Lequotidiendumedecin.fr : NHS : des milliers de patients anglais priés d’aller se faire soigner loin de chez eux

PAR CHLOÉ GOUDENHOOFT -

PUBLIÉ LE 24/11/2023

Du jamais vu depuis quinze ans ! En Grande-Bretagne, 7,75 millions de personnes sont en attente de soins. Saturé, le service national de santé (NHS) a décidé d’envoyer à partir du 31 octobre une partie de ces patients se faire soigner dans le premier hôpital disponible, peu importe la distance à parcourir.

Conditions d’éligibilité : être bloqué sur liste d’attente depuis plus de quarante semaines et ne pas avoir pas de rendez-vous d’ici à la fin de l’année. Le NHS a identifié 400 000 candidats. Une plateforme en ligne fait correspondre la demande de soins et l’offre en lits hospitaliers. Les patients indiquent le nombre de kilomètres qu’ils sont prêts à parcourir pour se faire soigner.

Pour la patronne du NHS, Amanda Pritchard, « cette mesure illustre une nouvelle approche pour réduire le temps d’attente des patients tout en améliorant le choix et le contrôle qu’ils ont sur leurs propres soins ».

Discrimination

Le syndicat des médecins généralistes GPC England est moins optimiste : « Compte tenu du nombre inacceptable de personnes en attente, il est certes important de réfléchir à la meilleure façon d’utiliser les capacités et les services du NHS, rappelle la Dr Samira Anane, présidente adjointe de l’organisation. Mais obliger les patients à parcourir de plus longues distances peut fragmenter la continuité des soins. Sans compter que ces propositions risquent d’entraîner une augmentation de la charge de travail des médecins traitants. Il y a fort à parier que les patients totalement perdus dans ce nouveau système contacteront par défaut leur généraliste pour les aider à s’orienter. »

Organisme indépendant de défense des patients, Healthwatch England s’inquiète pour sa part de l’aspect discriminant d’une mesure qui « ne fera qu’aider ceux qui ont les moyens de voyager pour obtenir des soins plus rapides », anticipe sa directrice, Louise Ansari.

Sollicité à plusieurs reprises, le NHS England n’a pour l’instant pas indiqué si des subventions complémentaires seront allouées pour ces voyages sanitaires dont l’efficience reste à démontrer.