Dans le monde

Le Généraliste - Rougeole : la crainte internationale d’un retour en arrière

Avril 2019, par Info santé sécu social

27.04.2019

Dans une « perspective » du New England Journal of Medicine du 17 avril, un trio d’experts américains dont Anthony Fauci - immunologiste internationalement reconnu pour ses travaux sur le VIH - s’inquiète de la résurgence mondiale de la rougeole alors que le vaccin a fait ses preuves.

En 2000, les États-Unis étaient en passe d’éliminer la rougeole puisqu’ils constataient l’absence de transmission du virus pendant 12 mois.

Aujourd’hui, les auteurs constatent que la situation s’est terriblement dégradée. La circulation des personnes non vaccinées a permis l’éclosion d’épidémies. Selon le CDC (Center of Disease Control) d’Atlanta, 555 cas ont été notifiés depuis le début de l’année jusqu’au 11 avril 2019. Partout, cette tendance se reproduit. Madagascar, le Venezuela ont été particulièrement frappés. En Europe, le nombre de cas a triplé entre 2017 et 2018. Le nombre de cas a été multiplié par 15 depuis 2016. Globalement, la tendance est à la recrudescence de la rougeole avec une augmentation de 31 % des cas entre 2016 et 2017.

Cette constatation est d’autant plus amère que cette maladie selon les auteurs de l’éditorial est « évitable par la vaccination à 97 % avec deux doses (...), le vaccin possède une sécurité prouvée de manière record ». La maladie est facile à identifier et il n’y a pas de réservoir animal. Depuis 2000, le vaccin a permis d’éviter 21 millions de morts au prix d’effets indésirables en général locaux et résolutifs.

L’hésitation vaccinale dans le top ten des menaces sanitaires

La rougeole n’est pas une maladie bénigne. On compte plus de 100 000 décès annuels dans le monde essentiellement par pneumonies. Les complications neurologiques concernant environ un cas sur mille sont particulièrement sévères.

Elle se transmet très facilement : les personnes non immunisées ont un risque de 90 % de la contracter en cas d’exposition et un rougeoleux peut contaminer 9 à 18 personnes.

En dehors de l’immunodépression qui est une contre-indication, les raisons de la non-vaccination reposent sur une crainte infondée de l’autisme et une montée en puissance des mouvements anti-vaccins. « L’hésitation à vacciner est identifiée par l’Organisation Mondiale de la Santé comme une des 10 premières menaces à la santé globale… » écrivent les auteurs.

La rougeole pourrait toucher des adultes ou des femmes enceintes et changer le potentiel délétère de la maladie. Elle est particulièrement grave avec des complications pulmonaires et neurologiques inédites chez les immunodéprimés qu’il s’agisse de transplantés, de patients traités par de fortes doses de corticoïdes ou immunomodulateurs ou de malades infectés par le VIH. Un foyer d’infections nosocomiales a été décrit en Chine dans un service d’oncologie où un seul patient a infecté 23 autres enfants avec, pour conséquences, un taux de 50 % de complications graves et une mortalité de 21 %. Il faut souligner que ces patients immunodéprimés ne peuvent pas être vaccinés par ce vaccin vivant atténué et que leur protection provient de l’immunité de « groupe ».

Ils concluent que la promotion de la vaccination est « une responsabilité sociétale » pour que la rougeole ne soit plus qu’une vieille histoire.

Dr Muriel Gevrey