Luttes et mobilisations

Paris Noramandie.fr : Benoît Hamon auprès des grévistes de l’hôpital du Rouvray : « C’est insupportable et indigne ! »

Mai 2018, par infosecusanté

Benoît Hamon auprès des grévistes de l’hôpital du Rouvray : « C’est insupportable et indigne ! »

Paris Normandie

29/05/2018

Parmi les nombreux soutiens aux grévistes de la faim, l’émotion était palpable
Social. Très dur à l’égard de la direction, l’ex-candidat à la présidentielle est venu apporter mardi 29 mai 2018 sa visibilité médiatique aux grévistes de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, près de Rouen.

Benoît Hamon se retourne vers son équipe. « On va essayer de se choper une matinale, Bourdin ou un autre... » Face aux représentants des salariés du centre hospitalier du Rouvray, qu’il est venu rencontrer à Sotteville-lès-Rouen après un passage au CHU de Rouen (lire notre édition d’hier) l’ancien candidat PS à la présidentielle, aujourd’hui à la tête du mouvement Génération.s, a promis hier mardi de peser de tout son poids médiatique - à défaut d’être politique - pour faire entendre leur cause.

Président « kéké »

Et avant de pouvoir le faire sur les ondes radiophoniques, l’ex-ministre n’a pas mâché ses mots à l’intention de la direction de l’établissement comme de sa hiérarchie, ARS (Agence régionale de santé) et ministère de la Santé, accusés de laisser pourrir la situation. Voilà en effet plus de deux mois qu’un mouvement de grève a été lancé dans le troisième hôpital psychiatrique de France, pour réclamer davantage de moyens. Deux mois sans la moindre avancée, depuis la proposition initiale de la direction de recourir à cinq recrutements... là où les syndicats estiment à 52 le nombre minimum de postes supplémentaires « pour simplement fonctionner ».

Quatre agents de l’établissement ont entamé une grève de la faim il y a une semaine. Ils sont désormais au nombre de sept. « La situation ici en dit long sur la dégradation de notre démocratie sociale, tempête Benoît Hamon. Qu’on en arrive, en 2018 en France, à ce que des salariés soient obligés de se mettre en grève de la faim pour espérer être entendus et pouvoir faire correctement leur travail... C’est insupportable et indigne ! » Pas très judicieux non plus, de la part de la direction, d’interdire officiellement l’accès du site aux médias, à la veille du déplacement de l’ex-candidat. Bilan : des centaines de manifestants - dont des cheminots et autres délégations professionnelles au côté des hospitaliers - rassemblés sous les fenêtres de l’administration, à portée de micros, caméras et calepins...

Pour Benoît Hamon, l’attitude de la direction du Rouvray illustre en toute logique « un sentiment d’impunité ». « Ne cherchez pas, lâche-t-il. La direction est couverte politiquement. » Couverte jusqu’au plus haut sommet de l’État, accuse l’opposant offensif à Emmanuel Macron : « On a un président de la République qui va faire le kéké avec de la communication dans tous les sens », et qui « ici donne des ordres : ne leur donnez surtout pas une victoire, cela pourrait donner des envies ailleurs. On en est là, aujourd’hui. »

Ultimatum

C’est par un appel « solennel » à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, que Benoît Hamon a quitté les lieux hier : « Si elle continue à laisser des hommes et des femmes mettre en danger leur propre santé, elle prendra une responsabilité historique extrêmement grave : cela ne pourra pas rester sans conséquence. »

L’intersyndicale de l’hôpital, elle, a fixé un ultimatum : elle exige le début de « vraies négociations » au plus tard vendredi. En attendant, ses représentants veulent croire qu’ils ont « déjà un peu gagné » la bataille de l’opinion. Interrogés par leur hôte médiatique sur le soutien des élus locaux, ces derniers n’ont pas manqué en revanche de déplorer l’absence de relais, hormis celui des élus communistes du secteur. Mais c’était sans compter sur ce courrier d’Yvon Robert à la directrice de l’ARS, tombé hier après-midi dans les boîtes mails par une surprenante coïncidence : le maire de Rouen invite cette dernière à « bien vouloir prêter une attention toute particulière sur la situation du centre hospitalier du Rouvray ». Mieux vaut très tard que jamais.

Les engagements de la ministre de la Santé

Interrogée hier soir sur Cnews, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré que l’Agence régionale de santé « travaille » au recrutement de professionnels dans l’établissement, « puisqu’elle a missionné une mission d’audit pour évaluer les besoins ». L’ARS « s’est engagée notamment à créer une unité spécialisée, en avance de phase par rapport à ce qui était prévu », a-t-elle ajouté.
« Le dialogue n’est pas rompu avec ces professionnels (...) Ce qui compte c’est qu’on leur donne un message d’espoir sur le fait que nous allons augmenter, évidemment, les ressources humaines », a poursuivi Mme Buzyn. Mais « la difficulté, dans cet établissement, c’est le recrutement des psychiatres, nous n’en avons pas suffisamment », a-t-elle dit. En 2016 l’effectif équivalent temps plein de l’hôpital se montait à 1 951 personnes.
Thomas DUBOIS