Les retraites

Les Echos - Enseignants : ce qui va changer pour leur formation avec la réforme des retraites

Décembre 2019, par Info santé sécu social

L’exécutif entend lier la revalorisation des enseignants annoncée dans le cadre de la réforme des retraites, à la refonte de leur métier. Pour en faire des « professeurs du XXI e siècle », Jean-Michel Blanquer mise notamment sur la formation continue pendant les vacances scolaires, afin d’éviter le « coût » du remplacement et « l’absentéisme ». Les textes réglementaires qui le permettront existent déjà.

Si la formation est réalisée sur le temps des vacances et que le professeur est rémunéré, « c’est gagnant pour tout le monde », affirmait récemment le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Matignon l’a rappelé lundi, en précisant le calendrier de négociations avec les syndicats : la revalorisation promise aux enseignants pour leur « garantir un même niveau de retraite que pour des corps équivalents de la fonction publique » se fera « dans le cadre d’une approche globale du métier de professeur ». Pour en faire « des professeurs du XXIe siècle », le ministre de l’Education nationale mise notamment sur la formation continue.

Jean-Michel Blanquer veut des formations hors du temps scolaire, sinon « cela a un coût pour l’institution car vous devez remplacer (et) vous créez de l’absentéisme ». Si la formation est réalisée sur le temps des vacances et que le professeur est rémunéré, « c’est gagnant pour tout le monde », affirmait-il récemment.

« Seconde carrière »
« Et si cette formation continue vous permet aussi de progresser dans votre carrière, d’avoir une façon de muter dans un autre poste, d’avoir peut-être une seconde carrière ailleurs puis de revenir, bref de mettre de la souplesse et de la personnalisation des parcours, c’est une opportunité formidable. » Le discours agace, parfois : « Allez dire aux enseignants de lycée qui vont passer leurs vacances de février à corriger les épreuves de contrôle continu du bac qu’ils vont pouvoir se former durant leurs congés !, réagit un syndicaliste. Ils aimeraient bien aussi prendre un peu de vacances ! »

Le gouvernement a déjà posé les bases de ce qu’il souhaite faire. Un décret et un arrêté, publiés en septembre, permettent d’indemniser les enseignants qui suivent des formations pendant leurs vacances, à hauteur de 120 euros brut par jour, dans la limite de cinq jours pour les formations qui sont à l’initiative de l’Education nationale.

Ces formations pourront aussi être à l’initiative des enseignants, précise-t-on au ministère, où l’on insiste sur un dispositif qui « ne crée pas une obligation de formation ». Pour les syndicats, qui n’ont pas réussi à faire inscrire dans les textes leur caractère facultatif, c’est plus subtil que cela : « Le texte rend obligatoire la convocation à une formation pendant les congés, indique Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. Mais, dans les usages, si l’enseignant répond qu’il a raté son train ou que son enfant était malade, l’administration ne pourra pas aller très loin. »

« Privatisation de la formation »

Le dispositif s’applique déjà, indique-t-on au ministère, dans le cadre de la réforme du lycée, pour les professeurs qui veulent se former à l’enseignement de spécialité « Numériques et sciences informatiques » pour les classes de première et de terminale. Mais tous les professeurs, « titulaires et contractuels », exerçant dans le premier comme dans le second degrés, sont concernés.

Pour l’instant, l’Education nationale n’a pas les moyens d’envoyer tous les enseignants en formation pendant les congés, glisse-t-on du côté des syndicats. Le déploiement à grande échelle de la formation continue durant les congés soulève aussi la question du nombre de formateurs, ajoute Paul Devin, secrétaire général du syndicat d’inspecteurs SNPI-FSU. Il redoute « une privatisation de la formation » des enseignants et un manque de contrôle de l’Education nationale, alors même qu’« une stratégie de conquête marchande de la formation des professeurs est, selon lui, déjà à l’oeuvre. »

Marie-Christine Corbier