Luttes et mobilisations

Infirmiers.com - Hôpital, Ehpad : les soignants (re)montent au créneau !

Mars 2018, par Info santé sécu social

22.03.18 Mise à jour le 21.03.18

Les personnels des trois Fonctions publiques seront dans la rue, jeudi 22 mars dès 14h, pour une journée d’action à l’appel de l’intersyndicale. Personnels hospitaliers, d’Ehpad, agents administratifs, mais aussi cheminots, enseignants personnels de la RATP et du transport aérien défileront contre le plan « Action publique 2022 » du gouvernement et pour la défense du service public. Au total, 140 manifestations sont prévues sur l’ensemble du territoire. A Paris, le cortège partira de Bercy à 14h pour se diriger vers la place de la Bastille. Infirmiers.com suivra cette journée au plus près.

Manifestation infirmiers en colère
Les organisations CFTC, CGC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires ont déposé « un préavis de grève unitaire » pour la journée du 22 mars 2018.

Allons-nous continuer à être maltraités sans rien dire ? s’insurge la Coordination Nationale Infirmière (CNI). Le ton employé est à la hauteur du ras-le-bol. La souffrance de l’hôpital public, celle des personnels des Ehpad… Le sujet est hélas récurrent depuis maintenant plusieurs années. A l’appel de sept syndicats sur neuf que compte la Fonction Publique (CFTC, CGC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires), les fonctionnaires seront donc en grève ce jeudi. L’objectif de cette grève : faire front commun pour protester, notamment, contre le gel du point d’indice des fonctionnaires, la restauration du jour de carence en cas de maladie et la suppression de 120.000 postes au cours du quinquennat. Les salariés des Ehpad, déjà mobilisés à plusieurs reprises en janvier et en mars, vont également participer à ce mouvement. Une dynamique peut s’enclencher pour que convergent les mobilisations des personnels des EHPAD, des hôpitaux, de l’éducation nationale, des cheminots, des fonctionnaires en défense du service public, souligne le communiqué commun.

"Alors que dans les hôpitaux, dans les EHPAD, nous, soignants, (…) sommes à bout de souffle, (…) que nos valeurs sont bafouées sur l’hôtel de la rentabilité, nous ne pouvons tolérer cette entreprise de destruction." CNI

Une nouvelle journée d’action
Infirmiers, aides-soignants, médecins, étaient déjà descendus dans la rue, mardi 10 octobre 2017, à l’appel des neuf syndicats de la Fonction publique hospitalière. Ce sont les mêmes raisons qui poussent à nouveau les professionnels de santé à venir défiler : la défense de leurs conditions de travail et l’expression du grand malaise de la profession sur le terrain. Des organisations de médecins hospitaliers, comme l’Amuf (urgentistes), le SNMH FO, ou le SNPHAR-E (anesthésistes), soutiendront le mouvement. L’AMUF, notamment, appelle l’ensemble des praticiens à se déclarer gréviste le 22mars pour exprimer leur mécontentement et exiger du gouvernement les moyens de travailler dans des conditions dignes pour eux-mêmes et pour les patients. Le Syndicat National des Infirmiers Anesthésistes (SNIA) s’associe également au mouvement de grève du 22 mars, détaillant ses raisons : Dans ce contexte où la comptabilité a pris le pas sur le « prendre soin », les personnels hospitaliers sont victimes de pertes de repères. Les signes de la souffrance au travail se multiplient. Le sentiment de décalage entre la politique hospitalière nationale et valeurs professionnelles s’accroît. Les soignants sont le dernier rempart fragile au service de la qualité des soins. Le gouvernement promet une réforme de la fonction publique visant à réduire les dépenses de l’État. Cette réforme est une nouvelle attaque ciblant les fonctionnaires hospitaliers. Le recours généralisé à la contractualisation des personnels met véritablement en danger l’indépendance professionnelle des personnels soignants et discrédite encore un peu plus les filières soignantes déjà victimes d’inégalités statutaires. Les personnels de plusieurs services d’urgence étaient également appelés à se mobiliser dès ce mardi 20 mars, pour dénoncer des urgences saturées et à bout de souffle.

Que demandent les syndicats ?
Les organisations CFTC, CGC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires ont déposé « un préavis de grève unitaire » pour la journée du 22 mars 2018. Les organisations sollicitent une audience auprès du Ministre de l’Action et des Comptes Publics, Gérald Darmanin et du Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Action et des comptes publics, Olivier Dussopt pour évoquer notamment les points suivants :

La nécessité d’une négociation salariale immédiate pour le dégel de la valeur du point d’indice, le rattrapage des pertes subies et l’augmentation du pouvoir d’achat ;
La nécessité de créer des emplois statutaires dans les nombreux services qui en ont besoin, nécessité qui s’oppose à de nouvelles suppressions ;
Un nouveau plan de titularisation des contractuels et de nouvelles mesures pour combattre la précarité ;
Des dispositions exigeantes pour faire respecter l’égalité professionnelle ;
L’abrogation du jour de carence ;
La défense et la pérennisation du système de retraite par répartition et des régimes particuliers ;
La question de la préservation du statut général des fonctionnaires, et des statuts particuliers, qui permettent déjà de répondre aux besoins de la population sur l’ensemble du territoire et qui garantissent l’égalité entre les usagers.
Les organisations dénonce un « Plan Action publique 2022 » essentiellement budgétaire et qui ne répond pas aux problématiques exprimées.

Et les Ehpad dans tout ça ?
Soulignons également que les personnels des Ehpad et des services à domicile, qui se sont mobilisés le 15 mars dernier à l’appel, là encore, des organisations syndicales, participeront à ce nouveau mouvement :

En priorité plus de moyens financiers et humains, avec l’application du ratio d’un agent par résident (contre 6 soignants pour 10 résidents actuellement)
L’abrogation de la réforme de la tarification des Ehpad, qui ne prend pas suffisamment en compte les disparités entre établissements.
Hôpital : le point sur les principales revendications
Le Syndicat National des Infirmiers de Bloc Opératoire (SNIBO) appelle les Ibode à suivre le mouvement de grève et à se mobiliser en nombre pour dénoncer la dégradation des conditions de travail dans les blocs opératoires. Le syndicat dénonce notamment l’augmentation des rythmes de travail, justifiés par le seul ratio économique au détriment des patients et des Ibode, la tarification à l’acte occasionnant des dérives accidentogènes dans la planification des interventions et revendique l’arrêt des suppressions de poste. Enfin, le SNIBO s’oppose à l’accumulation de mesures gouvernementales visant à garantir des objectifs économiques au détriment de la sécurité à la fois des patients et du personnel soignant.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) appelle également l’ensemble des professionnels infirmiers (infirmières, cadres, infirmières spécialisées) des secteurs publics de toute nature (sanitaire, médico-social, à domicile) à s’associer au mouvement de grève. Le syndicat rappelle les revendications des professionnels, comme l’arrêt des suppressions d’emplois et les créations statutaires dans les nombreux services qui en ont besoin et non un plan destiné à accompagner de nouvelles et massives suppressions ou encore une négociation salariale immédiate pour le dégel de la valeur du point d’indice, le rattrapage des pertes subies et l’augmentation du pouvoir d’achat.

La santé, un grand chantier… de démolition pour la CNI. La Coordination Nationale Infirmière se joint également au mouvement, affichant son mécontentement : Aujourd’hui, la colère est proportionnelle à la déception, souligne le CNI, visant le gouvernement, aux manettes depuis dix mois. Taclant au passage la ministre des Solidarité et de la Santé Agnès Buzyn (Un médecin aura peut-être une meilleure compréhension de nos problèmes pensaient certains…), la CNI s’insurge : Alors que dans les hôpitaux, dans les EHPAD, nous, soignants, en manque de reconnaissance, sommes à bout de souffle, que notre souffrance dépasse les limites de l’entendement, que nos valeurs sont bafouées sur l’hôtel de la rentabilité, nous ne pouvons tolérer cette entreprise de destruction. Après ce qu’elle considère comme un travail de sape de la part du gouvernement, elle redoute la prochaine étape : la précarisation des emplois, le salaire au mérite, la réforme des régimes de retraite.