Luttes et mobilisations

Paris Normandie ; Un millier de personnes dans les rues de Rouen pour soutenir les grévistes de la faim au Rouvray

Juin 2018, par infosecusanté

Un millier de personnes dans les rues de Rouen pour soutenir les grévistes de la faim au Rouvray

Christophe HUBARD

4 juin 2018

L’heure est à l’action. Quatorze jours après le début d’une grève de la faim entamée par quatre - puis sept - salariés de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, une marche était organisée, hier lundi, dans les rues de Rouen. Le mouvement a débuté le 22 mars avec une grève illimitée à l’appel d’une intersyndicale, une première. Le personnel soignant réclame cinquante-deux postes pour assurer leurs missions et un accueil digne.

« Vous vous êtes battus comme des lions, ça continue »

Sur le parvis de la mairie, un millier de personnes s’amasse. Au micro, Frank Prouhet, médecin généraliste accompagnant les grévistes, évoque leur état de santé. « Un des grévistes de la faim a dû arrêter parce qu’il est à 14 % de perte de poids. Il est hospitalisé à partir d’aujourd’hui [lundi] », détaille-t-il. Lundi midi, un second avait dû être hospitalisé également pour des raisons médicales. « Une des grévistes a dû arrêter sa grève, elle aussi, tout simplement parce que des choses sont arrivées dans sa famille, ce qui fait qu’elle n’était plus en situation de pouvoir faire ça.

Jean-Yves, Marc-Aurélien et Anne, vous vous êtes battus comme des lions et surtout le combat n’est pas fini. Après le coup de mou de ce matin, ça continue, on est déterminé. Un autre syndicaliste, René, a décidé de les rejoindre. » Ils sont donc désormais cinq à poursuivre cette grève de la faim.

Dans la foule des soutiens, des salariés de l’hôpital de Navarre à Évreux et de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre sont présents. Mais aussi des enseignants, des cheminots, des psychologues... « C’est la question des services publics et des moyens qui leur sont consacrés qui se pose ici », explique Sylvain Brière, cheminot à Sotteville-lès-Rouen. « Même si on ne partage pas le mode d’action, on ne peut pas rester indifférent. La psychiatrie est le parent pauvre de la santé depuis longtemps, relève-t-il encore. La charge de travail à l’HP va monter car on va tous y finir avec cette société ! »

La grève de la faim entamée montre « à quel point cette lutte est vitale », estime, pour sa part, Christelle, psychologue dans une association à Yvetot. « Pour qu’ils aillent jusqu’à cette extrémité, c’est grave. Il faut que quelque chose bouge. Ils ne demandent pas de l’argent, juste des renforts. »

Dans la foule des anonymes, une enseignante à Saint-Étienne-du-Rouvray, également venue pour soutenir les grévistes de la faim. « Je trouve que l’État devient maltraitant à l’hôpital, à l’Ehpad, à l’école, en prison », liste-t-elle, dans une colère contenue. « Je suis en colère qu’il n’y ait pas plus de gens [dans la rue]. Moi aussi je suis fatiguée, j’ai beaucoup de travail demain mais c’est indispensable d’être là. » Le personnel du Rouvray travaille au quotidien « pour soulager la souffrance et soigner ». « Si on ne respecte plus ça, on ne respecte plus rien. Il n’y a plus de République », achève cette enseignante ressentant un sentiment d’« abandon » de la part de l’État.

Après avoir descendu la rue Jeanne-d’Arc pour rejoindre les quais, les soutiens sont retournés en direction de la place du Général-de-Gaulle, où de nouvelles prises de parole étaient attendues. Ce mardi matin, la secrétaire générale de la CGT santé est attendu au Rouvray.

Une médiation refusée
Vendredi, Fabienne Buccio, préfète de Normandie/Seine-Maritime a proposé de recevoir une délégation hier à 14 h 30 pour, dit-elle, « renouer le dialogue » et sans « poser de conditions préalables ». « La situation ne peut plus durer, j’ouvre ma porte ». Dimanche matin, l’intersyndicale a décliné la proposition jugeant les moyens de pression de la préfète de Région « inexistants et devant l’absence de propositions en amont de ce rendez-vous. » « Ma proposition tient toujours », indiquait hier Fabienne Buccio qui travaille sur ce dossier en direct avec la directrice de l’ARS.