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Le Monde.fr : François Hollande plaide pour la sécurité sanitaire internationale et des traitements moins onéreux

Mars 2016, par infosecusanté

François Hollande plaide pour la sécurité sanitaire internationale et des traitements moins onéreux

LE MONDE

23.03.2016

Par Paul Benkimoun (Lyon, envoyé spécial)

Renforcer les capacités mondiales de surveillance et de riposte aux épidémies, et trouver des solutions pour garantir l’accès aux traitements onéreux. Ce sont les deux messages que le président de la République, François Hollande, est venu délivrer à Lyon, mercredi 23 mars, lors de la conférence sur la sécurité sanitaire internationale.

Ebola et ses plus de 11 000 morts a marqué les consciences. Cette crise a montré la nécessité de renforcer les systèmes de santé, condition indispensable d’une meilleure sécurité sanitaire internationale. La conférence coorganisée par la France, l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’est tenue à Lyon les 22 et 23 mars, avait pour objectif d’encourager la mise en œuvre du Règlement sanitaire international, l’instrument juridique qui impose aux Etats de travailler ensemble face aux risques graves pour la santé publique.

Le président de la République a rappelé que la France a été l’un des pays les plus engagés dans l’aide aux pays frappés par Ebola, principalement en Guinée, pour laquelle 160 millions d’euros ont été débloqués en 2014 et 2015. Elle investit chaque année plus de 1 milliard d’euros dans les actions de développement en santé dans le monde.

Diplomatie sanitaire

Dans son intervention en clôture de la conférence, François Hollande a dressé une liste de priorités. « La première est d’améliorer les systèmes de surveillance, d’alerte et de diagnostic partout dans le monde », a expliqué le chef de l’Etat, avant de compléter en citant une meilleure planification de la réponse d’urgence aux crises et leur gestion.

Autre priorité, la recherche. En pointe, notamment face aux épidémies d’Ebola et de Zika, « la France a constitué un consortium mutualisant les moyens de ses instituts, baptisé REACTing, chargé de préparer la recherche sur les menaces sanitaires émergentes ».

François Hollande a ensuite dressé les contours d’une diplomatie sanitaire en appelant à assurer la sécurité sanitaire au niveau mondial. Il a apporté son soutien à la réforme en cours de l’OMS, engagée par sa directrice générale, Margaret Chan, pour la doter d’un programme unique de réponse aux urgences, avec une chaîne hiérarchique clairement définie, des règles, des procédures et des ressources humaines et financières.

« L’idée est de créer un véritable centre de préparation aux urgences sanitaires mondiales, très étroitement coordonné avec l’Organisation mondiale de la santé animale et la FAO, a précisé le chef de l’Etat. Je souhaite que le bureau de l’OMS de Lyon puisse prendre en charge deux missions qui sont un angle mort de l’architecture sanitaire internationale : l’évaluation universelle et périodique de la capacité des Etats à mettre en œuvre le Règlement sanitaire international, et la formation des cadres de la sécurité sanitaire. »

Le bureau de l’OMS de Lyon fait partie du département Capacités mondiales, alerte et action (GCR), chargé de la coordination du Règlement sanitaire international, au sein de l’organisation internationale et possède déjà une expérience dans la réponse aux crises sanitaires. Paris est en contact avec l’OMS, l’Union européenne et les Etats-Unis pour envisager la manière de le transformer en ce nouvel instrument de référence. La France devrait fournir des moyens financiers à la nouvelle structure. Le montant de cette contribution n’est pas encore fixé mais une hypothèse tournerait autour de 5 millions d’euros par an.

Baisser le prix des médicaments innovants

Le président avait évoqué le prix élevé de nouveaux médicaments anticancéreux plus tôt lors de sa visite dans la matinée à l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique au centre de lutte contre le cancer Léon Bérard, à Lyon. « Nous sommes engagés dans un combat qui est de permettre l’accès de tous aux thérapies les plus innovantes et de faire en sorte que, partout dans le monde, le prix des médicaments puisse être maîtrisé, régulé, pour que les personnes malades puissent être traitées avec dignité et aussi espoir, a-t-il affirmé. Dans une démocratie, a ajouté le chef de l’Etat, il ne peut pas être dit à une personne, quel que soit son niveau de revenu, ses origines, son parcours : vous ne pouvez pas être soignée et guérie parce que c’est trop cher. Nous devons agir au plan international et c’est ce que nous allons faire. »

Afin de lutter contre les prix élevés de certains médicaments innovants comme ceux contre l’hépatite C ou les cancers, François Hollande devrait plaider lors au prochain sommet du G7, qui se tiendra du 26 au 28 mai 2016 à Shima (Japon), en faveur d’une initiative pour faire émerger un dialogue et une plus grande coordination internationale entre Etats, autorités de régulation et industrie pharmaceutique. La semaine prochaine, les sherpas des pays membres du G7 en discuteront au Japon. Ce travail se développera parallèlement en marge de l’Assemblée mondiale de la santé, la réunion annuelle suprême de l’OMS, prévue du 23 au 28 mai, et se prolongera par la réunion des ministres de la santé du G7 au Japon en septembre.

« Rôle leader de la France »

Réagissant aux propos du président de la République, Bill Gates a expliqué au Monde : « Je suis d’accord avec les points essentiels qu’a présentés François Hollande. C’est en combinant des soins de santé primaires sur le terrain et un système de surveillance, notamment d’identification de phénomènes épidémiques inhabituels, que la santé mondiale progressera. L’OMS a des moyens budgétaires relativement modestes et beaucoup de choses dépendent de la rapidité à laquelle les informations sont transmises et les ressources supplémentaires peuvent être affectées. »

Bill Gates salue le « rôle de leader de la France, qui a été réaffirmé par le président Hollande, et sa volonté de continuer à être l’un des premiers contributeurs de Unitaid, de Gavi et bien sûr du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. J’espère que la France sera l’un des premiers Etats à annoncer le montant de sa contribution lors de la conférence de reconstitution du Fonds, à l’automne ».

Paul Benkimoun (Lyon, envoyé spécial)
Journaliste au Monde