Les retraites

Les Echos - Retraites : révolution en vue pour les cadres

Août 2019, par Info santé sécu social

La réforme Delevoye devrait pénaliser les salariés aux carrières professionnelles ascendantes. Surtout, elle ouvre un boulevard à l’épargne retraite pour les cadres supérieurs, dont les cotisations obligatoires vont chuter. Une opportunité pour renforcer le financement de l’économie française, à condition de proposer des produits suffisamment attractifs.

Par Etienne Lefebvre
Publié le 04/08

Depuis la publication du rapport Delevoye, les débats se focalisent sur l’âge de départ à la retraite. Dans le futur système, les salariés seront fortement incités à travailler jusqu’à 64 ans , ce qui est indispensable pour garantir l’équilibre du système et des pensions suffisamment élevées. La fin programmée des régimes spéciaux ou le sort des indépendants sont aussi au coeur des discussions.

Nouveau mode de calcul

Mais une autre révolution se prépare pour les cadres. Avec des risques et des opportunités majeurs. Il y a des risques tout simplement parce que le système actuel coûte cher en cotisations mais garantit un haut niveau de prestations. Dans le régime universel, qui s’annonce un peu plus redistributif selon ses concepteurs, les cadres devraient être pénalisés, notamment par la prise en compte de l’intégralité de leur carrière pour le calcul de la retraite (au lieu des 25 meilleures années), alors qu’ils ont très souvent des trajectoires professionnelles ascendantes.

Réforme des retraites : les gagnants et les perdants des préconisations de Delevoye

Cette règle paraît néanmoins plus équitable, et elle est d’ailleurs déjà en vigueur dans les régimes complémentaires (Agirc-Arrco). D’autres facteurs risquent d’influer à la baisse, comme les changements envisagés pour la prise en compte des droits familiaux. Ces curseurs sont cependant encore en débat. Il ne faudrait pas, une fois de plus, pénaliser les familles nombreuses des classes moyennes supérieures.

La chance de l’épargne retraite
Mais le vrai bouleversement est encore ailleurs. Il va concerner les cadres supérieurs. Jusqu’à présent, ils cotisaient obligatoirement (et beaucoup) pour la retraite jusqu’à… 324.000 euros de salaire annuel (et leur employeur avec eux). Désormais, ils ne cotiseront plus que jusqu’à 120.000 euros par an. Le gain immédiat en salaire net va être considérable pour les quelque 1 % de Français concernés. Mais la perte de droits sera sévère.

Cela ouvre donc un boulevard au développement de l’épargne retraite, qui reste trop marginale en France. Avec une opportunité à ne pas manquer de mieux financer les entreprises, via une épargne longue et stable. La mise en place de nouveaux produits d’épargne retraite dans le cadre de la loi Pacte tombe d’ailleurs à point nommé.

Il faudra néanmoins s’assurer que leur régime fiscal et social est suffisamment attractif, car aujourd’hui, lorsque l’on sort du régime par répartition obligatoire, les prélèvements sont bien plus lourds. Sachant en outre qu’il ne sera pas simple de modifier les comportements. Les entreprises auront aussi une responsabilité accrue en matière d’abondement des plans d’épargne retraite collectifs.

Etienne Lefebvre