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Lequotidiendumedecin.fr : Sécu, hôpitaux, médecins : grand oral santé pour les candidats à l’Élysée

Février 2017, par infosecusanté

Sécu, hôpitaux, médecins : grand oral santé pour les candidats à l’Élysée

Anne Bayle-Iniguez

21.02.2017

Cinq candidats à l’élection présidentielle ont détaillé leur programme santé devant un parterre de journalistes et d’acteurs du secteur, ce mardi matin, au palais Brongniart, à Paris.

Organisé par la Mutualité française, ce grand oral a donné l’opportunité à Emmanuel Macron (En marche !), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Benoît Hamon (PS), Yannick Jadot (EELV) et François Fillon (LR) de préciser leurs principales mesures en matière de santé et de protection sociale. Les Français semblent désireux d’entendre les candidats s’exprimer sur ces sujets, selon un sondage dévoilé en préambule à la matinée.

Macron et les bons soins

Fidèle aux lignes directrices d’une politique de santé esquissée lors du congrès CHAM 2016, en septembre dernier, Emmanuel Macron s’est illustré par ses attaques à l’encontre de François Fillon, dont la distinction entre petit et gros risque avait soulevé la polémique (le candidat de droite ayant ensuite renoncé à cette mesure). « Un déremboursement des soins, petits ou gros, n’a pas de sens, a taclé Emmanuel Macron. D’une part, on ne sait pas comment les définir et d’autre part, un petit soin a tôt fait de devenir un gros ». Affirmant qu’« aucun soin utile ne sera déremboursé sous [s]on quinquennat », l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande s’est fait le chantre du remboursement à 100 % des soins dentaires, optiques et audioprothétiques, en assurant avoir été « le premier » des candidats à l’Élysée à porter cette idée.

Pour parvenir dans ces trois domaines à un « reste à charge zéro » en cinq ans, le candidat de 39 ans joue sur trois tableaux : la valorisation des actes de prévention et des « bons soins » ; la régulation des prix grâce à la mise en concurrence des professionnels ; et une transparence accrue dans l’affichage du prix des prothèses. Emmanuel Macron réfute l’idée d’un transfert de la prise en charge vers les complémentaires santé et d’une augmentation parallèle de leurs tarifs, au détriment des ménages.

Sur le financement de l’hôpital, il réclame, au même titre que François Fillon, plus d’autonomie. Il souhaite plafonner à 50 % la tarification à l’activité et « élargir » les groupements hospitaliers de territoire (GHT) au secteur privé. Un plan d’investissement « dans l’hôpital et l’innovation médicale de cinq milliards d’euros » sur cinq ans est à son programme.

Dupont-Aignan dope l’ONDAM

Nicolas Dupont-Aignan défend une politique de santé fondée sur « une autre politique économique », qui passerait par une « relance légère » et « cibl[ée] » des dépenses maladie (ONDAM) à hauteur de « 2,5 % à 3 % ». Le candidat de Debout la France veut financer en priorité l’augmentation du numerus clausus à 10 000 étudiants par an (contre 8 124 aujourd’hui) et une exonération de charges sociales « pendant cinq à dix ans » pour les médecins s’installant en zone sous-dotée. « Pour lutter contre le secteur II », une augmentation du prix de la consultation à 35 euros est envisagée. Il réaffirme sa volonté de bâtir un régime de Sécu unique (sur le modèle de l’Alsace-Moselle) et de supprimer le tiers payant généralisé.

Le remboursement à 100 % des soins les plus coûteux ? « Cette proposition, nous l’avons tous, parce que c’est l’évidence ! Encore faut-il la financer ». Nicolas Dupont-Aignan veut enfin transférer sur la dépendance et le handicap le milliard d’euros aujourd’hui consacré à l’aide médicale d’État (AME), qui serait supprimée sous son quinquennat.

Hamon joue la santé publique

Avec Benoît Hamon, le débat s’est déporté sur la santé environnementale, grande cause du candidat socialiste. Benoît Hamon a enchaîné les propositions visant à lutter contre les addictions, les perturbateurs endocriniens, les particules fines, la sédentarité (par le remboursement de l’activité physique prescrite), sans pouvoir entrer dans les détails, faute de temps.

La question du « panier de soins » a donné l’occasion au candidat socialiste d’épingler à son tour François Fillon, porteur d’un nouveau projet présenté plus tôt dans la matinée, moins radical que les propositions choc du début de campagne. « Je salue le changement de pied responsable [de François Fillon], a ironisé le socialiste. Je ne sais pas s’il a été touché par la grâce en quelques jours. »

Interrogé sur la répartition et le ciblage des aides à la complémentaire santé, Benoît Hamon a assumé un programme de 3,5 milliards d’euros par an versés essentiellement aux retraités, aux chômeurs de longue durée et aux étudiants.

Jadot contre la « rente » des dépassements

Yannick Jadot a quant à lui opté pour une « vision plus large » du financement de la protection sociale, à lier avec les maladies professionnelles, le travail et la retraite. Favorable à un rôle accru des complémentaires mais aussi des usagers dans le fonctionnement du système de santé, le candidat EELV a affirmé sa volonté de limiter les dépassements d’’honoraires « dans un certain nombre de secteurs et pour certains professionnels, dont les dépassements relèvent d’une certaine rente et non du juste soin ».