Les mobilisations dans les hôpitaux

Ouest France.fr : Quimper : soignants du médico-social, ils vont gagner 183 € de moins que leurs collègues

Octobre 2020, par infosecusanté

Ouest France.fr : Quimper : soignants du médico-social, ils vont gagner 183 € de moins que leurs collègues

2 Octobre 2020

Aides-soignants, infirmiers, éducateurs spécialisés, ils assurent les mêmes tâches que leurs collègues des bâtiments voisins. Mais Alice, Julien, Cyril et les autres ne toucheront pas la revalorisation de 183 € net par mois. Ces agents du secteur médico-social ont débrayé, ce jeudi 1er octobre 2020, à Quimper (Finistère).

183 € net qui tombent en plus à la fin de chaque mois, c’est toujours bon à prendre. Cette augmentation du point d’indice est l’une des conséquences du Ségur de la Santé. Là où ça coince, c’est que les agents qui travaillent dans le secteur médico-social n’y ont pas droit. À Gourmelen, établissement public de santé mentale de Quimper (Finistère), ils sont ainsi 65 (sur un effectif total d’environ 1 000 agents) à ne pas bénéficier de cette revalorisation salariale. Personne ne comprend cette différence de traitement. Tous la dénoncent. Ce jeudi 1er octobre, 150 agents, militants syndicaux, proches de patients ont débrayé devant Les Océanides, une résidence de l’établissement Gourmelen.

« Des soignants à part entière »

Alice Pennarun et Éricka Gloanec sont aides-soignantes. À la maison d’accueil spécialisée (Mas), elles veillent au bien-être des trente résidents de ce lieu de vie. Les résidents, âgés entre 30 à plus de 70 ans, souffrent de troubles autistiques, psychiatriques. À mesure qu’ils vieillissent, ils développent d’autres maladies et deviennent de plus en plus dépendants.

« Pourquoi ne sommes-nous pas considérés comme des soignants à part entière ? », dénoncent les deux professionnelles. « On a des populations compliquées à prendre en charge, relève Alice Pennarun. Quand vous avez trente patients souffrant de troubles autistiques confinés pendant des semaines… »

« On veut le même salaire que les autres »

Julien Tanneau est éducateur spécialisé. Il accompagne, jours fériés et week-end compris, les quinze résidents de l’établissement d’accueil médicalisé, atteints de troubles autistiques, de psychose… « On est employés par l’EPSM, on est agents de la fonction publique hospitalière et on toucherait près de 200 € de moins que les autres ? Non. On veut le même salaire », lance le professionnel de 38 ans.

Lui et ses collègues refusent d’ailleurs d’assurer des remplacements au sein des unités relevant du « sanitaire » (dont les agents ont obtenu la revalorisation) : « Imaginez, on effectue un remplacement de deux mois. On travaille avec des collègues qui touchent plus que nous. Nous, nous n’avons rien en plus ! »

Les représentants syndicaux et les agents mobilisés ont eu la surprise de voir le directeur de l’établissement prendre la parole. Yann Dubois a dit son espoir de voir la situation évoluer. Il a dit ne « pas pouvoir se satisfaire d’un système à deux vitesses. »

« Le risque ? Qu’on ne puisse plus recruter »

Alice et Éricka n’ont pas choisi leur affectation à la maison d’accueil spécialisée (Mas). Leur ancien service a fermé. Aujourd’hui, elles se questionnent : « Déjà, nos services ont du mal à recruter… » Chaque été, elles tirent le même constat : « Des contractuels qui ne sont pas formés arrivent. Or, nos résidents ont des rituels qu’il faut respecter… » Le risque à l’avenir ? « Qu’il y ait un turn-over de contractuels », note Daniel Cognard, secrétaire CFDT de Gourmelen. « Et ceux qui vont en pâtir en premier lieu, ce sont les patients », complètent les soignants. Le frère d’un patient, présent à la mobilisation, appuie : « On peut compter sur eux, 24 heures sur 24. Ces soignants font un travail essentiel qui mérite d’être reconnu. »