Le droit à la santé et à la vie

Le Monde.fr : Seine-Saint-Denis : mobilisation contre la « disparition » des médecins scolaires

Août 2017, par infosecusanté

Seine-Saint-Denis : mobilisation contre la « disparition » des médecins scolaires

Syndicats d’enseignants, association de parents d’élèves et Ligue des droits de l’homme entendent attaquer la responsabilité de l’Etat devant le tribunal administratif de Montreuil.

Le Monde.fr avec AFP

31.08.2017
« Qu’est-ce qu’on veut ? Des médecins scolaires ! » Ce message a été scandé par une cinquantaine de personnes jeudi 31 août dans la Seine-Saint-Denis pour dénoncer la « disparition » d’une profession qui n’attire pas assez de candidats.

Dans ce département, l’un des plus pauvres de France, « seuls 10 % des enfants passent la visite médicale de l’année des 6 ans », pourtant obligatoire, déplorent les organisations à l’origine du rassemblement — syndicats d’enseignants SUD et FSU, association de parents d’élèves FCPE, Ligue des droits de l’homme.

Rendez-vous était donné devant le tribunal administratif de Montreuil, où ces organisations entendent prochainement attaquer la responsabilité de l’Etat dans le « scandale que constitue la disparition de la médecine scolaire en Seine-Saint-Denis ».

« Salaires ridicules »

Sur les quarante-neuf postes de médecin scolaire provisionnés dans le département, « un peu plus de la moitié » sont occupés, selon le directeur académique Christian Wassenberg. « Ce n’est pas une question de moyens. La difficulté, c’est d’arriver à recruter », avait expliqué mercredi lors d’une conférence de presse Béatrice Gille, rectrice de l’académie de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis.

« On a fait de gros efforts sur la rémunération dans l’académie », a-t-elle ajouté. Deux mille euros en début de carrière, le double en fin. « Les salaires sont ridicules » comparés au reste de la profession, rétorquait jeudi Pierrette Clozier, membre du syndicat Smeden-FO. Retraitée de 72 ans, elle exerce encore une journée par semaine en raison de la pénurie de professionnels et « par amour du métier ». Elle dit être la seule femme médecin scolaire de la commune de Bagnolet, qui jouxte l’Est parisien.

« On ne fait que des examens à la demande et des urgences. On ne peut plus faire de prévention », regrette-t-elle. Avec le risque de ne pas détecter suffisamment tôt des troubles (vue, audition, langage) préjudiciables à l’apprentissage.

Le problème n’est pas spécifique à la Seine-Saint-Denis, mais il peut se révéler critique dans ce territoire défavorisé où nombre d’enfants ne sont pas suivis par un médecin référent. En juin, un rapport du médiateur de l’éducation nationale déplorait « un effondrement des effectifs [de médecins scolaires] de l’ordre de 20 % depuis 2008 » et un « taux d’encadrement moyen de plus de 12 000 élèves par médecin scolaire ».