Réforme retraites 2023

Libération - Réforme des retraites : la CGT annonce 800 000 manifestants à Paris

Mars 2023, par Info santé sécu social

Pendant que l’exécutif joue le pourrissement malgré la colère qui ne cesse de croître contre la réforme des retraites, une neuvième journée de mobilisation nationale a lieu ce jeudi à l’appel de l’intersyndicale

 Bien loin de calmer les tensions, l’interview d’Emmanuel Macron mercredi au JT de 13 heures a suscité une nouvelle vague d’indignations, aussi bien politiques, syndicales qu’associatives.

 Nos reporters relèvent une forte présence de jeunes dans les cortèges, signe d’une mobilisation qui ne s’essouffle pas.

 Les actions de blocages et les manifestations se poursuivent dans toute la France, émaillées de violences policières et d’arrestations arbitraires.

17h25
Dans le cortège parisien : « On se demande qui va changer la couche de qui ». A Paris les travailleurs de la petite enfance se mobilisent. Cathy, Marcel* et Magali font une pause café chez Pradel en observant les gens défiler. Les trois travaillent dans le secteur de la petite enfance. La légitimité de Macron ? « On ne sait pas où il va la chercher alors que ça fait plusieurs mois que les syndicats se mobilisent et qu’il n’a toujours pas de majorité », lâche ce directeur de jardin d’enfants. « Et quand on est auxiliaire puéricultrice on ne peut pas continuer à travailler à 64 ans, c’est un métier physique. En plus on souffre déjà du manque de personnel dans les crèches ». « On se demande qui va changer la couche de qui », ricane son amie Magali, avant d’ajouter plus sérieusement que son corps de métier se sent « méprisé » et « pas écouté ». D’autant plus qu’il s’agit d’un métier très féminin « alors qu’on connaît déjà la surcharge de travail des femmes », souligne encore Magali. Peu importe par où on le prend, pour ces professionnels, le discours du Président ne passe pas. « Aujourd’hui c’est la première fois que ma crèche est complètement fermée. La colère monte et on aimerait bien que les choses changent enfin », affirme Cathy. *Le prénom a été modifié. Par Yoanna Herrera.

17h18
Avec les profs à Paris : « On nous traite comme si on était comme des sous-citoyens ». Les professeurs de plusieurs collèges défilent sur le boulevard Beaumarchais. Le discours d’Emmanuel Macron ne les a pas étonnés. « Nous sommes habitués à être méprisés par ce gouvernement », raconte Marion, enseignante du premier degré. Leur colère concerne un ensemble de choses même si aujourd’hui ils se réunissent pour manifester contre la retraite. « Nous sommes un corps de métier qui s’adresse à toute la population, à tous les publics alors que ces Messieurs et Dames mettent leurs enfants dans des écoles privées. On nous traite comme si on était comme des sous-citoyens », déplore-t-elle. Audrey, elle, n’a même pas écouté l’interview du Président : « J’ai juste eu des échos et je suis très énervée ». « C’était affreux, provocateur et méprisant », lui répond sa collègue Anne-Cécile. Pour ces enseignants cette situation « n’est plus possible ». Par Yoanna Herrera.

17h13
Dans le cortège parisien : « Il faut que ça parte en manifestation sauvage dans toute la France ». Livia est énervée. Cette professeur de français de 33 ans au lycée parle d’un « vent d’illégalité qui souffle. Il faut que ça parte en manifestation sauvage dans tout Paris. Non, dans toute la France ». Face au « mur » qu’oppose Emmanuel Macron aux manifestants, elle ne voit qu’une solution. « Il faut taper un grand coup massif et violent ». Même face à la répression policière, il faut « continuer », dit-elle, pour que ce soit « eux qui se fatiguent ». 

17h09
Si la tension monte en tête de la manif parisienne, le reste du cortège reste calme.

17h07
76% des Français pas convaincus par la prestation de Macron. Il parvient toujours à battre de nouveaux records, cette fois c’est celui de sa pire prestation. Un sondage Odoxa-Backbone consulting réalisé pour le Figaro estime que 76% des Français - toutes tendances politiques confondues - n’ont pas été convaincus. Ce qui en fait, précise l’institut, la « pire intervention de l’histoire des post-tests d’Emmanuel Macron ». En comparaison, celle du 11 décembre 2018, son précédent pire score intervenu en pleine crise des gilets jaunes, avait convaincu 37% des citoyens. Finalement, pour son propre bien, Macron aurait peut-être dû demeurer silencieux…

17h03
Des violences en tête de la manifestation à Paris. Plusieurs centaines d’éléments radicaux, identifiées comme des Black Bloc, ont brisé des vitrines et du mobilier urbain à Paris. Ils ont ensuite ramassé pavés et divers projectiles, avant d’attaquer un fast-food McDonald’s en scandant : « Ah ! Ah ! Anticapitaliste ! », puis un autre peu plus tard. Une autre supérette a ensuite été dégradée et un « engin incendiaire » lancé dans une banque boulevard Bonne Nouvelle, précise la préfecture de police. Selon celle-ci, « environ un millier » d’éléments radicaux, vêtus de noir et équipés de masques et lunettes, sont présents dans le cortège. En amont de la manifestation, 2 000 contrôles et 5 interpellations ont été réalisés, selon les chiffres communiqués à 15 heures par la préfecture de police. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé mardi que « 12 000 policiers et gendarmes » étaient mobilisés jeudi en France dont « 5 000 à Paris » pour cette nouvelle journée d’action intersyndicale.

16h39
Dans le cortège des éboueurs et égoutiers, à Paris. Les montagnes de déchets qui s’accumulent dans les rues de la capitale ? « Il y a que comme ça que les gens prennent conscience qu’on existe. Quand on n’est pas là, les gens s’en rendent compte », raconte Christophe, éboueur dans le VIe arrondissement.

16h36
A Rouen, le pouce d’une manifestante arraché par un tir de grenade. Alors qu’une manifestation est en cours ce jeudi à Rouen, la députée LFI Alma Dufour dénonce dans un communiqué transmis à Libération : « Une AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap) vivant seule avec ses deux enfants, a perdu connaissance après que son doigt a été arraché suite à un tir de grenade ». Sept autres manifestants auraient été blessés par les forces de l’ordre, dont « quatre ont été conduits au CHU », rapporte-t-elle. L’élue condamne les violences policières et appelle « expressément le ministre de l’Intérieur et le Préfet de Seine-Maritime, à faire cesser sans délai ces actes de violences et de répression policière en cascade ». La députée demande la suspension de l’usage des armes « les plus dangereuses » comme les grenades de désencerclement et les LBD « ainsi que la dissolution de la Brav-M ». Selon BFMTV, la CGT appelle à un rassemblement contre les violences policières devant le Palais de Justice à 18 heures. Dans son communiqué, le syndicat dénonce « l’utilisation disproportionnée de flash-ball puis de grenades de désencerclement ».

16h29
Pour la CGT le « pari gagné » de la présence massive des jeunes dans le cortège parisien. Au milieu du cortège parisien, Sophie Binet, la représentante de l’UGICT-CGT (CGT des cadres et techniciens) se réjouit de la présence massive des jeunes, qui pourrait faire de cette journée la plus grosse depuis le début du mouvement social. Elle n’en est pas surprise : « Le 49.3 a été un électrochoc qui a fait basculer beaucoup de monde » mais en tire de l’espoir pour la suite. « La convergence entre les jeunes et les salariés est l’un des ingrédients des mobilisations gagnantes. »

16h22
800 000 manifestants à Paris, selon la CGT. Toujours en cours, la manifestation parisienne rassemble 800 000 personnes, estime la CGT. Le syndicat avait dénombré 700 000 personnes lors de la mobilisation du 7 mars, contre 81 000 selon la préfecture de police. Le chiffre des autorités pour ce jeudi 23 mars n’est pas encore disponible.

16h18
Les écoles des beaux-arts, archi, design aussi sur le front. Une fois n’est pas coutume, les écoles des beaux-arts (très mobilisées depuis une dizaine de jours, avec 21 écoles occupées sur les 45 que compte le réseau national), mais aussi les écoles d’archi et de design, font cause commune en répondant à l’appel de l’« interorganisation des écoles d’art et de design » et des « écoles de la culture en lutte », deux entités créées ces dernières semaines pour répondre tous azimuts à la précarisation croissante des écoles territoriales autant qu’à la politisation de plus en plus massive d’une nouvelle génération d’étudiants. Partis du 33 boulevard Beaumarchais, arrivé au numéro 45 une heure plus tard tant le cortège est touffu, étudiants de l’école Boule, des Arts Déco, des beaux-arts de Cergy ou de l’école d’architecture de Versailles brandissent poubelles en carton-pâte et portraits d’un Macron à la calvitie avancée. Les étiquettes « Art en grève », distribuées par le collectif la Buse qui travaille depuis 2018 sur le statut des artistes et le monde de l’art comme monde du travail, circulent sous le manteau tandis que les syndicats, le SNAP, le STAA ou la CGT Culture ont été rejoints par le tout jeune et premier syndicat des étudiants en écoles d’art, le Massicot, très actif dans la coordination de la lutte. 

16h14
Dans le cortège à Paris : « Les Français, ce ne sont pas des fainéants ». « Vous êtes journaliste ? Il faut que vous disiez que pour nous, 64 ans, dans la métallurgie, ce n’est vraiment pas possible d’aller jusque-là, avec la chaleur et de telles conditions de travail », interpelle un ouvrier d’une cinquantaine d’années, qui travaille dans une aciérie. Dans la manifestation toujours immobilisée place de la Bastille, il critique comme beaucoup l’attitude de l’exécutif : « Macron comme Borne, le pire, c’est leur arrogance. Ils se moquent de nous. Les Français, ce ne sont pas des fainéants ». 

16h11
Macron mobilise même Assas, Dauphine et les Ponts et chaussés. Ce ne sont pas des établissements réputés pour leurs grèves et pourtant ils sont là. Ludovic, 22 ans, élève à l’école des Ponts et chaussées, se dit « révolté » par la répression policière et « encore plus mobilisé » après l’intervention d’Emmanuel Macron hier. Pour Elsa, 21 ans, étudiante à Paris Dauphine, c’est le 49.3 qui a été le déclencheur. « Je ne comprenais pas tout sur la réforme mais quand une loi passe contre l’avis du peuple, ça, je comprends ». Le pompon revient à Julien, étudiant en sciences politiques à Assas. Le blocage de ce bastion de toutes les droites avec une banderole « Assas la rouge » a régalé les réseaux sociaux ce matin. « On veut montrer que toutes les facs se mobilisent. Cette manifestation marque un renouveau de la mobilisation, un nouveau point de départ du mouvement qui durera le plus longtemps possible ». Derrière lui, ses camarades chantent « Macron t’es foutu, Assas est dans la rue ». 

16h08
Avec les éboueurs à Paris : « On a fait encore plus fort ». « On n’est pas fatigués, on n’est pas fatigués », scandent les manifestants pendant que la sono fait entendre du reggae. Il est presque 16 heures et le camion des éboueurs n’a toujours pas quitté la place de la Bastille, noire de monde. Il se dit que la tête du cortège atteint seulement maintenant la place de la République, encore loin de l’arrivée, prévue à Opéra. Parmi les militants, on parle d’articles qui annoncent que les records de mobilisation du 7 mars sont battus au niveau national. Face à l’affluence, un itinéraire bis a été ouvert via la rue Saint-Antoine. « On a fait encore plus fort ! », crie un éboueur gréviste. « On a réussi ! », s’exclame un de ses collègues.Eboueurs en grève à Paris : « Le combat continuera d’une manière ou d’une autre »

15h58
Pour Nathalie Arthaud, Macron « a relancé » la mobilisation. Au milieu de la foule parisienne, cris de manifestants en fond et pancartes en arrière-plan, la porte-parole de Lutte Ouvrière s’adresse à ses abonnés Twitter via une vidéo. Entre le 49.3 et son intervention télévisée de la veille, Emmanuel Macron a selon elle « relancé » la mobilisation. « C’est très bien », ironise-t-elle. Avant de se lancer dans des explications économiques : selon elle, pour équilibrer le régime des retraites, il y a deux solutions. « Soit on prend dans la poche de la grande bourgeoise qui est blindée de milliards, soit on prend dans la poche des travailleurs qui galèrent ». Et Macron « a choisi depuis longtemps son camp ».

15h54
Grève reconduite à la raffinerie de Normandie. Les grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie ont reconduit jeudi peu après 14 heures « le refus de relève », actant de fait le rejet d’éventuelles réquisitions, a déclaré Alexis Antonioli, secrétaire général CGT. « Nous en sommes à trois refus de relève et l’équipe en place est à l’intérieur depuis 24 heures », a-t-il poursuivi. « Or, une équipe ne peut plus prendre en charge les réquisitions passées 12 heures de travail ».
15h52
Vu de Rennes.

15h49
Avec les éboueurs à Paris : « Je ne sais pas quand je serai à la retraite ». À l’intérieur du camion de la CGT du nettoiement de la ville de Paris, Rachelle, éboueure qui balaie les rues dans le XVIIIe arrondissement, est venue s’asseoir quelques minutes sur une caisse pour reposer sa jambe douloureuse. Son ménisque a été fracturé il y a plusieurs mois lors d’un accident du travail en maniant un « glutton », la machine électrique utilisée pour ramasser les feuilles mortes. La femme de 49 ans participe là à sa première longue grève, elle n’est rentrée à la ville qu’il y a cinq ans, trop tard pour être considérée dans les catégories actives et pouvoir ouvrir ses droits à partir de 57 ans (et 59 ans avec la réforme). « Je ne sais pas quand je serai à la retraite, après 20 ans dans le privé, un enfant. J’ai bien peur que ce soit 67 ans ». P

15h46
Sur la rambarde du monument de la Bastille : « Mes darons seront obligés de cotiser jusqu’à 70 ans ». « Macron, enlève ta réforme et ton 49.3 », rappent Ilyan et Lucien avec leur groupe de potes. « Je n’ai pas envie de partir à la retraite à 64 ans et si on ne dit pas non à une fois pour toutes Macron ne va pas arrêter », répond Ilyan, 15 ans. Lucien est là parce qu’il aime l’ambiance mais il pense aussi que « Macron a tort. S’il devait bosser comme un acharné jusqu’à 64 ans, il remettrait en question sa réforme ». Dario rejoint le groupe pour dire qu’il fait ça aussi pour sa famille : « Mes darons seront obligés de cotiser jusqu’à 70 ans » et ça lui est insupportable. Jade a 16 ans mais ne cache pas sa colère. « C’est nous qui allons lui rapporter de l’argent et à force de décaler l’âge légal on va finir par mourir au travail ».

15h43
15,5 % de grévistes dans la fonction publique d’Etat à la mi-journée. Un peu plus d’un agent sur six (15,5 %) était en grève jeudi à la mi-journée dans la fonction publique d’Etat pour la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon le ministère de la Fonction publique. Dans la fonction publique territoriale, le taux de grévistes était de 6,5 % tandis que la mobilisation atteignait 8,1 % dans la fonction publique hospitalière.

15h35
Les grévistes de l’écluse de Reventin-Vaugris ont rejoint le cortège à Vienne, au sud de Lyon. Dans cette ville au riche passé antique et médiéval, le parcours a des allures de montagnes russes dans les ruelles piétonnes en pente. Plusieurs milliers de personnes se sont réunies pour cette mobilisation « mémorable pour Vienne », se félicite l’homme au micro de la CGT, à côté du camion de tête. Ici, rares sont les jeunes à participer à la marche. Calliste, lycéenne en terminale, est venue brandir une pancarte « aussi moche » que cette réforme « antidémocratique » et « passée en force ». « Ce n’est pas possible que le gouvernement soit aussi méprisant, de voir comment les policiers réagissent face aux manifestants », s’exclame celle qui vise des études de médecine. Calliste espère un référendum « pour connaître l’avis des personnes concernées » et clouer le bec à « un Macron qui sait qu’il a été élu alors que la moitié des Français ne voulait pas de lui ». Par Maïté Darnault.

15h25
La préfecture de Haute-Vienne mise « en sobriété énergétique » par la CGT. Les journées de mobilisation se suivent et les actions de la Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT (FNME-CGT) se ressemblent. Selon le syndicat, c’est la préfecture de Haute-Vienne qui a été victime, ce jeudi, d’une coupure de courant volontaire. La semaine dernière, les agents de l’énergie, en lutte contre la réforme des retraites et la suppression de leur régime spécial, avaient revendiqué une action similaire dans le bâtiment de la préfecture des Alpes-Maritimes, à Nice. Ce jeudi, la CGT affirme par ailleurs avoir coupé le jus au siège limougeaud de la Banque Tarneaud, et à une agence locale du Crédit Agricole. Contacté, l’opérateur du réseau électrique Enedis confirme la coupure, « qui a duré environ quarante-cinq minutes », et affirme porter plainte.

15h22
A Paris, que du beau monde. Du monde à perte de vue où que l’on regarde sur le boulevard Beaumarchais, des jeunes venus en nombre, des trottoirs remplis et des rues adjacentes dans lesquelles il faut parfois patienter avant de pouvoir gagner le cortège. A Paris, le défilé s’annonce comme l’un des plus denses qu’ait connus la capitale depuis le début de la mobilisation. Pour rappel, le record a été atteint le 11 février avec 93 000 personnes recensées par la police. Pour la CGT, c’était le 7 mars, avec près de 700 000 manifestants (81 000 selon la police). Par Frantz Durupt.

15h18
Avec les jeunes à Paris : Macron « devient dangereux ». A Paris une quinzaine de jeunes se sont donné rendez-vous place de la Bastille et n’ont pas besoin d’un syndicat pour les motiver. Le soleil et les tambours réchauffent l’ambiance dans le groupe. « Ne pas aller manifester, ce n’est pas cool. Ce n’est pas respecter ce que nos ancêtres ont fait pour nous », explique Marion, une jeune étudiante de 20 ans aux cheveux blond platine et au sourire pétillant. « Ce n’est pas uniquement une question de réforme des retraites mais la façon de gouverner », poursuit-elle en faisant allusion au 49.3 de Macron. « Il y a quelques années, le Président disait qu’il fallait manifester car c’est un droit essentiel. Et maintenant qu’il est au pouvoir, ça ne l’arrange pas et il devient dangereux », analyse Benjamin, un jeune de 19 ans qui a la sagesse d’un vieux. « Emmanuel Macron est encore moins légitime que nous. Il passe un 49.3 pour éviter un vote, il n’écoute pas les syndicats, il envoie les CRS nasser les manifs, sa légitimité est juste nulle », conclut-il. Ses camarades saluent son discours d’un « ouais » en chœur. Inspirée par ses amis, Diane, 19 ans, constate que « ça devient chaud. Le Président est de plus en plus autoritaire, on ne peut pas le laisser faire. On veut montrer que les jeunes sont investis et concernés ». Ensemble, ils poursuivent leur action en soulevant leurs pancartes en espérant récupérer « cette démocratie qui se perd ». 

15h15
Vu du cortège parisien. Une heure que la manifestation a commencée, et le cortège a avancé de moins d’une dizaine de mètres sur la place de la Bastille. Autour du camion de la GDT parisienne du nettoiement, les éboueurs et les égoutiers attendent. Les voix couvertes par la musique diffusée par le haut-parleur installé sur le toit du camion. « Antisocial, tu gardes ton sang-froid », « Laisse pas traîner ton fils », plusieurs égoutiers de la ville de paris, racontent leur opposition à la réforme des retraites. Leur âge légal de départ passerait, si le texte est appliqué, de 52 à 54 ans. Christophe, égoutier depuis 25 ans, travaille toujours malgré ses 54 ans : « Si je partais maintenant, je n’aurais que 1 000 euros de pension ». Il n’a en effet pas commencé sa carrière à la ville, mais dans le privé comme géomètre topographe. L’un de ses collègues, Sébastien, 45 ans, opine. « Pour avoir les dix ans de bonification sur la salubrité, il faut avoir 22 ans comme égoutier. Il y a plein de collègues qui sont rentrés trop tard », explique-t-il. Entrée en reconductible le 7 mars comme leurs collègues éboueurs, leur mobilisation est moins visible. « Nous, c’est la durée, disent-ils. Ça va se sentir, surtout qu’il fait de plus en plus chaud ». 

15h07
Sollicitée par Macron, la droite dit niet à tout contrat de gouvernement. Embarquée dans la réforme des retraites par la majorité avant de lui faire faux bond sur la ligne d’arrivée, la droite redit son opposition à toute coalition, alors que le chef de l’Etat lui a de nouveau tendu la main mercredi. 

Au Havre, 50 000 manifestants pour les syndicats, 9 900 pour la police. La manifestation s’est dispersée à l’Hôtel de Ville où quelques caténaires cassées du tram et des traces d’incendie rappellent comment le recours au 49.3 a été accueilli il y a une semaine. Une partie des manifestants a continué à marcher vers la maison des syndicats, dans le quartier de la gare. Sur leur trajet, de nombreuses poubelles en feu. Dès que la sécurité des syndicats quitte les manifestants, plusieurs fourgons de CRS prennent la suite avec boucliers et lacrymos, et procèdent à plusieurs arrestations (parfois de très jeunes ados, venus participer au mouvement). Aux fenêtres comme dans la rue, les forces de police sont invectivées : la tension est palpable et l’odeur de la fumée remonte jusqu’à la ville haute. Le conseiller municipal Pierre Bouysset nous indique n’avoir jamais vu un tel déploiement policier « depuis les gilets jaunes ». La préfecture de police a annoncé 9 900 manifestants, les syndicats en ont compté 50 000. Sans surprise, pour la première, la mobilisation est moindre que le 7 mars (10 700 manifestants ce jour-là), pour les seconds, elle est supérieure (45 000). 

Des manifestants brandissent des drapeaux du syndicat CGT lors de la neuvième journée de grève nationale contre la réforme des retraites, au Havre, en France, le 23 mars 2023. 

« Quand je vois autant de gens, ça me rend optimiste ». Vi, 21 ans, étudiante en histoire de l’art en est à sa sixième manifestation contre la réforme des retraites. « Je suis là pour mon père, artisan qui a commencé à travailler à 15 ans et finira à 67 ans parce que son alternance ne compte pas », nous explique-t-elle alors que le cortège n’a toujours pas bougé, boulevard Beaumarchais à Paris. L’affluence du jour la rend optimiste. « Quand on voit un tel rassemblement de gens d’accord, j’y crois ». Par Olivier Monod.

14h49
Tournant radical à Lorient. Manifestants et force de l’ordre se sont affrontés près du port. Débordés face au nombre de manifestants, les policiers ont été obligés de reculer après avoir lancé des gaz lacrymogènes. La foule s’est ensuite dirigée vers le commissariat où un feu a été allumé. Les jets de projectiles ont déclenché un nouveau départ de feu dans la cour de l’établissement. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a qualifié d’« inacceptables » les « attaques et dégradations contre la sous-préfecture et le commissariat de Lorient » dans un tweet.

14h24
Vers une mobilisation flirtant à nouveau avec des records ? Les syndicats pensent que c’est possible. Dans le carré de tête du cortège parisien qui s’apprête à partir de Bastille, Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT) et Frédéric Souillot (FO) s’accordent pour dire que le nombre de personnes dans les rues de France pourrait approcher les scores du 31 janvier et du 7 mars (1,27 million de personnes selon le ministère de l’intérieur). L’intervention présidentielle de mercredi pourrait y avoir aidé en « renforçant la détermination » des travailleurs, pense Murielle Guilbert (Solidaires). Elle a en tout cas été unanimement vécue comme insultante, notamment par Laurent Berger, mis en cause nommément par le chef de l’Etat, qui trouve que ce dernier a été « inélégant, pour rester poli ». « Il y a deux manières de lire la façon dont il s’est adressé à nous, ça peut être de rendre la main, ça peut être aussi de mettre une gifle. En tout cas je ne tends jamais la joue gauche », déroule Berger. Emmanuel Macron veut relancer au plus vite des discussions avec les syndicats sur la pénibilité, les salaires et le sens du travail ? Ça ne sera pas si simple, répondent-ils tous dans le carré de tête du cortège parisien. Pour Cyril Chabanier de la CFTC, s’il n’est pas question de ne plus discuter durant tout le quinquennat, le retrait de la réforme est « une condition » pour se remettre autour d’une table « dans l’immédiat ». Pour Laurent Berger (CFDT), il ne sera pas possible de parler de ces sujets sans évoquer à nouveau celui des retraites. « Pour nous, la page sera tournée quand le projet sera retiré », tranche Frédéric Souillot (FO). Par Frantz Durupt.

14h17
A Paris, avec des jeunes primo manifestants. Si le Président de la République espérait calmer les opposants à sa réforme des retraites avec son intervention télévisée, c’est raté. « Ça nous chauffe quand il parle comme ça », expliquent Marina et Maria, 15 ans. Elles profitent d’une grève massive de leurs profs pour venir à leur première manif. Les deux lycéennes se tiennent en retrait de la foule, sur le trottoir. Au milieu du cortège en préparation, on rencontre Mateo, 19 ans, en école d’art et primo manifestant aussi. « On a franchi un cap inacceptable. Si on se laisse marcher dessus maintenant, c’est le début de la fin pour la démocratie. C’est le meilleur moment pour se faire entendre, il a réussi à braquer tout le monde, les étudiants, les profs, les ouvriers… » A côté, une sono crache Freed from desire de Gala. 

14h06
« C’est dur, mais on n’a pas le choix » : à Paris les éboueurs en reconductible depuis 18 jours. Place de la Bastille, les éboueurs et les égoutiers parisiens, souvent habillés avec leur tenue de travail bleue ou verte rejoignent leurs collègues derrière le camion noir de la CGT du nettoiement. Certains écrivent au marqueur noir leur refus de la réforme au dos de leurs vestes, avec des slogans comme « retraite retardée, mort prématurée ». Quand des manifestants leur demandent où est leur caisse de grève, ils les renvoient à la Fédération. 18 jours qu’ils sont partis en reconductible. « C’est dur, mais on n’a pas le choix, explique Christophe Farinet, Secrétaire général adjoint du syndicat. On sait que si Macron passe cette réforme des retraites, derrière il va tout démonter, la sécurité sociale, il va détruire tous les services publics, tout ce qu’a construit le conseil national de la résistance ». Il ne décolère pas de l’attitude du Président. « Le problème, c’est que les organisations syndicales ont été hyper responsables, elles ont fait en sorte que ça ne se radicalise pas. » Lui a envie que ça se radicalise. Amer, il rappelle aussi les promesses faites aux salariés de première ligne : « Au moment du confinement, ils s’étaient engagés à changer leur politique sur tous les métiers de première ligne, nous les caissières, les agents de sécurité, personnels de nettoyage qui n’ont pas les moyens de faire grève. Trois ans après, on en est là ». Par Anne-Sophie Lechevallier.

14h04
A Nice, une « manif minute » à l’aéroport. La voie express a accueilli une manif minute. Plus de cent manifestants sont arrivés à déjouer les CRS pour aller agiter drapeaux et slogans devant le terminal 1 de l’aéroport de Nice. « On est méga en colère. Comment on fait pour exprimer cette colère ?, questionne Julia, ingénieure et manifestante, vite rattrapée par les policiers. Il faut taper plus fort. Ça manque de violence. J’étais contente du pavé dans la vitrine de la permanence d’Eric Ciotti », poursuit la manifestante de 32 ans, « pile-poil la moitié » du nouvel âge de départ à la retraite. Par Mathilde Frenois.

14h00
A Paris, des manifestantes de 15 ans contre un président qui « ne fait pas rêver ». « On en a rien foutre qu’il n’en ait rien à foutre ». Bianca, 15 ans, cheveux rouges et lunettes à larges verres et fines montures manifeste pour la deuxième fois contre une réforme « injuste et qui pénalise les femmes ». Lucie, 15 ans, rouge à lèvres pétant renchérit : « c’est encore plus révoltant qu’il la passe en 49.3 » Il, c’est Macron qui « ne fait pas rêver » selon la pancarte des jeunes filles. Pour venir, elles surmontent leur peur de la répression policière. « Parce que nos valeurs sont plus fortes », affirment celles qui ont bloqué leur lycée ce matin. Derrière la foule scande « on reste jusqu’au retrait ». Par notre journaliste Olivier Monod.

13h56
25,3 % de grévistes chez EDF à la mi-journée selon la direction. Un chiffre en hausse par rapport à la semaine dernière. Un peu plus d’un quart des salariés d’EDF (25,3 %) a cessé le travail jeudi à la mi-journée, selon la direction. Cette participation est en légère hausse par rapport à la précédente journée de mobilisation en semaine, le 15 mars, lors de laquelle la direction avait comptabilisé 22,45 % de grévistes à la mi-journée par rapport aux effectifs totaux de l’entreprise, plus faible taux de mobilisation communiqué par la direction depuis le début du mouvement. Les chiffres de la direction sont calculés par rapport à l’effectif total de l’entreprise alors que ceux des syndicats, communiqués en fin de journée, sont calculés par rapport aux effectifs qui devraient être présents au moment de la grève, et donc mécaniquement supérieurs.

13h45
Laurent Berger appelle jeudi « au respect des biens et des personnes, à la non-violence ». A l’occasion de la neuvième journée de manifestation contre la réforme des retraites, marquée par un « regain de mobilisation ». Le secrétaire général de la CFDT appelle « au respect des biens et des personnes, à la non-violence » pour garder l’opinion. « Jusqu’au bout il va falloir garder l’opinion, c’est notre pépite », et pour cela « il faut des actions non violentes, qui n’handicapent pas le quotidien des citoyens », a expliqué Laurent Berger peu avant le départ du cortège parisien.
Laurent Berger : cette réforme des retraites, « ce n’est pas un échec, c’est un naufrage »

Avec les éboueurs à Paris : « Quand on n’est pas là, les gens s’en rendent compte ». À midi et demie, alors que le cortège ne s’élancera qu’à 14 heures, ils sont déjà positionnés, derrière le ballon de la CGT Ile-de-France et le camion noir de la CGT du nettoiement. La musique est à fond. Parmi eux, Christophe, éboueur dans un atelier du VIe arrondissement. Il dit à propos de leur longue grève dans la capitale : « Les Parisiens en pâtissent, mais il y a que comme ça que les gens prennent conscience qu’on existe. Quand on n’est pas là, les gens s’en rendent compte ». Hier, il a écouté le Président de la République au journal de 13 heures « Le discours de Macron m’a remotivé. Il est déconnecté de la réalité », citant en particulier les passages où le chef de l’Etat a parlé de ceux qui reçoivent les minima sociaux ou de ceux rémunérés au Smic. « Il fait croire aux gens qui gagnent bien leur vie que le problème en France ce sont ceux qui ne gagnent pas bien leur vie ». 

13h26
Avec les étudiants à Paris : « La répression motive les gens ». Avant le départ de la manifestation, les militants du Poing levé écrivent des numéros de téléphone d’urgence sur leur bras. En cas d’arrestation. Adrien, 21 ans, vert de lunette cassé et boucles d’oreilles en forme de goutte bleue, commente : « On n’avait eu aucune garde à vue depuis le début et là on en a eu quatre en une semaine dont un collégien ». La hausse de la répression des manifestations est sur toutes les lèvres. « On a eu des discussions et des tracts sur quoi faire, quoi amener », explique Étienne, à quelques mètres, qui vit sa première manifestation. Si la répression devait faire peur, c’est raté. Elle galvanise. « Ça motive les gens. Ils ont bien vu qu’à la Concorde ce sont les CRS qui ont commencé à taper. En AG, on se demande comment passer outre et faire quelque chose d’encore plus gros », pose Adrien. 

13h24
Port et zone industrielle aussi bloqués à Boulogne-sur-Mer. A Boulogne-sur-Mer, au petit matin, des manifestants ont érigé des barrages avec des barrières, poteaux électriques couchés, palettes, à l’entrée du port et de la zone industrielle de Resurgat. Le tout dans une ambiance festive, avec la présence d’étudiants et la visite du député LFI François Ruffin.

13h21
Avec les éboueurs dans la manifestation parisienne. Parmi les éboueurs, ils sont quelques-uns à être restés pour garder l’entrée du site de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine. Sur la grande grille blanche recouverte de bâches en plastique qui obstruent la vue sur les tentes où les grévistes se relaient jour et nuit depuis 18 jours, une grande banderole rappelle la raison de leur blocage : leur opposition à la réforme des retraites. Les autres sont partis en direction de la place de la Bastille, point de départ de la manifestation parisienne, la neuvième à laquelle appelle l’intersyndicale depuis le mois de janvier et la présentation du projet de réforme. 

Eboueurs en grève à Paris : « Le combat continuera d’une manière ou d’une autre »
Social
16 mars 2023
13h19
Avec les étudiants dans la manifestation parisienne : « Trop tard ? Non, souvenez-vous du CPE ». Ils sont les premiers arrivés. Accroupis au sol une petite dizaine d’étudiants préparent leurs pancartes. Contre le 49.3, souvent. Debout, Étienne, 18 ans, cheveux blonds peroxydés, participe à sa première manif. Son école, Olivier de Serres connaît sa première mobilisation « depuis 20 ou 30 ans ». Clairement, le passage de la loi sans vote a accéléré le processus. A côté de lui, Julien 18 ans, « n’est pas là contre la réforme mais contre comment elle est passée ». Une mobilisation tardive, trop peut-être ? Pas pour Eliane, 19 ans, assis devant eux avec son casque de musique autour du cou. « Macron a dit que la réforme devait rentrer en application le 1er septembre, alors on a jusqu’au 1er septembre pour la faire retirer. Souvenez-vous du CPE de 2006, ils l’ont retiré après qu’il est passé à l’Assemblée ».

13h15
Vu de Reventin-Vaugris. Mécaniciens à la Compagnie nationale du Rhône, Didier et Lionel sont venus prêter main-forte ce jeudi sur le piquet de grève du barrage hydroélectrique de Reventin-Vaugris. L’écluse y est maintenue hors d’eau, bloquant la circulation des bateliers sur le Rhône depuis une semaine. Les deux collègues bossent sur un autre site, à Bourg-lès-Valence, et ont fait le trajet pour cette journée de mobilisation. « On a peur pour la retraite mais aussi pour notre statut, explique Didier. Pourtant, notre caisse [excédentaire] aide celle des paysans, des artisans ; il n’y a pas que le pognon qui doit régner, il faut tirer tout le monde vers le haut. » Lionel aurait « bien aimé » que la motion de censure du gouvernement « passe » : « C’est comme si, ça s’est joué à 9 voix… Le 49.3, c’est une solution de facilité, de lâche. » Didier rappelle que Macron « n’a pas été élu par la majorité des Français » et reconnaît son inquiétude « pour le futur » : « Qui va passer [en 2027] ? J’ai peur qu’avec tout ça, les extrêmes sortent leur épingle du jeu. » 

Reventin-Vaugris, le 23 mars 2023. Des salariés bloquent l’écluse de la centrale hydroélectrique de Vaugris en Isère pour protester contre la réforme des retraites. 

13h12
Un cordon d’agents, « barrage d’arrêt » en langage CRS, barre l’entrée à l’aéroport de Nice. Les manifestants bloquent l’un des accès routiers au kiss and fly (le dépose-minute). Au plus fort de la mobilisation, ils sont 40 000 selon les syndicats, 5 200 pour la préfecture. Des téméraires tentent de passer le barrage, vite rattrapés par la police. Dans le ciel, les avions continuent de décoller. Selon l’aéroport, seuls 10 % des vols ont été annulés, soit 18 rotations. 

13h11
Au Havre, les plus gros pétards ont été achetés pour « faire plus de bruit que la semaine dernière ». Des poubelles brûlent devant la gare. Toute la ville semble avoir fait le déplacement, les ouvriers de Chevron, les cadres de Safran, les profs, les soignants, les étudiants et les médecins. « Les acquis sociaux ne se sont pas acquis dans les salons dorés », souligne Didier Escudero, ouvrier retraité de l’usine Renault Sandouville, plus remonté que jamais. Une foule continue passe devant la grue du port sur laquelle a été attachée une pancarte « et là, tu nous vois ? ». Plus loin, sur la façade du Volcan, la scène nationale, une autre : « Et là tu nous vois aussi » ? Selon un responsable local de la CFE CGC, cela s’adresse aussi à Édouard Philippe « qui a loupé le coche ». Par notre journaliste Anne-Laure Pineau.
Des manifestants passent devant une banderole "Le Havre contre les réformes", au Havre le 23 mars 2023. 

13h03
280 000 manifestants à Marseille selon les syndicats. L’intersyndicale dénombre 280 000 manifestants à Marseille. La préfecture, elle, parle de 16 000 personnes à battre le pavé. Lors de la grève du 7 mars, les syndicats avaient annoncé 245 000 manifestants contre 30 000 selon la police. Interviewé par BFM Marseille Provence, le maire de la ville Benoît Payan, présent dans le cortège, appelle le président à « ne pas promulguer la force ». « On voit bien que le 49.3 est passé et il est passé en force. Et c’était le mauvais moment, c’était la pire des manières de faire », estime-t-il.

12h46
Des manifestants ont investi les voies de la gare de Lyon pendant quelques minutes. Cheminots, énergéticiens, travailleurs de la RATP et étudiants ont envahi les voies gare de Lyon, à Paris, interrompant la circulation des trains pendant quelques minutes. Les trains affichent désormais 30 minutes de retard, selon SNCF Gares & Connexions. Suite à une assemblée générale interprofessionnelle, quelque 800 personnes ont investi les voies vers 11 h 30 dans les fumigènes et les pétards. Les députés Eric Coquerel et Thomas Portes et la députée européenne Manon Aubry (tous LFI), ont été aperçus sur place. Ailleurs en France, la SNCF a recensé des manifestations « ponctuelles, comme à Nice et Toulouse par exemple, qui impactent pendant quelques minutes uniquement nos circulations », selon un porte-parole.

12h40
Au Châtelet, la CGT en première partie d’Anne Teresa De Keersmaeker. Avant la danse, les revendications. Mercredi soir au théâtre du Châtelet, à Paris, des professionnels du spectacle sont montés sur scène et ont interpellé le public venu voir Mystery Sonatas, le nouveau spectacle de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker. Selon la CGT, cette action s’inscrit dans une « amplification du mouvement » social dans le secteur du spectacle vivant contre la réforme des retraites. Toujours selon le syndicat, la prise de parole « a reçu un accueil particulièrement enthousiaste d’une grande majorité du public et des équipes du théâtre ». Par ailleurs, en raison de l’appel à la grève national, ce jeudi, la représentation du jour a été annulée. La CGT annonce prévoir des actions de blocages dans d’autres lieux culturels prochainement.

12h32

Manifestation contre la réforme des retraites à Marseille, jeudi 23 mars. 

12h28
Olivier Faure : « La gauche doit maintenant bâtir un projet de coalition ». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, reproche au Président d’instaurer le chaos plutôt que l’ordre, et espère un « acte II de la Nupes » avant les prochaines élections. 

12h21
Nouvelle mobilisation à Fos-sur-Mer. La préfecture des Bouches-du-Rhône ayant prolongé pour 48 heures les réquisitions à l’important dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille, Olivier Mateu, le secrétaire général de l’Union départementale CGT 13, appelle les manifestants à se rendre à 15 heures au dépôt pour soutenir les grévistes réquisitionnés. Il donne également rendez-vous demain matin, 8 heures, au bureau de l’Union locale CGT de Fos-sur-Mer.

12h13
Vu de l’écluse Reventin-Vaugris, au sud de Lyon : « On a tenu nuit et jour, bravo à tous ! ». L’ouvrage massif en béton est toujours à sec : depuis jeudi dernier, les salariés de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) tiennent un piquet de grève à quelques pas de l’écluse de Reventin-Vaugris, à 30 km au sud de Lyon, pour protester contre la réforme des retraites. L’installation avait été vidée dix jours plus tôt pour un entretien annuel, et depuis, « rien n’a bougé et on compte bien que demain, rien ne bouge, lance Delphine Peyron, assistante logistique et déléguée CGT lors de l’AG quotidienne. Il faut qu’on continue à se faire entendre, on a tenu nuit et jour, bravo à tous ! » Reventin-Vaugris est l’un des 19 aménagements de la CNR sur le Rhône. L’usine hydroélectrique implantée sur le barrage continue, elle, de produire ses 70 mégawatts par heure. Mais le blocage de l’écluse empêche tout passage des péniches sur le fleuve. Maurice*, exploitant à la CNR depuis 2016, se désole du « mépris » d’Emmanuel Macron : « Je me demande quelle légitimité il a, lui, en passant en force comme il le fait. » *Le prénom a été modifié.

12h05
Les jeunes mobilisés. Quelque 80 écoles et universités sont mobilisées en France ce jeudi, dont une soixantaine bloquée au moins partiellement ou occupées.

Manifestation d’élèves devant le lycée Louis-le-Grand dans le 5e arrondissement de Paris, France, le 23 mars 2023. 

12h01
« Sobriété énergétique » à la mairie du Ve arrondissement de Paris. Couic, couic. La mairie du Ve arrondissement de Paris a ouvert ses portes sans électricité ce jeudi après une coupure volontaire annoncée par la CGT et confirmée par la maire, Florence Berthout (Horizons), et Enedis à l’AFP. Selon Florence Berthout, ce sont des « collaborateurs d’Enedis » qui seraient à l’origine de cette coupure. Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution, confirme la coupure et indique que ses équipes « sont en cours d’intervention pour réaliser au plus vite les opérations de réalimentation ».

11h59
L’intersyndicale se réunira ce soir. La 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites vient de commencer que l’intersyndicale prépare déjà la suite à donner au mouvement. Selon BFMTV, elle doit se réunir ce soir au siège de la CFDT, à Paris. Une conférence de presse est prévue dans la foulée à 19 heures 30.

11h58
Vu de Nice : « On est jeunes mais on connaît la pénibilité ». Ni pancarte, ni drapeau. Pour leur première manifestation, Élia et Clara n’ont pas eu le temps pour les ateliers créatifs et les slogans incisifs. Ces deux étudiantes sont surveillantes dans un collège. Depuis leurs 16 et 18 ans, elles ont été serveuses, employées à Mcdo, à Ikea, animatrices pour enfants l’été… « Ça paye nos études. Et ce n’est pas facile tous les jours, dit Élia, 23 ans aujourd’hui. On est jeunes mais on connaît la pénibilité. » Macron qui n’écoute pas la rue ? C’est « injuste », c’est « limite inhumain ». La lutte contre la réforme des retraites, c’est la porte d’entrée de leur engagement. Secrètement, elles rêvent de « la fin de la Ve République et du capitalisme ». Les deux étudiantes espèrent une grève générale « pour l’hôpital, les salaires, l’écologie, la culture ». 

11h54
Blocages, manifs rassemblements : des dizaines de lycées et facs dans le mouvement. Le syndicat étudiant L’Alternative comptabilisait quelque 80 écoles et universités mobilisées en France ce jeudi, dont une soixantaine bloquée au moins partiellement ou occupées. A Paris, l’accès à plusieurs lycées était barré par des jeunes, souvent juchés sur des poubelles, notamment à Louis-le-Grand (5e), Rodin (12e), Jules Ferry (9e), Racine (8e), Bergson ou Brassens (19e). Même la fac de droit d’Assas à Paris, était bloquée pour la première fois, avec une centaine d’étudiants devant une banderole « Grève générale, Assas la rouge ». A Marseille, un rassemblement s’est tenu sur le parvis du lycée Thiers (centre-ville) et les accès à la fac Saint-Charles sont bloqués. A Lyon, la direction de l’Ecole normale supérieure (ENS) a annoncé l’annulation des cours après le blocage de l’accès à deux sites. A Toulouse, l’entrée de l’université de Toulouse-Mirail était elle aussi bloquée, tout comme Sciences Po Toulouse, l’école d’ingénieurs Insa et le lycée Saint-Sernin (centre-ville). A Rennes, plusieurs lycées étaient bloqués et les cours suspendus à l’université de Rennes-2, fer de lance de la contestation.

11h50
Mélenchon appelle les manifestants « à ne se laisser intimider d’aucune façon ». Depuis Marseille, où il participe à la mobilisation contre la réforme des retraites, Jean-Luc Mélenchon a appelé les manifestants « à garder [leur] sang froid mais à ne se laisser intimider d’aucune façon ». Appelant chacun à « jeter toutes ses forces dans la bataille », le leader de la France Insoumise a ironisé sur ceux qui « se gargarisent sur la violence » supposée des manifestations : « Il n’y a pas de violence dans le mouvement que nous sommes en train de vivre et qu’il y ait ici ou là quatre ou cinq poubelles qui brûlent n’est rien par rapport à ce qu’on a vu dans le passé. »

Une banderole portant l’inscription "grève générale" est affichée sur le dôme de la cathédrale de La Major, à Marseille, dans le Sud de la France, le 23 mars 2023. 

11h43
21,41 % d’enseignants grévistes jeudi. Selon le ministère de l’Education, 21,41 % d’enseignants sont en grève pour cette neuvième journée de mobilisation. Dans le détail, le primaire recense 23,22 % de grévistes et 19,61 % dans le secondaire (collèges et lycées). Ces taux sont en deçà de ceux des syndicats : le Snuipp-FSU, première organisation dans les écoles maternelles et élémentaires, évalue qu’entre 40 et 50 % des professeurs du primaire sont en grève et le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a donné jeudi un taux de 50 % de grévistes chez les professeurs et autres personnels de l’éducation.

11h40
L’aviation civile demande d’annuler 30 % des vols à Orly vendredi. La Direction générale de l’Aviation civile demande aux compagnies d’annuler à nouveau 30 % de leurs vols à Paris-Orly vendredi et 20 % dans d’autres aéroports en raison de la grève de contrôleurs aériens contre la réforme des retraites, annonce ce jeudi cette administration. Les aéroports concernés en région par la suppression d’un vol sur cinq seront Marseille-Provence, Bordeaux-Mérignac et Lyon-Saint-Exupéry, et ce, aussi bien vendredi que samedi, précise la DGAC dans un communiqué. A Orly, la situation s’améliorera samedi pour les voyageurs avec 15 % des vols annulés, selon la même source.

11h34
Le terminal T1 de Roissy bloqué plusieurs heures. Il faut imaginer la scène. On est dans la navette qui relie le RER B au terminal T1 de l’aéroport de Roissy. A une station intermédiaire, on voit dans le train d’en face des gilets CGT et CFDT, des drapeaux Solidaires, on entend des chants sourds. Sur le quai, les valises et touristes pressés ont laissé place à 150 manifestants qui crient des chants anti-Macron et contre la réforme des retraites. Le cortège se disperse sur le parking, chacun retourne à sa voiture nous explique un délégué CGT. Ils se donnent rendez-vous aux bus qui les emmèneront à la manif parisienne. « Ça s’est très bien passé, on a réussi à bloquer l’accès routier au terminal T1 dans le sens des arrivées et des départs pendant plusieurs heures, sourit le militant CGT Aéroports de Paris. Il y avait quelques énervés comme toujours mais dans l’ensemble on a été soutenu parmi les voyageurs. C’est logique : personne n’en veut de cette réforme. »

11h28
La Loire-Atlantique, département le plus touché par les pénuries de carburant. Plus de la moitié des stations-service de Loire-Atlantique (53,37 %) sont touchées par des pénuries d’au moins un carburant et environ une sur six à l’échelle de toute la France, selon des données publiques analysées ce jeudi par l’AFP. Sur fond de grèves dans les raffineries et au neuvième jour de mobilisation contre la réforme des retraites, 15,14 % des stations de France manquent d’au moins un carburant. Environ 7,65 % des stations sont à sec. Outre la Loire-Atlantique, d’autres départements de l’ouest sont également très affectés (Morbihan, Ille-et-Vilaine, Mayenne, Maine-et-Loire, tous au-dessus de 40 % de stations en pénurie), et le Sud reste lui aussi très touché (Bouches-du-Rhône, Aude au-dessus de 40 %, beaucoup d’autres départements à plus de 30 %).

11h13
Le député Modem Bourlanges pense que le Conseil constitutionnel va « retoquer » des parties de la réforme. Invité de France Inter ce jeudi matin, le député Modem Jean-Louis Bourlanges, membre de la majorité, pense que les Sages vont « retoquer un certain nombre d’éléments » de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. « L’opposition a raison de dire que sur certains plans, il y a des cavaliers législatifs, c’est-à-dire des dispositions qui ne devraient pas figurer dans une loi finances », estime-t-il citant notamment l’index senior. Pour le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale en revanche, le 49-3 n’a rien de « scandaleux ».

11h03
Un avion en plastique flotte au-dessus du cortège niçois. Le ballon est rempli d’air, aussi gonflé que la motivation des manifestants. Embarquement immédiat, destination aéroport. « Le but c’est de toucher aux zones sensibles. Car Macron n’écoute pas la rue quel que soit le nombre, maintient Christophe Malloggi, secrétaire général FO Air France. L’aéroport, c’est un axe commercial. » Celui de Nice est le deuxième plus grand de France, après Paris. Entraver les accès, c’est toucher au monde des affaires et au sacro-saint tourisme. « Ce qui va être déterminant, c’est le blocage du pays », veut croire le syndicaliste. Pas certain que l’avion en plastique rejoigne le tarmac. Les CRS veillent. Par Mathilde Frenois.

11h01
Au Havre « les gens sont écœurés ». 9 heures, devant le siège du Port Autonome du Havre. Une heure trente avant le départ de la manif, il y a ceux du terminal pétrolier d’Antifer, de CMA-CGM, les agents de la sécurité portuaire, la CFE et surtout la CGT qui représente 80 % des encartés de la zone. Selon le secrétaire général du Port du Havre, Laurent Delaporte, la mobilisation qui tient depuis le 19 janvier a pris une autre teneur : « les gens sont écœurés, il va y avoir une radicalisation de la mobilisation car en face il y a déni de démocratie ». Selon lui, la prise de parole présidentielle de la veille a « mis le feu aux poudres » : « d’habitude sur un conflit long, les gens s’essoufflent. Cette fois, ils sont plus mobilisés que jamais et prêts à bien des sacrifices ». 

10h45
Vu de Roissy. Des manifestants de la CGT Roissy CDG ont bloqué l’autoroute au niveau de l’accès en voiture du terminal 1. Selon nos confrères de RMC, des bouchons se forment et les voyageurs sont contraints de marcher pour rejoindre l’aéroport.

10h37
Le blocage des camions-bennes d’Aubervilliers est levé. Mais aucun camion ou presque ne sortira aujourd’hui selon les agents. « Il est 10 heures, on a fait le taf, les camions ne sortiront pas ce matin », crie à la foule devant le garage d’Aubervilliers un élu Solidaires. Les manifestants encore présents applaudissent et crient de joie, quatre heures après le début du blocage ce jeudi matin. A travers les grilles, un éboueur les remercie : « Depuis que vous êtes venus, vous nous avez sauvés. » Un autre agent : « Et surtout, on va gagner ! », avant de nouveaux applaudissements nourris. Des grappes de manifestants se disent « à demain », d’autres se rendent au commissariat pour soutenir l’enseignante arrêtée ou en AG interprofessionnelle à la mairie d’Aubervilliers. Mercredi, le nombre de tonnes de déchets s’accumulant dans les rues de Paris a de nouveau légèrement augmenté, après plusieurs jours de stagnation. Un agent nous dit en souriant : « Les peu de camions qui sortiront cet après-midi ne ramasseront rien. »

Grève des éboueurs : le gouvernement est gonflé de mettre en cause Anne Hidalgo

10h37
La préfecture des Bouches-du-Rhône prolonge les réquisitions à Fos-sur-Mer. La réquisition de grévistes à l’important dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille, a été prolongée pour quarante-huit heures mercredi soir, a annoncé la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Le nouvel arrêté reprend les conditions du texte initial, qui prévoyait mardi la réquisition de « trois salariés par relève ». Ces réquisitions avaient provoqué une forte colère dans la ville portuaire et la tension était montée entre manifestants et forces de l’ordre sur place. Attaqué par la CGT devant la justice, mercredi, le premier arrêté de réquisition avait été validé par le tribunal administratif de Marseille.

10h32
Assas, la droitière elle aussi bloquée. « Historique » fanfaronne l’UNEF : la fac d’Assas, située dans le VIe arrondissement de Paris, réputée pour être un vivier de jeunes de droite, voire d’extrême droite est bloquée en ce jour de mobilisation contre la réforme des retraites. Comme le montrent de nombreux tweets, des étudiants ont disposé des barrières et des poubelles devant l’entrée pour empêcher l’accès. Le tout agrémenté d’une banderole « Assas la rouge ». D’après Solidaires étudiants Assas, il s’agit du premier blocage de l’université depuis 53 ans.

10h17
Selon Médiamétrie, l’interview d’Emmanuel Macron a été suivie par 10 millions de téléspectateurs sur TF1 et France 2. Cette interview sur les deux chaînes a réalisé près de 67 % de part d’audience : deux tiers des gens qui étaient devant la télé à ce moment-là la regardaient, sans compter les chaînes d’information en continu. Au total, 6,1 millions de téléspectateurs ont suivi l’interview sur TF1 et 3,9 millions sur France 2. Dans un entretien accordé à Libé, le communicant politique Christian Delporte estimait que le président ciblait un « certain électorat » avec ce passage. « Le 13 heures est davantage regardé par une population modérée et retraitée. Pourquoi le Président vise-t-il les retraités ? Parce qu’il s’agit de son principal électorat », soulignait-il.

10h06
La grève jusque sous l’eau. Si aujourd’hui la plupart des manifestants marcheront au-dessus du niveau de la mer, certains n’hésitent pas à faire connaître leur mécontentement jusque dans les profondeurs. La CGT partage une photo d’un plongeur du Centre d’études d’océanographie et de biologie marine de Roscoff, organisme rattaché au CNRS, arborant un drapeau syndical sous l’eau. Reste à voir si merlus, bars et autres chinchards se rallieront en cortège derrière cette bannière.

9h55
Marie Buisson (CGT) accuse Macron de « s’être moqué » des syndicats. Du côté des syndicats, l’intervention télévisée d’Emmanuel Macron n’est vraiment pas passée. « Hier, le président de la République s’est moqué de nous. Il a marché sur les organisations syndicales et par là sur l’ensemble des Français qui se mobilisent », a grincé la syndicaliste de la CGT Marie Buisson. Pas de quoi retisser le lien entre les centrales et l’exécutif. « On n’ira pas comme ça s’asseoir autour d’une table avec des gens qui se moquent de nous », a-t-elle poursuivi se disant toutefois « prête à discuter » de « l’augmentation générale des salaires, la fin du dogme sur l’allongement de la durée du travail à 64 ans et les moyens de financer autrement la retraite solidaire ».

9h44
Le préfet de police de Paris tient sa ligne de conduite. Interrogé sur RTL, Laurent Nunez a assuré que « les interpellations punitives n’existent pas ». Ces derniers jours, la Défenseure des droits mais aussi des politiques et magistrats s’inquiétaient du phénomène. En marge des manifestations de nombreuses personnes ont été interpellées puis relâchés sans aucune poursuite. Concernant les rassemblements spontanés qui ont émergé ces derniers jours dans la capitale, le préfet a refusé de les qualifier « de manifestations », préférant parler de « phénomène de violences urbaines ».

Paris, le 21 mars 2023. Manifestation contre la réforme des retraites autour de Bastille et de République. 

9h40
Violences policières contre les journalistes. Reporters sans frontières dénonce la multiplication des violences policières contre les journalistes et des entraves à l’information. Lire le CheckNews.

9h40
Les insoumis ont décidé de quadriller le territoire pour cette 9e journée de mobilisation. A Paris, une vingtaine de députés, dont Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, apporteront leur soutien aux manifestants. La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot se rendra à Limoges. François Ruffin sera du côté d’Amiens et David Giraud déambulera dans son fief lillois. Alma Dufour accompagnera les manifestants à Rouen. Dans le Sud-Est, Manuel Bompard sera à Marseille, dans la circonscription que lui a léguée Jean-Luc Mélenchon.

9h28
Berger pas pressé d’échanger avec Dussopt. Invité de BFM TV, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a rappelé, s’il le fallait encore, que la séquence « réforme des retraites » allait laisser des traces concernant les rapports entre les syndicats et le gouvernement. Alors que l’exécutif souhaite renouer le dialogue, le syndicaliste en appelle à un « délai de décence » avant toute reprise de discussion. « Je ne vais pas me précipiter la semaine prochaine à discuter chez monsieur Dussopt que je n’ai pas vu depuis début janvier », a-t-il affirmé. Depuis, il y a toutefois eu « des échanges informels » par téléphone avec le ministre du Travail sans qu’il y ait de « discussion ». « J’ai dit que pour l’instant ça [n’allait] pas être possible [de se voir] en plein conflit des retraites », explique Laurent Berger.
Laurent Berger : cette réforme des retraites, « ce n’est pas un échec, c’est un naufrage »

9h23
A Nice, la manif à vélo. Le porte-bagage est transformé en porte-drapeau. Le panier transporte le mégaphone. C’est à vélo que la branche de l’enseignement supérieur et de la recherche de la CGT a décidé de rejoindre la manifestation niçoise. « Le vélo est notre moyen de transport au quotidien, expose Shan, ingénieur en astronomie qui a rejoint le petit peloton. Dans le cortège, on marchera à côté du vélo. Ça prend de l’espace. On est là pour être visibles. » Pour rejoindre la manif à l’aéroport de Nice, la piste cyclable longe la promenade des Anglais. « On est contre ce passage en force du 49.3. Ça rajoute un déni de démocratie et une attaque contre la République », développe Marc Monticelli, ingénieur de recherche au labo de maths de la fac. Concours de sonnettes joyeuses. Les manifestants se font déjà entendre. « Qu’est-ce qui se passe ? » demande une cyclotouriste, finalement acquise à la cause. 

9h20
Malgré une charge de la police, le dépôt de camions-bennes d’Aubervilliers reste bloqué. Certains sont présents depuis 6 heures du matin. Une centaine de manifestants de toutes professions et de tous âges, la plupart sans étiquette syndicale, ont fait bloc contre la police ce jeudi matin à Aubervilliers afin de soutenir le mouvement des agents de propreté. A l’intérieur du garage en meulière et briques beige, une dizaine d’éboueurs en grève échange avec la foule à travers la grille. Mis en échec, les policiers ne sont plus visibles près de l’entrée et dans la foule et un militant CGT d’Aubervilliers demande à la foule de rester jusqu’à 10 heures « pour être sûr que les camions ne sortent pas ce matin ». Une délégation devrait alors se rendre au commissariat d’Aubervilliers accompagnée du député LFI-Nupes Bastien Lachaud pour soutenir une personne arrêtée lors de la charge policière. 

9h03
Le kérosène vient à manquer en Ile-de-France. L’approvisionnement en kérosène de l’Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie « devient critique », compte tenu des grèves dans les raffineries contre la réforme des retraites, a signalé jeudi à l’AFP le ministère de la Transition énergétique. Au vu de cette situation, le gouvernement a « pris un arrêté de réquisition » à l’égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, mise à l’arrêt le week-end dernier et où les expéditions de carburants sont bloquées, « mais il n’a pas été décidé de le notifier à ce stade », a ajouté le ministère. A noter que l’aviation civile a demandé que 30 % des vols au départ d’Orly soient annulés ce jeudi.

8h51
Pour Olivier Dussopt, il y a « un avant et un après » conflit social. C’est un constat lucide. Invité de RTL ce jeudi matin, Olivier Dussopt estime qu’« à l’issue d’une mobilisation, d’un conflit comme celui-ci, on ne peut pas penser qu’on va effacer les choses ». Le ministre du Travail pense qu’« il y a un avant et un après, il y a un désaccord qui va persister sur l’âge de départ » à la retraite. Mais Olivier Dussopt croit aussi qu’« il y a des sujets qui permettent de renouer avec un dialogue ». Peut-être pas tout de suite en revanche…

8h46
Au lycée Louis-le-Grand, pro et anti-blocage s’écharpent. Le blocus se poursuit au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Alors que les deuxièmes années de prépa sont autorisés à entrer, d’autres élèves tentent de forcer le passage. « C’est vous les privilégiés ! Votre privilège, c’est de pas avoir à travailler ! » hurle un lycéen qui souhaite aller en cours à ses camarades montés sur des poubelles, provoquant les ricanements de ceux-ci, pas bien certains de comprendre l’argument. Un autre tente de trouver une solution pour suivre son cours et suggère à ses amis d’appeler l’enseignant pour le retrouver en dehors du lycée. Emma, Anna et Louna observent le blocage. Toutes trois élèves en khâgne, elles sont « 100 % d’accord » avec cette mobilisation. Elles aussi ont des concours, dans deux semaines, mais « c’est plus urgent de manifester », jugent-elles. D’ailleurs, elles rejoindront le cortège cet après-midi. 

Chez Amazon, un barrage filtrant, deux objectifs. « En plus des NAO [Négociations annuelles obligatoires avec la direction nationale, ndlr], on se mange la loi des retraites dans la gueule », souffle Nicolas Devos, élu CGT chez Amazon. Dès 6 heures ce matin, au centre de distribution du géant américain à Boves (Somme), un barrage filtrant était organisé. L’objectif ? Faire « d’une pierre deux coups », en protestant à la fois contre la réforme des retraites, mais aussi contre la direction nationale d’Amazon et son refus de revaloriser les salaires à la hauteur des exigences syndicales. « Les prix augmentent et le salaire ne bouge pas, regrette Nicolas Devos. On demande juste qu’Amazon s’aligne sur les prix de l’inflation. » La direction leur a proposé une augmentation de 3 % au cours des précédentes négociations. Les syndicats espèrent arriver à 10 % à l’issue de la journée. 

8h15
Entre 600 000 et 800 000 personnes attendues par la police sur 320 actions. Les cortèges ne se sont pas encore élancés mais la police a déjà livré ses prévisions. Les forces de l’ordre prévoient « entre 600 000 et 800 000 personnes sur environ 320 actions » en France, dont 40 000 à 70 000 à Paris, où le cortège s’élancera à 14 heures de la place de la Bastille, en direction de la place de l’Opéra. Environ 500 gilets jaunes et 500 éléments radicaux sont attendus à Paris, et « en province plus d’une dizaine de villes verront des démonstrations de l’ultra gauche », selon la police.

8h05
A Paris, le lycée Louis-le-Grand bloqué pour la première fois depuis le début de la mobilisation. Depuis 6 h 30 ce matin, des élèves du prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand bloquent leur établissement. Une première depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. « Louis-le-Grand, Henri-IV et les autres « grands » lycées comme ça, on s’attend moins à ce qu’ils soient bloqués parce que c’est la formation de la future élite censée diriger la nation plus tard, juge une élève bloqueuse qui souhaite garder l’anonymat. On veut montrer que même les enfants de banquiers, de cadres ne sont pas d’accord avec ça. Ce n’est pas une idée de classe. » Des élèves en deuxième année de prépa souhaitant aller en cours tentent de forcer le passage. « On a un concours dans un mois ! » s’agacent certains. Les bloqueurs lancent un vote : « Qui est pour laisser passer les deuxième année ? » Après plusieurs votes négatifs, ils décident d’ouvrir le passage à ces élèves et à eux seuls. 

8h00
Transports, écoles, raffineries… Les secteurs en grève ce jeudi. La RATP et la SNCF annoncent de fortes perturbations sur les rails, plus de 40 % des profs de primaire en débrayage, l’aérien annule 30 % de ses vols… Le point sur l’état des mobilisations dans les différents secteurs contre la réforme des retraites.

7h50
Les parcours et horaires des principales manifestations en France. Paris, Marseille, Lyon… Libé a fait la liste des points de départ et d’arrivée des manifs dans les plus grandes villes du pays pour la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi.

Au lycée Louis-Le-Grand à Paris : « On veut montrer que même les enfants de banquiers ne sont pas d’accord »