Environnement et facteurs dégradant la santé

Observatoire des multinationales - Diabète : la santé publique coincée entre les lobbys du sucre et de la pharmacie

Novembre 2017, par Info santé sécu social

22 novembre 2017

Plusieurs centaines de millions d’êtres humains sont aujourd’hui diabétiques, un chiffre en croissance continue. Les mesures proposées pour lutter contre cette maladie - comme l’étiquetage nutritionnel des aliments ou la limitation du sucre - ont été férocement combattues aussi bien en France qu’au niveau européen par les multinationales de l’agroalimentaire et des sodas. À l’autre bout de la chaîne, l’industrie pharmaceutique voit surtout dans le diabète une source de profits mirobolants. Face à ce double étau de lobbying, les politiques de prévention ne disposent que des moyens dérisoires.

Un double article du Monde publié à l’occasion de la journée mondiale du diabète, fait le point sur les batailles de lobbying qui se jouent autour de cette maladie. Ils mettent en regard les sommes dépensées aussi bien par l’industrie agroalimentaire et par les grands laboratoires pharmaceutiques pour préserver un marché extrêmement lucratif face aux politiques de santé publique et d’accès aux soins.

« Leurs tactiques de lobbying sont comparables à celles de l’industrie du tabac ». [L’ONG bruxelloise] CEO a dénombré près d’une douzaine d’associations professionnelles défendant leur cause à Bruxelles – dont la puissante FoodDrinkEurope – avec des dépenses de lobbying estimées à 21,3 millions d’euros par an. Selon le registre européen des lobbys, Coca-Cola a dépensé plus de 670 000 euros en lobbying en 2016, Nestlé entre 200 000 et 300 000 euros et le Comité européen des fabricants de sucre entre 100 000 et 200 000 euros. Leur ombre plane sur les décisions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En 2010, cette instance de régulation s’était appuyée sur des études financées par les industriels pour déclarer que les preuves scientifiques étaient insuffisantes pour justifier une limitation de la quantité de sucre ajouté dans les aliments.

En France, comme en Europe, les « Big Six » que sont Coca-Cola, Mars, Mondelez, Nestlé, PepsiCo et Unilever se sont opposés à l’étiquetage nutritionnel simplifié, qui est censé aider les consommateurs à distinguer les aliments selon leur teneur en sel, gras et sucre. Fin octobre, le gouvernement français a accepté la mise en place de ce Nutri-Score, mais il n’a aucun caractère obligatoire.