Luttes et mobilisations

La nouvelle Republique (Indre-et-Loire) - Cetra : la grève pour éviter l’asphyxie ?

Octobre 2016, par Info santé sécu social

L’Indre-et-Loire dispose, depuis 2007, d’un centre de traitement et de régulation de l’alerte (Cetra). Un outil unique, mis à mal par un nouveau dispositif. Un préavis de grève a été déposé.

En 2014, le Cetra a enregistré 248.643 appels issus du 15, du 18 et du 112.

L’outil était précurseur. Il est, depuis quelques jours, pris dans la tourmente. Sur le site de l’hôpital Trousseau, fonctionne, depuis 2007, le centre de traitement et de régulation de l’alerte (Cetra).

Le principe ? Regrouper en un même lieu la régulation médicale du Samu et la gestion opérationnelle des sapeurs-pompiers. Que vous composiez le 15, le 18 ou le 112, votre appel arrive là, sur le front office.

Avant d’être traité, orienté par l’équipe composée d’opérateurs, d’officiers, de sous-officiers, de médecins et d’assistants de régulation. Au quotidien, cette organisation permet un gain de temps et d’efficacité.

Jusqu’à l’activation d’un nouveau numéro, il y a quelques jours. Ce dernier, le 116 117, créé pour faciliter l’accès aux soins ambulatoires dans les déserts médicaux durant les horaires habituels de fermeture des cabinets, entre dans le champ de la loi Santé de 2015 et doit être activé partout au plus tard le 24 janvier.

Une campagne de publicité est d’ailleurs programmée pour le mois de novembre. Le dispositif, destiné à désengorger les appels téléphoniques vers le Samu, sème le désordre au Cetra. Et pour cause.
Trois des quatre syndicats représentés ont donc décidé de monter au créneau. Et d’appeler à la grève, jeudi, si rien n’est tranché.
Le problème ? « Nous sommes dans le département où fonctionne le décroché unique. Les opérateurs prennent les appels comme ils arrivent. La décision de faire aboutir ce nouveau numéro sur cette plateforme va lourdement impacter le fonctionnement du front office et de la réception des appels d’urgence, ce qui est complètement paradoxal avec la volonté de désengorger le 15 », explique Cyril Poupault, du syndicat CFCT SPA SDIS 37, majoritaire au Cetra.

Face à l’afflux supposé des appels, pas moyen, dès lors, pour les sept lignes d’entrée du front office, « de prendre la main sur des appels pour des incendies, pour de vraies urgences réelles et vitales. Ces gens-là vont attendre, ce n’est pas possible ! C’est une notion de service public, explique encore le représentant syndical.

Un risque pour les véritables urgences

« C’est le premier maillon de notre fonctionnement qui est touché et cela risque de retarder le déclenchement des secours. » Impensable pour les équipes.

Ajoutez à cela la surcharge de travail induite par la mise en place du numéro (de 20 à 50 % d’appels en plus en fonction des créneaux horaires, estime le syndicat) sans moyens humains supplémentaires, et le Cetra risque d’étouffer.

Sitôt alerté de l’activation dudit numéro par l’entremise d’un opérateur téléphonique, le Cetra a alerté la direction et la présidence du Service départemental d’incendie et de secours, ainsi que le préfet.

Mercredi, Louis Le Franc est venu à la rencontre des équipes pour prendre la mesure du problème lié à l’organisation spécifique en Indre-et-Loire. Il doit interpeller la ministre Marisol Touraine pour trouver une autre solution, à savoir la prise en charge de ce numéro par une autre structure que le Cetra qui n’a pas vocation « à devenir un secrétariat médical », rappelle Cyril Poupault.

Un préavis de grève a été déposé par le syndicat majoritaire à compter du jeudi 27 octobre, à 7 h 30. Et le message est clair : « Seul un engagement écrit des institutions pourra mettre un terme à notre mouvement. »