Les Ehpads et le grand âge

Infirmiers.com - Ehpad : une toilette « VMC », c’est une toilette « visage-mains-cul »

Janvier 2018, par Info santé sécu social

Une fois encore, une infirmière dépeint son quotidien critique dans une maison de retraite.

N’hésitez pas à partager cet article et à nous faire part de vos expériences si vous rencontrez des situations aussi préoccupantes, afin que la maltraitance dans les Ehpad soit enfin prise au sérieux.(susie.bourquin@infirmiers.com)

Le sujet a déjà été maintes fois souligné, dénoncé, a donné lieu à des mouvements de grève. Au point qu’on a parfois l’impression que les professionnels se répètent. Qu’ils ressassent incessamment la même chose. Et pourtant, rien ne change. La maltraitance persiste dans les Ehpad, triste conséquence d’un manque criant de moyens humains qu’il faut bien, de fait, continuer à dénoncer. Cette fois c’est une infirmière qui témoigne au JT de France 3 le mardi 2 janvier au soir. Christine Rinato raconte son quotidien dans une maison de retraite dont le nom est tu. Huit emplois viennent d’y être supprimés, ce qui rend encore plus difficile la prise en charge des aînés, déjà très préoccupante…

Dans les Ehpad comme à l’usine. Christine Rinato décrit un travail à la chaîne. Et elle ne manque pas d’exemples. Vous vous retrouvez à quatre pour faire la toilette de 50 personnes. On vous dit : Vous êtes en situation, débrouillez-vous. Pour les repas ? Ça va être le souci, parce qu’il va falloir choisir celui qui va manger chaud, celui qui va manger froid, parce qu’on ne pourra pas s’occuper de tout le monde en même temps, se désole l’infirmière qui avoue même avoir dû s’habituer à une nouvelle terminologie : elle a mis un peu de temps à comprendre ce que signifiait une toilette VMC… C’est une toilette visage-mains-cul, une toilette express, ça c’est sûr, déplore l’infirmière. Dans l’Ehpad où exerce Christine, le personnel n’a l’occasion de faire prendre une vraie douche aux résidents qu’une fois par semaine, au mieux.

Il va falloir choisir celui qui va manger chaud, celui qui va manger froid, parce qu’on ne pourra pas s’occuper de tout le monde en même temps

Pour expliquer la maltraitance, l’infirmière, là encore, a recours à de nombreux exemples puisés dans son quotidien : c’est quand on ne répond pas à un coup de sonnette. Une personne a besoin d’aller au toilette et on n’est pas disponible à ce moment-là, alors on lui demande de patienter. Ça c’est révoltant, c’est invivable, usant, s’attriste Christine Rinato. L’infirmière a besoin que les choses changent, pour continuer à apprécier son métier, pour ne plus avoir le sentiment de maltraiter les résidents.

Je ne demande pas la lune… seulement quelques minutes
Je revendique le droit de pouvoir discuter et de m’occuper de la personne. Je ne demande pas la lune !. Non, seulement de pouvoir accorder quelques minutes aux résidents qui en ont besoin quand ils en ont besoin. Juste quelques minutes pour pouvoir recueillir une réflexion, [leur] donner un sourire… La situation étant déjà critique dans cet établissement, Christine Rinato redoute qu’on ne réduise encore les effectifs. Il y a urgence parce qu’il est hors de question qu’on réduise encore le personnel. Sans quoi, on va à la catastrophe, vraiment. Face au manque de moyens, Christine Rinato envisage d’aller plus loin s’il le faut, comme de se mettre en grève dans les prochains jours.

Susie BOURQUIN
Journaliste
susie.bourquin@infirmiers.com
@SusieBourquin