Les retraites

Libération - Retraites : pas de cadeaux dans les négos à la SNCF et la RATP

Décembre 2019, par Info santé sécu social

« Par » Franck Bouaziz — 24 décembre 2019

A la SNCF comme à la RATP, les discussions entre syndicats et direction semblent marquer le pas. Les dernières propositions gouvernementales, très complexes, butent en outre sur un obstacle pédagogique.

La grève dans les transports vient de passer le cap des 19 jours. Les dirigeants de la SNCF et de la RATP ont reçu un mandat du gouvernement pour négocier la reprise du travail. Et pourtant, la seule avancée notable est un appel à la pause d’un seul syndicat : l’Unsa ferroviaire, dans une seule entreprise, la SNCF. Sans compter que la base des militants est plutôt remontée contre cette trêve négociée par la direction nationale du syndicat. En cause, les modalités on ne peut plus complexes sur lesquelles l’Unsa a accepté de se mettre en mode pause.

Le deal a été passé avec la direction de la SNCF et le secrétaire d’Etat aux Transports autour d’un dispositif appelé « transition à l’italienne ». Le point de départ peut apparaître assez simple. A la SNCF comme à la RATP, passer d’un régime de retraite où la pension est calculée sur les six derniers mois de salaire à un système dans lequel l’intégralité de la carrière sert de référence est un changement pour le moins violent. Il fallait donc imaginer une sorte d’amortisseur. D’où cette fameuse « transition à l’italienne » qui prévoit de calculer la retraite des cheminots selon l’ancien système jusqu’au moment théorique de leur départ à la retraite. Et non pas uniquement jusqu’en 2025, date de la bascule dans le régime universel des retraites. Ce niveau de pension potentiel serait ensuite converti en points dans le régime universel.

L’objectif est ainsi de maximiser la retraite des cheminots afin d’éviter qu’ils ne pâtissent d’une baisse trop importante de leur pension. Reste que ce mécanisme est particulièrement difficile à expliquer. Le rendre lisible pour le plus grand nombre prendra du temps. Or, à ce jour, la base de l’Unsa rue dans les brancards et plusieurs délégations régionales refusent le principe de la pause dans la grève. Un dirigeant syndical se souvient, en outre, avoir proposé cette transition à l’italienne à Jean-Paul Delevoye, lorsqu’il était encore haut-commissaire aux retraites. La réponse avait alors été : « Ça coûtera trop cher. »

Vers un plan d’épargne retraite ?
La direction de la SNCF dispose d’une autre carte pour tenter d’amener une partie des cheminots à la reprise du travail. Il s’agit de la création d’un plan d’épargne retraite alimenté par la surcotisation que paie aujourd’hui l’entreprise pour financer le régime spécial de retraite des agents de la SNCF. Aujourd’hui, cette surcotisation atteint 13,9% de la masse salariale des 140 000 cheminots. Elle est programmée pour disparaître au 1er janvier 2020, avec la fin du statut des salariés de l’entreprise ferroviaire.

Toute la question est maintenant celle de l’affectation du produit de cette cotisation employeur qui n’aura plus à être payée par la SNCF. Or pour certaines organisations syndicales telles que SUD rail, ce plan d’épargne ressemble à s’y méprendre à une forme de retraite par capitalisation. Justement le chiffon rouge agité par tous ceux qui souhaitent défendre bec et ongles le principe même de la retraite par répartition.

Franck Bouaziz