La prévention

Médiapart - « L’arrêt du tabac est la seule alternative anticapitaliste »

Décembre 2022, par Info santé sécu social

DÉBATS ET ENTRETIENS VIDÉO ENTRETIEN :

Auteur d’un essai politique sur le tabac, le cardiologue Olivier Milleron interpelle les militants de gauche fumeurs : pourquoi continuer de financer un capitalisme prédateur ? Aux côtés de Martin Drago, de l’Alliance contre le tabac, il rappelle les ravages sociaux et environnementaux de l’industrie du tabac.

L’ENTRETIEN :
https://www.mediapart.fr/journal/politique/271222/l-arret-du-tabac-est-la-seule-alternative-anticapitaliste

Caroline Coq-Chodorge

27 décembre 2022

Pourquoi fumer, c’est de droite ? C’est le titre, provocateur, de l’essai publié par le docteur Olivier Milleron, cardiologue à l’hôpital Bichat à Paris.
Ce livre ne parle presque pas de santé. Il part d’une incrédulité : le docteur Milleron a fréquenté de nombreux milieux militants, à gauche, mais n’y a jamais « entendu d’appel au boycott des entreprises du tabac ni de débat sur la nécessité d’arrêter de fumer ». À ses yeux, pourtant, « l’arrêt du tabac est la seule alternative politiquement justifiable si on se considère anticapitaliste ».

Avec son essai, Olivier Milleron veut politiser le débat. Il raconte l’histoire d’une industrie capitaliste prédatrice, intimement liée à la colonisation des Amériques et à l’esclavage. Aujourd’hui, cette industrie est un désastre social et environnemental. La culture du tabac a été délocalisée dans des pays à bas coût et a recours au travail des enfants. Elle épuise des terres arables, consomme énormément d’eau, pollue massivement. Fumer émet beaucoup plus de gaz à effet de serre que de consommer de la viande rouge, rappelle Olivier Milleron aux fumeurs et fumeuses.

À ses côtés, Martin Drago, juriste et chargé de plaidoyer de l’Alliance contre le tabac, explique les techniques actuelles de lobbying, de marketing et de greenwashing (écoblanchiment) de l’industrie du tabac, laquelle tente d’investir la tendance au vapotage et vise les jeunes, pour renouveler le vivier de ses consommateurs et consommatrices.

En France, la consommation de tabac reste très élevée : en 2019, 30 % des adultes déclaraient fumer, un quart quotidiennement. En Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, on fume beaucoup moins. Et si les chiffres ne sont pas encore arrêtés, il y a une crainte de la reprise de la consommation depuis la crise du Covid.