Luttes et mobilisations

SUD sante sociaux : La psychiatrie va mal, partout le même constat : ça ne peut plus durer !

Janvier 2019, par infosecusanté

La psychiatrie va mal, partout le même constat : ça ne peut plus durer !

Le 22 janvier 2019, nous avons répondu à l’appel des « Pinel ». La psychiatrie va mal, partout le même constat : ça ne peut plus durer !

La Fédération SUD Santé Sociaux remercie les personnels de l’hôpital psychiatrique d’Amiens, les « Pinel », d’avoir pris l’initiative de cet appel.
Elle tient également à saluer les luttes des nombreux collègues qui ont fait parler d’eux ces derniers temps : à Bourges, Allonnes, Rennes, Montfavet, Cadillac, Aix, Uzès, Morlaix, Quimper, Caen, Toulouse, Le Havre, St Etienne du Rouvray… La liste n’en finit plus…

Partout le même constat... ça ne peut plus durer !

L’offre de soins d’hospitalisation est saturée, au point que la pénurie de lits est devenue le critère déterminant la durée de séjour des personnes malades. Les délais de consultation dans les CMP s’allongent.

Des structures ambulatoires ferment ici et là, faute de personnels.
C’est autant de « perte de chances » pour les usagers de la psychiatrie publique, qui sont par ailleurs de plus en plus nombreux. Les patients et leurs familles se sentent abandonnés, sans recours. Des centaines de personnes en souffrance sont laissées pour compte, à la rue, dans les prisons ou hébergées sans soin dans des structures médico-sociales…

C’est le résultat de 30 ans d’attaques tout azimut : réduction des budgets, suppression de milliers de postes de soignants, d’administratifs, de techniques et d’ouvriers, réduction de 70 % de la capacité d’hospitalisation lits sans compensations alternatives, anéantissement progressif des espaces pluri professionnels de réflexion pour penser les soins…

La disparition des formations spécialisées de psychiatres et d’infirmiers, les lois liberticides, l’influence des lobbies pharmaceutiques et la montée en puissance de la psychiatrie biologiste ont méthodiquement détricoté les pratiques de secteur et désarticulé l’organisation globale des soins.

C’est au cœur de nos pratiques que nous soignants sommes touchés, nous dénonçons le recours toujours plus fréquent à l’isolement et à la contention. Près de 100 000 personnes sont traitées sans leur consentement et pas moins de 8,3 % des patients hospitalisés sont placés en isolement, c’est inacceptable !

Les patients en souffrent, nous aussi soignants.

Nous avons honte des conditions dans lesquelles nous sommes contraints d’exercer nos métiers aujourd’hui.

C’est au nom de l’éthique que nous occupons des toits, entrons en grève de la faim, et que parfois certains d’entre nous se suicident…
Tous les signaux sont en rouge.

Malgré les alertes et parfois les drames, le secteur est confronté à la surdité et à l’aveuglement des puissances tutélaires.

Plans de retour à l’équilibre, mise en GHT, télé consultation et bientôt e-neuroleptiques sont les seules réponses à nos revendications !

C’est d’un véritable plan d’urgence dont la psychiatrie a besoin !
Les psy sont venus dire aujourd’hui qu’ils n’étaient pas des gardiens de prisons, que leur rôle est d’accueillir la souffrance psychique, d’aider ceux qui la subisse à l’identifier, à la nommer, à rompre l’isolement et lutter contre la stigmatisation, à retrouver des conditions de vie décentes.

Nous ne sommes pas résignés au naufrage de la psychiatrie publique. Nous sommes en colère et déterminés. Après les longues luttes de ces derniers mois, ce 22 janvier, premier grand rendez-vous du secteur depuis des lustres, est l’Acte 1 de la mobilisation nationale de la Psy !

A la Ministre de la mauvaise santé qui doit présenter "sa stratégie" jeudi 24 janvier nous disons, il n’y a qu’une stratégie possible : l’arrêt de l’étranglement budgétaire, des travaux pour rendre décents nos hostos, la titularisation de tous nos collègues aux statuts précaires, la création de dizaines de milliers d’emplois, les formations qui vont avec, les salaires qui vont avec…

IL Y A URGENCE à retrouver de la dignité pour les personnes soignées et celles qui soignent !

Oui, ce 22 janvier est une réussite.
Il rassemble professionnels, usagers, collectifs, associations, syndicats, élus et simples citoyens.

C’est tous ensemble que nous allons construire les conditions d’un mouvement d’ampleur de la psychiatrie. Sous ces flocons doit fleurir le printemps de la psychiatrie !

Plus largement, la Fédération SUD Santé Sociaux appelle l’ensemble du secteur sanitaire, social et médico-social à s’organiser et coordonner ses luttes.

Les soins dans les EHPAD, maternités, services d’urgences médicales, l’accueil dans les foyers de l’enfance, de migrants, dans les CHRS (…) sont attaqués par les mêmes politiques austéritaires au détriment des publics les plus vulnérables et des professionnels.]