C’est une victoire pour le moins « serrée » que vient de remporter le président Donald Trump sur la réforme du système de santé Outre-Atlantique. Mardi soir, les sénateurs américains, soumis à une très forte pression du chef d’État, ont finalement voté en faveur de l’ouverture du débat sur l’abrogation de l’Obamacare.
Le Sénat, à majorité républicaine, a voté de justesse à 51 voix pour et 50 voix contre, pour une simple motion de procédure qui autorise 20 heures de discussions dans l’hémicycle et de nombreux votes sur des amendements.
C’est néanmoins une victoire d’étape pour le président, qui avait sommé les sénateurs de son camp de taire leurs différences et d’avancer sur cette réforme enlisée depuis des mois. « Je salue le Sénat pour avoir fait un pas de géant vers la fin du cauchemar Obamacare, a déclaré Donald Trump. Je suis persuadé que désormais, dans une semaine ou deux, nous allons présenter un plan qui va être merveilleux pour le peuple américain. »
Donald Trump promet depuis sa campagne d’abroger la loi de santé de Barack Obama, mais son plan de réforme s’enlise depuis plusieurs mois. En mars dernier, il avait dû retirer son premier projet de loi, faute de majorité au Congrès, avant de finalement réussir à faire voter in extremis une autre version du projet, plus édulcorée, en mai par la Chambre des représentants.
Le texte devait passer devant le Sénat, mais la majorité avait jeté l’éponge la semaine dernière, face à ses dissensions internes. Donald Trump avait alors lancé une campagne de charme, mêlée à des menaces de représailles à peine voilées, afin de dissuader les sénateurs de son camp de faire défection.
Équation insoluble
À l’heure du vote, sur les 52 sénateurs républicains, seuls deux ont osé dire non. Le vote final est donc de 51 voix contre 50, le vice-président Mike Pence ayant apporté la 51e voix, comme la Constitution permet au président du Sénat de le faire en cas d’égalité.
C’est la quadrature du cercle pour les leaders républicains : les conservateurs poussent pour une abrogation sèche d’Obamacare, tandis que les modérés refusent de sabrer le budget de la santé, afin de préserver au maximum les financements de Medicare, une couverture maladie publique qui assure les plus pauvres.
Illustration de la fragilité du vote, le sénateur John McCain, revenu exprès d’Arizona où il est traité d’un cancer du cerveau, a voté oui mais a prévenu qu’il voterait non au moment du vote final, si le texte définitif n’était pas satisfaisant. Il a en passant dénoncé la stratégie du chef de groupe consistant à « persuader d’avaler nos doutes et de passer en force contre l’opposition ». « Je ne pense pas que cela marchera, et c’est probablement mieux ainsi ».
L’opposition démocrate, elle, se méfie des « ruses » de la majorité. Elle craint que, par des manœuvres parlementaires, l’abrogation soit arrachée au forceps. Verdict dans quelques jours.
