Le chômage

Politis - Assurance-chômage : une victoire en trompe-l’œil

Janvier 2023, par Info santé sécu social

Le renoncement au projet de décret visant à réduire la durée d’indemnisation du chômage de 40 % en cas de taux de chômage sous les 6 % ne doit pas faire illusion. Jamais les attaques contre notre système d’assurance-chômage n’ont été aussi violentes.

Sabina Issehnane
• 11 janvier 2023

Le renoncement au projet de décret visant à réduire la durée d’indemnisation du chômage de 40 % si le taux de chômage venait à descendre sous les 6 % ne doit pas faire illusion. Dès le 1er février, en effet, la durée d’indemnisation va baisser de 25 % pour tous les nouveaux allocataires de l’assurance-chômage en France métropolitaine.

Désormais, si vous cotisez 24 mois, vous n’aurez plus que 18 mois maximum d’indemnisation. Jamais les attaques contre notre système d’assurance-chômage n’ont été aussi violentes et continues. Cette réforme fait suite à celle déjà mise en œuvre en 2021, dont les effets quantifiés par l’Unédic montrent une baisse de l’indemnisation du chômage pour la moitié des allocataires, plus particulièrement pour les moins de 25 ans et les fins de CDD et d’intérim.

En diminuant cette durée d’indemnisation, la boucle est bouclée avec la réforme des retraites, qui va entraîner un déversement des seniors ayant perdu leur emploi vers l’assurance-chômage. Or plus de 40 % des retraités ne sont déjà plus en emploi au moment de liquider leur retraite (1).

Les seniors seront donc tout particulièrement visés alors même que la période qu’ils passent au chômage est souvent plus longue. Et l’on sait déjà que 30 % des seniors sans emploi ni retraite vivent sous le seuil de pauvreté, et que ce taux atteindrait 50 % sans notre système sociofiscal (2).

À l’heure où la part des demandeurs d’emploi indemnisés n’a jamais été aussi faible (36,6 %), le gouvernement justifie sa réforme sur la base d’un unique article scientifique (3) mettant en avant une augmentation du nombre de candidatures en fin de droits, mais cela au prix d’une forte baisse de la qualité des emplois postulés. Autrement dit, plus les individus approchent de la fin de leurs droits, plus ils acceptent des emplois mal payés, moins qualifiés, en contrats courts ou à temps partiel.

Ce modèle ressemble à s’y méprendre aux réformes désastreuses dites Hartz qui ont fait passer le taux de pauvreté des chômeurs en Allemagne de 40 % en 2004 à 70 % en 2009 (4). À l’encontre de ce type de réformes régressives, il s’agit de renouer avec l’essence même du système d’assurance-chômage, dont la finalité est d’être une assurance sociale qui assure un revenu décent aux travailleurs en cas de chômage, tout en permettant à toutes et à tous d’accéder à un emploi qui permette de vivre dignement.