Luttes et mobilisations

Paris Normandie.fr : Le Havre, Rouen : la psychiatrie reste sous haute tension

Juin 2018, par infosecusanté

Le Havre, Rouen : la psychiatrie reste sous haute tension

Publié 26/06/2018 22:37

Bien qu’un accord ait été trouvé au Centre hospitalier du Rouvray, près de Rouen, les syndicats posent des conditions à la signature du document. Au Havre, à l’hôpital Pierre-Janet, la situation est sous haute tension. Les grévistes occupent désormais le toit de l’établissement.

La situation de la psychiatrie dans la région est loin d’être apaisée. Notamment au Havre où la mobilisation du personnel de l’hôpital Pierre-Janet ne faiblit pas. Après des manifestations et après avoir reçu la visite de plusieurs élus, comme Luc Lemonnier, le maire du Havre, Hervé Morin, le président de la Région Normandie, Jean-Paul Lecoq, député PCF de la 8e circonscription, les agents en grève ont radicalisé leur action hier en début d’après-midi.

Au onzième jour de grève, les agents hospitaliers grévistes sont montés à cinq puis à sept sur le toit de l’unité d’accueil et de crise (urgences) jusqu’à ce que la directrice générale de l’Agence régionale de santé, Christine Gardel, accepte de venir les rencontrer. Les grévistes ont prévu de demeurer sur le toit de l’hôpital 24 heures sur 24 aussi longtemps que la « patronne » de la santé en Normandie leur opposera une fin de non-recevoir. Les grévistes ont donc installé des tentes sur le toit de l’hôpital, proche du centre-ville.

Samedi dernier, ils avaient reçu le soutien du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH). En grève depuis le 16 juin, les personnels de psychiatrie exigent la suppression des lits supplémentaires sur les urgences et les pavillons d’hospitalisation, l’ouverture d’une nouvelle unité pour absorber la suractivité, la création du nombre de postes qu’ils considèrent nécessaire au bon fonctionnement de cette unité (50 pluridisciplinaires), l’embauche de médecins psychiatres titulaires, ainsi que l’arrêt de la polyvalence.

Signature conditionnée

Près de Rouen, la situation reste fragile. En dépit d’un accord trouvé le 8 juin dernier avec l’Agence régionale de santé, l’intersyndicale du Centre hospitalier du Rouvray a posé hier de nouvelles conditions à la signature de l’accord. « Le départ » du président de la Commission médicale d’établissement (CME) et de sa directrice des soins est « un préalable à la signature d’un protocole de sortie de crise dont l’issue est compromise par les nuisances institutionnelles de ces deux individus », écrit l’intersyndicale CFDT, CGT, CFTC et SUD dans un courrier qu’elle dit avoir adressé à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Contacté, le ministère n’a pas souhaité faire de commentaire. L’Agence régionale de santé (ARS) a renvoyé vers la direction de l’hôpital qui n’était pas joignable.

« La version définitive du protocole de sortie de crise » qui prévoit la création de trente postes est « en cours de rédaction », précise l’intersyndicale du Rouvray. « Ces deux personnes sont clairement des freins à la mise en application de l’accord », affirme Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT. « Elles organisent les choses dans leur coin sans tenir compte ni du cadre général issu de l’accord de sortie de crise, ni des instances du personnel », ajoute Jean-Yves Herment, secrétaire CFDT du CHSCT de l’établissement qui avait fait partie des grévistes de la faim. Le syndicaliste évoque ainsi « un climat de chasse aux sorcières », du « chantage et des pressions à l’encontre de certains anciens grévistes ». « S’il faut repartir à la grève, on le fera », conclut Jean-Yves Herment.

Interrogé, le président de la CME, Sadeq Haouzir, a « démenti formellement tout chantage et toute pression à l’endroit des salariés ». « J’ai pris connaissance du courrier. Je ne comprends pas ce que l’on me reproche. Les médecins que je représente ont toujours considéré que l’hôpital était en sous capacité, qu’il manque des lits. La communauté médicale que je représente ne peut que soutenir les demandes de moyens supplémentaires. En revanche, nous nous désolidarisons toujours des actes violents », ajoute le médecin.