Luttes et mobilisations

Paris Normandie.fr : Le Havre : Les urgences de l’hôpital psychiatrique se sont mises en grève. Et les collègues des autres services de les suivre pour réclamer des moyens.

Juin 2018, par infosecusanté

Les urgences de l’hôpital psychiatrique se sont mises en grève. Et les collègues des autres services de les suivre pour réclamer des moyens.

Première action significative des agents hospitaliers du centre Pierre-Janet avec le blocage hier durant une bonne trentaine de minutes de la rue Maréchal-Joffre au pied de l’hôpital psychiatrique. Ils étaient environ 80 à occuper le carrefour en sit-in, scandant des slogans. À l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT et Sud, les urgences psychiatriques ont déposé un préavis de grève reconductible pour samedi prochain. Le mouvement engagé par la psychiatrie de Saint-Étienne-du-Rouvray a fait tache d’huile. Après dix semaines de conflit marqué par une grève de la faim suivie par plusieurs agents, le « Rouvray » a obtenu gain de cause sur ses revendications. Le Havre s’est mobilisé en solidarité pour les voisins de Rouen tout en étant confronté aux mêmes maux. Après cette victoire, Pierre-Janet a aussi décidé de se lancer dans la grève.
Des actions annoncées
Ce sont les urgences qui donnent le ton. Logique. Si la situation semble dégradée sur l’ensemble de l’établissement, elle est catastrophique à l’Unité d’accueil et de crise (UAC). « Nous alertons depuis plusieurs années sur une situation qui ne cesse d’empirer, dénonce Audrey Capitaine, infirmière psychiatrique et déléguée syndicale CGT. Les urgences sont intervenues en CHSCT avec une motion pour dénoncer la réalité de la prise en charge des patients dans des conditions inhumaines et indignes et le sens perdu du travail des agents hospitaliers. Aux urgences, les patients sont accueillis sur des matelas de fortune à même le sol. Nous disposons de cinq lits alors que nous accueillons quotidiennement quinze personnes depuis plusieurs années. Les locaux ne sont pas adaptés et nous manquons cruellement de personnel dans tous les services. Nous réclamons aussi le recrutement de médecins psychiatres. »
L’assemblée générale du personnel s’est tenue en début d’après-midi devant l’établissement avec pour objectif de rallier les autres services à l’action. Les prises de parole se sont enchaînées. Les représentants des usagers, des parents dans le désarroi, ont apporté leur soutien au mouvement. « Nous constatons, en tant que familles, les mauvaises conditions d’accueil. C’est impensable au XXIe siècle, martèle Brigitte, une maman. Les soins infirmiers psychiatriques sont des soins humains qu’on ne peut pas remplacer par une machine. Bien sûr il y a un coût. » Certains politiques ont aussi apporté leur soutien. Les élus seront d’ailleurs les prochaines cibles des actions que les grévistes ont définies. Ils comptent s’inviter lundi au prochain conseil municipal du Havre. Un moyen de faire pression sur l’Agence régionale de santé (ARS). « Pendant la grève, les patients restent notre priorité. Nous allons faire les soins, mais nous refusons d’effectuer les démarches administratives. Il n’est pas question de faire payer le prix d’une hospitalisation normale à des malades qui n’auront même pas une chambre où dormir », prévient encore l’intersyndicale.

Stéphane ROUSSEAU