Luttes et mobilisations

Paris Normandie.fr : Hospitaliers, retraités, fonctionnaires, cheminots... : le printemps s’annonce social en Normandie

Mars 2018, par infosecusanté

Hospitaliers, retraités, fonctionnaires, cheminots... : le printemps s’annonce social en Normandie

PN 11/03/2018
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Une nouvelle journée d’action est programmée le jeudi 15 mars dans tous les établissements pour personnes âgées. Si la ministre des Solidarités et de la Santé commence à lâcher un peu de lest, l’intersyndicale n’est pas satisfaite. Catherine Monfray, porte-parole de l’intersyndicale normande, explique les raisons du conflit. Cette journée en annonce une autre le 22 mars pour les fonctionnaires et les cheminots. Mars est le mois de la contestation sociale.

Ils avaient prévenu. Si leurs représentants n’étaient pas reçus à l’Élysée avant le 15 février, les syndicats CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, Fédération autonome, FO, FSU, Solidaires, Union fédérale action sociale et Unsa, et l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) organiseraient une nouvelle journée d’action. Celle-ci aura lieu ce jeudi 15 mars, avec à Paris un rassemblement devant le ministère de la Santé et des manifestations en régions. La précédente journée d’action, le 30 janvier, avait concerné les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et les services à domicile. La nouvelle est élargie à tous les établissements pour personnes âgées (hôpitaux gériatriques, unités de soins longue durée, maisons de retraite non médicalisées),

« Un petit pas »

Avec 25 ans d’expérience comme aide-soignante au centre Durécu-Lavoisier, maison de retraite à Darnétal près de Rouen, Catherine Monfray sait de quoi elle parle. C’est avec passion que la secrétaire départementale adjointe FO santé et porte-parole de l’intersyndicale en Seine-Maritime défend sa profession. Elle souligne que le rapport Iborra, commandé par la commission des affaires sociales de l’assemblée nationale en septembre 2017, avait pointé du doigt « dans sa grande majorité ce que nous dénonçons ».

Les syndicats réclame l’abrogation de la réforme de la tarification « qui va se traduire par des suppressions de postes et une prise en charge des résidents encore plus dégradée. » Mercredi, Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé s’est engagée à « neutraliser les effets négatifs » de la réforme du financement des maisons de retraite, synonyme de pertes de recettes pour « 20 à 25 % » d’établissements, lors d’une audition au Sénat. Elle a ajouté qu’un médiateur était chargé de lui soumettre des « pistes » en ce sens « fin mars ».

« Un premier tout petit pas, dont il convient encore de préciser les modalités effectives de mise en œuvre », ont réagi les syndicats et l’association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). En revanche, « toujours aucune annonce » concernant l’aide à domicile ou les « hôpitaux gériatriques en cours de fermeture, tout aussi concernés par la crise profonde » du secteur de l’aide aux personnes âgées, ont-ils regretté.

« Une société se juge à la façon dont elle traite ses anciens », résume Catherine Monfray. « Le troisième âge ça va, mais le quatrième c’est plus compliqué... Avec le maintien à domicile le plus tard possible - une bonne chose - nous avons désormais dans nos établissements de plus en plus de personnes qui ont des polypathologies et qui sont très dépendantes. C’est une évolution de la prise en charge des aînés mais aussi de nos métiers. »

Des personnes âgées qui souffrent aussi de plus en plus de troubles cognitifs, de la mémoire ou du comportement. « Avoir des établissements sécurisés, c’est facile, Il suffit de mettre des portes ! Mais ces personnes souffrent souvent d’angoisse et ont besoin d’une présence tout au long de la journée. Il faut des aides soignantes, des aides médico-psychologiques. » L’intersyndicale a fait le calcul des besoins en Seine-Maritime et dans l’Eure. Il manque de 20 à 50 % de postes dans les Ehpad, soit près de 2 000 agents pour se rapprocher de la promesse faîte sous le gouvernement Villepin : un agent par résident ! « Nous avons une nouvelle formation d’assistante de soins en gérontologie qui existe pour prendre en charge ces personnes les plus dépendantes. L’Agence régionale de santé et les Départements autorisent quelques postes mais nous sommes bloqués en raison des questions de financement. Ici à Durécu, nous sommes à 280 agents pour 320 lits. Manque 40 personnes », note Catherine Monfray.

« Se laisser mourir »

Elle souligne l’augmentation des troubles musculo-squelettiques chez un personnel essentiellement féminin et usé par la charge de travail. « Le porter-coucher des patients fatigue les organismes. Nous réclamons des verticalisateurs et des lève-malades par unité de soins, ce qui est rarement le cas. Nous ne voulons pas des journées coupées qui font qu’un agent travaille le matin, s’arrête puis reprend le soir pour remédier au manque d’effectifs. C’est le cas au Tréport par exemple. » Elle réclame aussi une meilleure professionnalisation des agents de services hospitaliers qui de plus en plus, pour compenser le manque de moyens humains, font le travail des aides-soignantes pour le toilettage, les changes... « C’est un métier humain et passionnant, mais c’est aussi un métier usant physiquement et moralement. Nous sommes confrontés à la fin de vie. À Durécu, c’est 90 décès par an. J’ai vu des personnes se laisser mourir en arrivant en Ehpad tellement le choc est grand pour elles. J’ai été confrontée à cela est c’est très dur à gérer ! »

Une salve de manifestations

Tout commence donc le jeudi 15 mars avec une journée de grève et de manifestations dans le secteur des établissements pour personnes âgées. Des rassemblements sont prévus à Rouen, de 10 h 30 à 15 h devant le Théâtre des Arts, au Havre, à la sous-préfecture à 10 h 30 et à Évreux, à 10 h sur le pré du Bel-Ébat.

Ce même jour, neuf organisations de retraités manifesteront à Paris et en régions contre la hausse de la CSG et la perte de leur pouvoir d’achat. Ils se joindront aux rassemblements prévus par le secteur de la gériatrie et de la dépendance.
Enfin le jeudi 22 mars, c’est la fonction publique qui manifestera pour « le pouvoir d’achat, les missions publiques, le statut pour l’emploi et les conditions de travail. »

Les fonctionnaires seront rejoints par les agents de la SNCF qui manifesteront eux aussi à l’appel de leurs syndicats pour protester contre le projet gouvernemental de réforme.