L’Anticapitaliste Hebdo du NPA

L’anticapitaliste Hebdo : SDF : l’aide et la matraque

Décembre 2017, par infosecusanté

SDF : l’aide et la matraque

Notre presse : Hebdo L’Anticapitaliste - 409 (14/12/2017).
Mercredi 13 décembre 2017,

Le sociologue Pierre Bourdieu a écrit que l’État avait une « main droite », les fonctions « nobles » de ceux qui décident, et une « main gauche » : « ceux que l’on envoie en première ligne remplir des fonctions dites "sociales" et suppléer les insuffisances les plus intolérables de la logique du marché sans leur donner les moyens d’accomplir vraiment leur mission ».

Avec les politiques d’austérité et les suppressions de postes, les missions de la « main gauche » sont de plus en plus dévolues à des associations.

Le gouvernement veut qu’en plus de leurs tâches d’aide et d’assistance, les associations remplissent un rôle de flicage. C’est ce qui a amené une quinzaine d’entre elles à claquer la porte du ministère de l’Intérieur ce vendredi 8 décembre. Le ministre, Gérard Collomb, voulait leur présenter une circulaire permettant d’envoyer des équipes mobiles d’agents de l’Office français de l’immigration et des préfectures contrôler les personnes hébergées dans l’accueil d’urgence, afin d’en sortir les personnes sans-papiers.

Les gestionnaires des foyers où l’on abrite les SDF refusent de collaborer au tri entre leurs pensionnaires, estimant que toutes les personnes accueillies ont besoin de leur aide. « L’État a décidé de sortir ces personnes des hôtels et autres foyers pour les mettre dans des structures spéciales et les renvoyer », souligne Laurent Giovannoni, du Secours catholique.

L’objectif affiché est de dégager des places supplémentaires pour les sans-abri : le dispositif d’accueil a explosé avant même l’arrivée des grands froids. Mais l’État, qui ne se donne pas les moyens de créer les places nécessaires, a, en fait, décidé d’opérer des renvois massifs de sans-papiers vers les pays d’origine.

Les associations estiment que trois lignes rouges sont en train d’être franchies par le gouvernement : la remise en cause de l’inconditionnalité de l’accueil, l’instauration de contrôles dans les foyers et, enfin, la création de passerelles entre les informations du système d’accueil d’urgence et les préfectures.

Doter la « main gauche » d’une matraque et la détourner des objectifs d’assistance : cet objectif risque vite de déteindre sur d’autres aspects de l’action sociale.

HW