Industrie pharmaceutique

JIM - Aluminium et vaccin : un groupe de chercheurs tente d’obtenir le financement de ses travaux

Septembre 2017, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 22 septembre 2017 – L’équipe du professeur Romain Gherardi, chef du service neuromusculaire à l’Hôpital Henri Mondor de Créteil, mène depuis la fin des années 1990 des travaux étudiant les effets neurotoxiques potentiels de l’aluminium présent dans les vaccins, qui selon elle pourrait être à l’origine de réactions auto-immunes chez certains patients, en raison d’une prédisposition génétique. Controversés, ces travaux connaissent peu d’écho à travers le monde, ce qui s’expliquerait en partie selon le professeur Gherardi par le choix de son équipe de réaliser les biopsies au niveau du deltoïde ; une pratique déconseillée dans la plupart des autres pays.

Un lobbying efficace

En raison de l’absence de consensus sur ces recherches (absence de consensus qui concerne également l’existence réelle de la myofasciite à macrophage), l’équipe a régulièrement rencontré des difficultés de financement. Cependant, le lobbying réalisé par l’association E3M (Ensemble contre la myofasciite à macrophage) qui accuse notamment ceux qui refusent de reconnaître la portée des résultats des travaux de Gherardi de collusion avec l’industrie pharmaceutique, a conduit ces dernières années les pouvoirs publics à une attitude plus ouverte. Ainsi, après que l’association E3M a rendu public le refus de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) de continuer à financer les études du professeur Gherardi, le ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine a en 2013 sommé l’agence de changer sa position. « L’adjuvant aluminique fait encore l’objet de débats scientifiques et je souhaite que la recherche se poursuive » avait défendu le ministre à la tribune de l’Assemblée nationale.

Des travaux toujours discutés à poursuivre

Aussi, ayant donc finalement accepté d’allouer un nouveau financement aux recherches de l’équipe d’Henri Montor, l’ANSM a récemment procédé à une analyse des derniers résultats obtenus. Ces derniers portent notamment sur la mise en évidence d’une « susceptibilité génétique sous la forme de variations accumulées sur six gènes impliqués dans la machinerie de détoxification cellulaire » explique le professeur Gherardi dans les colonnes de Sciences et Avenir. Par ailleurs, « Nos travaux montrent que même injecté à faible dose dans des muscles de souris, l’adjuvant aluminique peut induire une accumulation d’aluminium à long terme et des effets neurotoxiques » indique encore toujours à Sciences et Avenir, la chercheuse Guillemette Crépeaux. Face à ces différentes données, le conseil scientifique de l’ANSM a connu un riche débat, selon une analyse rédigée par ce dernier, révélée par le Parisien. Ce document de travail non destiné à être publié (contrairement à ce que pourrait laisser croire le Parisien) met en évidence une nouvelle fois l’absence de consensus entre les experts vis-à-vis des travaux de l’équipe du professeur Gherardi. Aussi, pour résoudre cette indécision, les auteurs de c document concluent à la nécessité de poursuivre les travaux. Dominique Martin, patron de l’ANSM estime même que la puissance publique devrait « prendre ses responsabilités » : ce qui sous-entend qu’il plébiscite (cette fois) le financement public (probablement en partie soucieux d’éviter la répétition de désagréments passés).

En attendant Agnès Buzyn

Six mois après ces conclusions des experts, l’équipe du professeur Gherardi attend toujours un signe de ces puissances publiques. La "révélation" de ces documents par le Parisien, qui n’hésite pas à présenter l’affaire sous les traits d’un scandale devrait permettre de faire bouger les lignes. Mais la réponse d’Agnès Buzyn, qui s’est engagée à rendre obligatoires onze vaccins pour les plus jeunes à partir de l’année prochaine, pourrait être très différente de celle de Marisol Touraine. Celle à laquelle on a déjà reproché une attitude vis-à-vis des conflits d’intérêt probablement moins dogmatique que son prédécesseur et qui pourrait de ce fait moins redouter les accusations en la matière, pourrait, pour refuser le financement que l’on exige d’elle, se référer aux multiples rapports publiés ces dernières années sur le sujet (de l’Académie de médecine au Haut conseil de la santé publique) discréditant la thèse de la neuro-toxicité de l’aluminium contenu dans les vaccins. A moins que convaincue par les nouveaux résultats de Romain Gherardi, Agnès Buzyn choisisse à son tour d’allouer de nouveaux fonds à son équipe et de décider un moratoire à toute prise de nouvelle décision avant la fin des travaux ; ce qui serait une façon habile d’éviter l’adoption d’une mesure d’obligation vaccinale dont on devine déjà qu’elle sera très difficile.

Aurélie Haroche