à la semaine précédente) : « Ce n’est pas lié à un non-respect des mesures du confinement, globalement bien respectées, ni à la qualité des soins, mais peut-être à un défaut de culture médicale dans la population ».

Pour ne pas assumer les responsabilités des politiques publiques et de leurs effets, il ne reste plus aux représentants de l’État et des services publics qu’à rivaliser en propos flirtant ouvertement avec le racisme. « Leur système, nos mortes et nos morts ».