Luttes et mobilisations

Médiapart - Ils soignent les blessés des violences policières : génération « street medics »

Mai 2019, par Info santé sécu social

25 MAI 2019 PAR PASCALE PASCARIELLO

Face à la répression des forces de l’ordre, ils ont fait le choix de s’engager bénévolement pour soigner les blessés. Certains étaient formés. D’autres ont appris sur le tas. Mais tous, en rejoignant les « street medics », ont changé le cours de leur vie. Alors que s’engage le « 28e acte », ils racontent leurs motivations, leurs parcours, leurs peurs.

L’intensification de la répression des forces de l’ordre et le nombre de blessés graves les ont convaincus de franchir le pas. Soignants de profession ou volontaires, les « street medics » interviennent dans les manifestations pour apporter leur aide aux blessés. Ils portent des casques de skate-board, des lunettes de ski, des masques à gaz, et trimbalent dans leurs sacs du sérum physiologique, des bandages, des désinfectants…

Les street medics sont nés aux États-Unis dans les années 1960 avec le mouvement pour les droits civiques. En France, ils ont fait leur apparition, fin 2012, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes pour faire face aux tirs nourris de lanceurs de grenades et de flashballs des gendarmes. Fortement mobilisés lors des manifestations contre la loi travail en 2016, ces street medics-là se sont définis comme politisés, refusant de soigner les policiers.

Mais avec les premiers actes des gilets jaunes et face à l’ampleur du nombre de blessés, est apparue une nouvelle génération de street medics. Identifiables à leur tee-shirt blanc et à leur casque peints d’une croix rouge, ces équipes, formées souvent de pompiers, d’infirmières ou de médecins, affichent leur neutralité et préfèrent l’appellation de « secouristes », soignant toute personne, y compris les forces de l’ordre.

Alertés par la foule, ils interviennent en groupe, et donnent les premier secours – quitte à appeler les pompiers ou le Samu si les blessures le nécessitent. Bien que facilement reconnaissables, ces secouristes bénévoles sont néanmoins eux aussi la cible des policiers. Certains, comme Artan, courent le risque de tout perdre. D’autres comme Fabienne, médecin depuis trente ans, ont changé depuis d’orientation professionnelle. Mediapart a décidé de donner la parole à certains d’entre eux, croisés au cours des derniers mois, afin qu’ils explicitent leurs motivations, leurs découvertes, leurs angoisses.

Artan* : « En étant street medic, je risque de tout perdre »
À chacune des manifestations des gilets jaunes à laquelle il participe, Artan 25 ans, street medic, court le risque de perdre son emploi.

Technicien dans un aéroport du sud-est, la moindre arrestation suivie d’une garde à vue peut lui valoir la suppression de son badge rouge, accréditation indispensable à l’exercice de sa mission, le privant de facto du logement de fonction dans lequel il héberge ses parents.

« Mon père est agent de sécurité et ma mère fait des ménages, explique Artan. Mais leurs revenus sont trop modestes pour louer dans le privé. Nous avons fui l’Albanie en 2001 parce que mon père, commissaire, était menacé de représailles par des organisations criminelles. »

« Avec 1 300 euros de salaire, je ne m’estime pas dans le besoin puisque mon loyer est de 100 euros seulement », ajoute-t-il.

Sa participation au mouvement des gilets jaunes est motivée par son attachement au « visage de la démocratie » qu’il a découvert en arrivant en France. « C’est une chance de vivre ici. Aujourd’hui, je cherche la preuve que la France est encore un pays de liberté, et pourtant je viens d’Albanie. On assiste à la mort du droit de manifester et aux dérives répressives d’un État que j’avais en exemple. »

Le 17 novembre 2018, dès le premier acte, Artan occupe les ronds-points près de Toulouse. Mais au fil des samedis, les images des visages et des corps mutilés des manifestants le conduisent à devenir street medic. « J’ai eu peur mais je ne veux pas me réveiller un jour en me disant que je n’ai rien fait. Peu importe ce que je risque, certains ont perdu une main ou un œil », confie-t-il. Des amis gendarmes tentent de l’en dissuader et le mettent en garde « face à des policiers prêts à en découdre ».
Il rejoint néanmoins les équipes de « Paris premier secours jaunes » lors de la marche des blessés du 3 février. « Je connaissais les premiers gestes de secourisme mais j’ai appris sur le terrain, par exemple à soigner une personne dont l’œil est touché. »

Depuis, il continue de participer au mouvement, toujours en tant que street medic. « Mais ça devient de plus en plus difficile pour nous de venir en aide aux blessés. Nous sommes devenus, nous aussi, la cible des policiers. »

Le 1er Mai, à Paris, il a subi les gaz lacrymogènes. « Les policiers nous ont alors visés avec des canons à eau, colorée de bleu. Je ne pouvais plus respirer et une de mes collègues qui en a pris dans la bouche saignait des dents. Les policiers hurlaient : “Dégagez, on ne veut pas de vous”. »

C’est seul qu’il mène ce combat, ni sa famille ni ses amis ne comprennent « le sens du mot solidarité » mais il reste déterminé à le poursuivre avec pour seule crainte celle « d’enlever mon tee-shirt blanc de medic et faire parler ma colère. J’accumule une haine de cette injustice ».

Riad : « Je me suis fait traiter comme un animal, ça m’a traumatisé »
C’est dans le Var, en janvier, que nous avons rencontré Riad (lire ici). Secouriste devenu street medic, il venait d’être condamné, en décembre, pour « attroupement en vue de commettre une action violente » alors qu’il rejoignait l’acte III des gilets jaunes à Paris.

Il a écopé de quatre mois de prison avec sursis et interdiction de se présenter dans la capitale pendant huit mois. « Le préfet avait interdit le port de protection respiratoire. Comment on fait, quand on est medic, sans son masque ? » s’interroge-t-il.

Pour cet artisan maçon, médaillé pour avoir servi dans la marine au Kosovo en 1999, « aider les autres, c’est une vocation ».

« J’ai mon brevet de secouriste donc j’ai voulu soigner les manifestants dont je comprends les revendications. Certains mois, je ne peux me verser aucun salaire. Ce système privilégie les grandes entreprises alors que je galère en tant qu’entrepreneur. Au premier acte des gilets jaunes, j’en ai eu des frissons. J’attendais cela depuis des années », explique-t-il.

N’ayant aucune expérience des manifestations, « je suis arrivé seul à Paris, le samedi 1er décembre avec du matériel de soins, mon casque, mon masque et une dorsale pour me protéger le dos ».

Riad croise alors un groupe d’hommes affublés de gilets jaunes. « Ce n’était pas des manifestants mais des policiers de la Bac [Brigade anti-criminalité] », assure-t-il. « Ils m’ont fait direct une clef de bras, ont confisqué mon matériel et m’ont conduit au commissariat. Ça a été pour moi un cauchemar. »

Après 48 heures de garde à vue, il passe en comparution immédiate. « Tout est allé très vite, j’ai été arrêté le 1er décembre et jugé le 3. Je n’ai rien compris. Je me suis fait traiter comme un animal, ça m’a traumatisé. Pendant un mois, je n’ai plus rien fait. J’ai dû prendre un traitement pour dépasser le choc », raconte Riad, encore ému en évoquant les faits.

Quatre mois de sursis au-dessus de la tête, « c’est anxiogène. J’ai découvert une justice qui n’en est pas une. Pourtant j’avais confiance en elle. On finit en prison pour un masque ou un casque. C’est impensable », déplore-t-il.

Malgré cette épée de Damoclès, Riad a rejoint une équipe de street medics à Toulon. Le 12 janvier, il est venu en aide à Ninef, simple passant, qui a perdu l’œil gauche, visé à la tête par les forces de l’ordre (lire ici).
« C’était chaud. Il a fallu faire un cordon de sécurité autour de lui et même utiliser des poubelles pour monter des barrières de protection parce que les CRS continuaient à tirer, décrit-il. C’était surréaliste. En tant qu’ancien militaire, j’avais l’impression que le gouvernement déclarait la guerre contre son propre peuple. Je ne parviens pas à me dire que c’est au cours d’une manifestation, sur le sol français, que j’ai vu un homme perdre son œil. »

Aujourd’hui, pour raisons personnelles, Riad a dû s’arrêter quelques semaines. Cependant, il tient à nous certifier qu’il reprendra rapidement le mouvement « pour aider les gens, malgré les risques ».

« Le mouvement est devenu une part de ma vie »
Fabienne : « C’est une question de justice et d’honneur »
« Au début du mouvement, j’étais sympathisante mais dans mon canapé. Lorsque j’ai vu les images des blessés, je n’arrivais pas à comprendre et j’ai donc décidé d’aller un samedi me faire une idée », explique Fabienne, 58 ans, médecin en banlieue parisienne, dont la dernière manifestation remonte à plus de trente ans.

« J’ai découvert non pas les extrémistes qu’on nous montrait mais de braves gens et beaucoup de personnes âgées, avec en face une conduite policière assez violente », raconte-t-elle.
Issue d’une famille ouvrière, avec un père sicilien employé dans le bâtiment, et une mère, femme de ménage, Fabienne est « particulièrement touchée de retrouver un milieu passé mais pas révolu ». Elle décide donc d’y retourner le samedi suivant, en mettant sa « blouse blanche de docteur pour acter le fait d’être CSP+ [catégories socioprofessionnelles supérieures] aux côtés de gens modestes. C’est une question de justice et d’honneur ».

Pratiquer la médecine dans la rue déstabilise la praticienne hospitalière qui ne peut « plus courir ». Elle s’adapte et opte pour intervenir en cas de blessures graves ou de diagnostic difficile. Munie d’une trousse d’antidouleurs, type morphine, « je laisse mon téléphone à l’équipe de street medics que je suis de près et ils m’appellent dans les cas épineux. En tant que docteur, je peux, contrairement aux secouristes, donner certains médicaments ou évaluer certains traumatismes ».

Travaillant depuis deux ans dans un service de cancérologie, Fabienne soigne des blessures auxquelles elle n’est pas habituée : « Je ne suis pas sensible. Je travaille avec des patients qui sont en grande souffrance, mais là c’est une violence que je n’imaginais pas possible. »

Elle découvre, également, les nasses et les gaz lacrymogènes. « C’était complètement irréel, raconte-t-elle. J’ai vécu avec effroi la violence exercée par l’État, via les forces de l’ordre. Passée la sidération, je considère aujourd’hui que c’est un acte politique que d’être présente chaque samedi auprès des gilets jaunes, avec mon caducée agrafé sur ma blouse blanche. »

Fabienne précise qu’elle s’est parfois interposée entre les policiers et les manifestants, « en levant les bras en l’air et en criant “Docteur, pas de blessés !” pour faire cesser les coups de matraque, blouse aidant ».

Sans encenser plus qu’il ne faut le mouvement, la médecin hésite avant de confier qu’elle a depuis démissionné de l’hôpital dans lequel elle travaillait. « C’est dur à dire mais j’étais en souffrance dans le service dans lequel je pratiquais. Je ne me reconnaissais pas dans la course à la rentabilité qui se fait au détriment des patients atteints de cancers sur lesquels on s’acharne au profit de l’industrie pharmaceutique. Au cours du mouvement des gilets jaunes, j’ai pris une décision qui germait depuis deux mois dans ma tête. C’est cela aussi que j’ai appris au cours des samedis, ne plus transiger et apprivoiser ma peur. »

« Je sais aujourd’hui que je pourrais dire plus tard à mes petits-enfants : “J’y étais et c’était mon honneur !” » déclare Fabienne.

Ioxin* : « Je suis sorti libre mais j’ai mis deux mois à m’en remettre »
Arrivé en 2016 à Paris pour poursuivre ses études en informatique, Ioxin découvre les street medics pendant les manifestations contre la loi travail. Passionné par le secourisme, le jeune Orléanais suit les équipes sur le terrain et rejoint les bénévoles de la Croix-Rouge.

Parallèlement, il se politise. « Mon père est ingénieur et a un poste important dans une multinationale. Il est à droite, explique-t-il. C’est peut-être caricatural de dire cela mais c’est le milieu dans lequel j’ai grandi. Je ne suis pas un street medic neutre. Je me définis comme politisé. »

Lors du mouvement des gilets jaunes, le 8 décembre, Ioxin se fait arrêter pour « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et violences ».

« C’est un motif fourre-tout qui permet aux policiers toutes les dérives. Mais on a beau le savoir, en parler entre street medics ou manifestants, quand ça nous arrive, c’est choquant », confie-t-il.

« Sonné par la situation », Ioxin reste 10 heures en garde à vue. Sans lunettes de vue, sans lacets, « c’est ainsi pour tous les gardés à vue et c’est dégradant. Je me voyais d’une manière tout à fait différente et j’en venais à douter sur moi et sur mon engagement en me disant : “Est-ce que ce que je fais est bien ?” ».

Affaire classée sans suite, Ioxin sort libre, mais découvre « la perversité du système judiciaire ».

« J’ai mis deux mois à m’en remettre. N’ayant jamais eu affaire à la police, je n’arrivais pas à accepter que l’État français puisse ainsi opprimer et que la police ne soit pas l’ange républicain que j’imaginais quand j’étais enfant. Cette réalité est très difficile à admettre », explique-t-il.

Ioxin se garde bien d’informer sa famille quant à sa participation aux manifestations et préfère passer sous silence son arrestation. « Ma famille ne comprendrait pas ce que je fais. Je me sens en décalage lorsque je vois mon père parce que j’ai en tête les samedis violents, ma garde à vue, avec des cellules qui sentent la pisse, les personnes mutilées. Alors que lui a tendance à se moquer des gilets jaunes », raconte le jeune informaticien.

Selon lui, « la voix des gilets jaunes est passée sous silence. Ils sont enfermés dans une case, celle du samedi, et caricaturés. C’est révoltant ». Depuis, il participe activement à la Coordination premiers secours, un regroupement de plusieurs équipes de street medics qui comptabilise le nombre de blessés. « Nous souhaitons rendre leur visibilité aux victimes et contrebalancer la désinformation orchestrée dans les médias par le ministère de l’intérieur et la préfecture de police à la fin de chaque acte. »
À 24 ans, il n’a plus supporté de se rendre au travail « le lundi et faire comme si tout allait bien jusqu’au samedi suivant ». En mars, il a donné sa démission.

« Je ne me vois pas à 50 ans, avec mon boulot d’informaticien, ma femme et ma voiture, dans un confort coupé du monde et loin des préoccupations des manifestants que j’ai rencontrés. Je veux mettre mes compétences au service des personnes qui en ont besoin », explique Ioxin, avant de conclure : « Le mouvement est devenu une part de ma vie. »

« J’en ressors avec un esprit critique bien plus affûté »
Mathieu* : « Sur la police, j’essaie de rester nuancé mais je suis tombé de haut »
Conseiller clientèle dans l’automobile, Mathieu, 25 ans, manifeste pour la première fois, le 31 décembre.

À l’annonce de la hausse de la taxe sur les carburants, « j’ai été ulcéré par la malhonnêteté intellectuelle du gouvernement, explique-t-il. Cette taxe était justifiée par l’écologie alors qu’une part minoritaire des recettes était réellement affectée à la transition écologique ».

Au cours de l’acte III, il rencontre un infirmier et forme avec trois autres professionnels de santé une équipe. « Je ne me suis pas improvisé secouriste mais j’ai occupé ce rôle en m’entourant de personnes compétentes qui m’ont encadré et formé au fil des semaines. J’étais neutre. J’arborais une croix médicale qui s’accompagnait pour moi de l’obligation de prendre en charge sans distinction », tient-il à préciser.

Mais les multiples confiscations de son matériel par la police ont entamé son enthousiasme. « À trois reprises, on a saisi mes protections alors que, souvent, rien ne figurait sur l’arrêté préfectoral. C’était illégal mais la Bac [brigade anti-criminalité] l’a fait. Chaque contrôle est une loterie avec des policiers qui comprennent et ceux qui exécutent les ordres sans distinction. C’est lourd, parce que j’ai dû investir entre 300 et 400 euros pour le matériel ou pour le renouveler. Il faut aussi compter le temps que cela prend. Chaque semaine, nous passions plusieurs heures à débriefer la manifestation précédente et préparer la suivante », regrette-t-il.

Depuis Mathieu a décidé de s’arrêter, se méfiant également du sentiment d’inutilité que peut avoir un street medic lorsqu’il n’y a pas ou peu de blessés. « Je ne souhaite pas tomber dans un côté malsain qui serait de trouver attractif les samedis lorsque les blessés sont nombreux. Ce que je ne souhaite pas évidemment, mais qui peut être néanmoins un risque, celui provoqué par l’adrénaline », confie-t-il.

L’autre raison qui l’a conduit à lever le pied est la confrontation entre policiers et manifestants. « C’est un constat d’échec pour moi, explique Mathieu. Les policiers sont instrumentalisés et il faut cibler au-dessus d’eux. Le gouvernement en créant cette situation de conflit peut se laver les mains. On ne parle plus des revendications, on ne parle plus que des violences. Les politiques, seuls responsables de cette crise, sont ainsi épargnés. »

Pour autant, le comportement des forces de l’ordre ne manque pas de le troubler. « Sur la police, j’essaie de rester nuancé mais je suis tombé de haut. Les violences illégitimes et incompréhensibles de certains policiers ont été un choc et une déception. Je n’imaginais pas non plus que la mauvaise foi du gouvernement puisse aller aussi loin en caricaturant les manifestants comme haineux, casseurs, violents et en niant les abus et la gravité des blessures infligées. »

Mais Mathieu veut faire une distinction entre les différents corps mobilisés dans les manifestations. « Les gendarmes se sont illustrés notamment par leur attitude sereine. À l’inverse, les policiers en civil se sont avérés dangereux. »

Il préfère d’ailleurs que son anonymat soit préservé afin de ne pas compromettre son futur projet, celui de rejoindre la réserve de la gendarmerie nationale. « En dehors du maintien de l’ordre, les gendarmes se rendent utiles pour servir la population et j’ai envie de retrouver ce que j’ai fait en étant street medic, c’est-à-dire me mettre au service des autres », explique-t-il.

Issu d’un milieu de « classe moyenne modeste », selon sa propre expression, avec un père technicien en maintenance des ascenseurs et une mère employée de mairie, Mathieu s’est fait des amis « de milieux et d’horizons politiques différents. Ils sont parfois bien plus critiques que moi à l’égard, notamment, de la police mais la discussion nous apporte beaucoup. Ces moments d’échanges sont une jolie victoire intellectuelle. J’ai aussi appris la fraternité. Parce que lorsqu’on intervient en street medic, on reste solidaire dans l’adversité, on se serre les coudes. »

Le ton change quand il confie avoir découvert « la peur, une peur viscérale », lorsqu’une de ses coéquipières est tombée inanimée sous les gaz lacrymogènes. « Pendant quelques secondes qui étaient une éternité, j’ai pensé au pire. Et quel soulagement de la savoir vivante. C’est un moment qui reste gravé », se remémore-t-il.

Malgré cela, il rejoindra le mouvement en fonction de l’évolution politique. « J’ai voté Macron, en pensant vraiment qu’il mènerait une bonne politique. Aujourd’hui, pour la première fois j’ai participé à des manifestations et j’en ressors avec un esprit critique bien plus affûté. C’est un changement majeur à titre personnel », conclut-il.

* Les prénoms ont été changés afin de préserver l’anonymat des « street medics » rencontrés.