Les mobilisations dans les hôpitaux

JIM - Grève du codage : les directions hospitalières se livreraient à des chantages très discutables

Janvier 2020, par Info santé sécu social

Publié le 29/01/2020

Paris, le mercredi 29 janvier 2020

Depuis le mois d’octobre, pour obtenir des moyens supplémentaires et dénoncer le "naufrage" de l’hôpital public en partie lié selon eux à la tarification à l’activité (T2A) certains médecins hospitaliers mènent une « grève du codage ».

En pratique, il s’agit de ne plus transmettre à l’Assurance maladie les données nécessaires à la facturation. Cette grève, très suivie notamment à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), aurait entraîné un "manque à gagner" atteignant plusieurs centaines de millions d’euros.

Aussi, d’après un document qu’Europe 1 a pu consulter, la direction des ressources humaines de l’AP-HP envisagerait des sanctions disciplinaires contre le personnel qui participe à cette « grève du codage ».

Chantage sur l’accès aux « traitements lourds »
Parallèlement, le CIH (Collectif inter-hopitaux) révèle les pressions étonnantes auxquelles se livrent certaines directions hospitalières. Elles menaceraient ainsi de restreindre l’accès à certains traitements coûteux en cas de maintien du mouvement…Jugeant parfaitement indigne ce type de méthode, le CIH promet de rendre publique toute nouvelle « tentative d’intimidation ».

Le Pr Agnès Hartemann, chef du service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et membre du collectif, développe sur France Info : « On nous dit qu’on est en train de couler notre hôpital. C’est quand même dur à entendre. C’est du bouche-à-oreilles on ne l’écrit pas », mais on suggère fortement « que certains médicaments ne seront pas délivrés, des médicaments chers pour certains patients, que certains postes ne vont pas être actés. Vous ne faites pas rentrer d’argent dans les caisses donc ce mois-ci vous n’aurez pas les traitements lourds » résume-t-elle.

Dans le Canard enchaîné, le Pr André Grimaldi, aujourd’hui professeur émérite de diabétologie confirme l’existence de ce type de chantage, en rapportant qu’une direction aurait assuré : « Si vous voulez vos CAR-T cells vous arrêtez votre grève du codage ». Il dénonce également des « menaces de sanctions disciplinaires ». Cette situation ne devrait que renforcer la détermination des chefs de service démissionnaires, tant elle met en évidence la réalité des pressions managériales qu’ils dénoncent si fortement, alors que les 52 chefs de service démissionnaires de Paris Sud (hôpitaux Béclère, Bicêtre, Sainte-Perrine, Raymond Poincaré, Ambroise Paré et Paul Brousse) ont aujourd’hui rendez-vous avec le directeur du groupe hospitalier.

Agnès Buzyn tempère
Interrogée sur ce sujet ce mardi lors de ses vœux à la presse, Agnès Buzyn s’est déclarée défavorable à d’éventuelles sanctions : « Je ne suis pas du tout dans une démarche de sanction, absolument pas. Nous sommes face à des soignants en souffrance. Le but est de leur montrer que nous sommes à leurs côtés, que nous déployons un plan d’urgence très sérieux » a-t-elle martelé, apparemment quelque peu en décalage avec la réalité du terrain.

Frédéric Haroche