Luttes et mobilisations

Libération - A Paris, « ce n’est pas encore la marée blanche, mais c’est la première salve »

Mai 2018, par Info santé sécu social

Par Lorène Paul — 15 mai 2018

Les hospitaliers ont manifesté ce mardi à Paris pour la sauvegarde de l’hôpital public. Avec des revendications qui perdurent : ils pointent du doigt le manque des moyens mis à disposition des hôpitaux et le manque de personnel. « Tout le monde connaît les problèmes à l’hôpital, mais il se passe rien », lâche ainsi Mathias Monnier, infirmier à l’hôpital psychiatrique du Havre.

Vers 13 heures, les manifestants hospitaliers se sont retrouvés à l’esplanade des Invalides, à l’appel de SUD santé-sociaux, CGT et du collectif Hôpitaux en lutte. Avant de se rendre devant le ministère des Solidarités et de la Santé, certains des manifestants ont pris le métro pour manifester sur les Champs-Elysées. La circulation a été coupée quelques minutes. Des députés ont également été aperçus, à l’image de Caroline Fiat, Clémentine Autain, Adrien Quatennens et Eric Coquerel (La France insoumise) mais aussi du centriste Jean Lassalle.

« Il faut des centaines de milliers d’emplois supplémentaires »
« Les collègues sont désabusés, ils ne viennent même plus se défendre, j’espérais une marée blanche mais c’est un peu raté », remarque Mathias Monnier. La mobilisation n’est certes pas à son maximum. Ils étaient environ 600 selon le syndicat SUD santé-sociaux et la préfecture de police. « Aujourd’hui, ce n’est pas encore la marée blanche, mais c’est la première salve, la vague annonciatrice d’un mouvement général que l’on veut pour les hôpitaux et les Ehpad publiques », estime Pascal Dias, 59 ans, syndicaliste à SUD santé-sociaux et infirmier psychiatrique. « C’est simple, il faut des centaines de milliers d’emplois supplémentaires, les formations qui vont avec, les salaires qui vont avec et les budgets qui vont avec. Aujourd’hui, il est temps d’enclencher la machine », ajoute-t-il.

En blouses blanches pour la plupart, les manifestants sont pancartes à la main – « AP-HP à l’agonie, conditions de vie, suicides, manque de lits de personnels », « En grève nous sommes désabuzyn » – et mégaphone en marche – « Y en a assez de ce ministère qui tue les infirmières et répand la galère, encaisse les millions et se fout de notre opinion ».

« Le plus dur, c’est de sortir insatisfait de son travail »
« Je ne travaille qu’à mi-temps et je n’en peux déjà plus. Je me demande comment mes collègues à temps plein font pour survivre. Les gens meurent d’occlusion intestinale en psychiatrie (les traitements neuroleptiques affaiblissent le transit). La situation est telle que ce n’est pas une histoire de mauvais médecins, simplement qu’il n’y en a pas, affirme Mathias Monnier, 45 ans. Il faut venir constater : le personnel n’est pas assez nombreux, on n’a pas de couverts, pas assez d’oreillers, les gens peuvent dormir à terre. Et c’est comme ça partout. »

Même son de cloche chez Camille, infirmière de 37 ans, « le plus dur c’est de sortir insatisfait de son travail, de savoir qu’on aurait besoin d’un certain temps pour faire les choses correctement, d’apporter des réponses aux gens et de pas pouvoir le prendre ». Ce qui revient toujours au fil de la conversation, c’est le ras-le-bol généralisé.

« Aujourd’hui il fallait traduire la colère, le ras-le-bol des hôpitaux. Il n’y a pas un seul hôpital qui n’a pas subi de mesures d’austérité et à qui on demande, dans une situation déjà tendue, une baisse de moyens. On aime ce qu’on fait, mais on aime pas la façon dont on nous le fait faire », déclare Olivier Mans, secrétaire général de la fédération SUD santé-sociaux.

« Il est urgent d’aller vite. On peut plus se contenter de bagarres ça et là il faut maintenant un grand mouvement tous ensemble dans le cadre de ce printemps social et c’est clair qu’aujourd’hui y a des revendications : nos collègues du rail, nos collègues étudiants, les postiers… On a une convergence des luttes, comme la défense du service public », observe Pascal Dias. La prochaine date de mobilisation est d’ores et déjà prévue au 22 mai.

Lorène Paul