Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Allo docteur - Coronavirus : la "dangereuse" phase de déconfinement qui inquiète l’OMS

Juin 2020, par Info santé sécu social

L’Organisation mondiale de la Santé appelle à une vigilance extrême dans les pays déconfinés, alors que la pandémie continue de s’accélérer à l’échelle mondiale et que le virus circule toujours activement.

Par la rédaction d’Allodocteurs.fr, avec AFP

Rédigé le 23/06/2020

La pandémie de coronavirus ne recule pas. Au niveau mondial, elle "continue de s’accélérer", a prévenu lundi 22 juin l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus a en effet profité d’une conférence virtuelle pour lancer une nouvelle mise en garde.

"Il a fallu plus de trois mois pour que le premier million de cas soit signalé. Le dernier million de cas a été signalé en seulement huit jours", a-t-il averti. "Nous savons qu’elle est bien plus qu’une crise sanitaire, c’est une crise économique, sociale et, dans de nombreux pays, politique. Ses effets se feront sentir sur des décennies", a-t-il ajouté.

"Vigilance extrême"

Quelques jours plus tôt, le chef de l’OMS avait déjà qualifié cette nouvelle phase de déconfinement de "dangereuse". "Beaucoup de gens sont évidemment fatigués de rester chez eux. Les pays sont évidemment désireux de rouvrir leur société et leur économie", avait-il reconnu lors d’une conférence de presse le 19 juin. "Mais le virus continue de se propager rapidement, il reste mortel et la plupart des personnes restent exposées" poursuivait-il.

C’est pourquoi l’OMS a appelé "tous les pays et toutes les personnes à exercer une vigilance extrême" : "Continuez à garder vos distances, restez à la maison si vous vous sentez malade, continuez à couvrir votre nez et votre bouche quand vous toussez, portez un masque dès qu’il le faut, continuez à vous laver les mains", a insisté M. Tedros.

Le virus voyage d’un pays à l’autre

Pour sa part, le directeur des questions d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan, a estimé que "la sortie des confinements doit être faite prudemment". "Si vous ne savez pas où est le virus, il y a des chances que le virus vous prenne par surprise", a-t-il dit. "Quand vous repérez un cluster, il faut savoir lui sauter dessus, si vous voulez être en mesure d’éviter la mesure très contraignante du contingentement".

Il a par ailleurs expliqué que les souches de virus voyageaient d’un pays à l’autre. "De nombreux virus qui ont été détectés à New York étaient d’origine européenne", a-t-il dit. "Et le Japon a réimporté des cas depuis l’Europe".

Nouveaux clusters en France et en Allemagne

En France, où les écoles, les collèges mais aussi les salles de cinéma et les casinos ont rouvert ce 22 juin, le virus circule toujours à bas bruit. 83 clusters sont ainsi en cours d’investigation selon Santé publique France, mais les "indicateurs de circulation" du SARS-CoV-2 restent "à des niveaux bas" et les autorités sanitaires n’enregistrent pas de "signaux en faveur d’une reprise de l’épidémie".

Plusieurs de ces foyers de contamination français semblent avoir été favorisés par des conditions particulières de travail ou de logement, qui augmentent les risques de propagation du coronavirus, notamment dans les abattoirs.

C’est également le cas en Allemagne, où un vaste cluster a été repéré à Göttingen, dans un complexe résidentiel placé en quarantaine. 120 résidents sur 700 y ont en effet été testés positifs au coronavirus. En parallèle, plus de 1.300 employés d’un abattoir sur un total de près de 7.000 ont été testés positifs en Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l’Ouest du pays. "Nous ne pouvons pas exclure un confinement général", a déclaré dimanche le chef du gouvernement de ce land, Armin Laschet.

"Signaux d’alerte" en Italie

En Italie aussi, les autorités sanitaires ont appelé le 19 juin à la "prudence", après avoir observé la semaine dernière des "signaux d’alerte liés à la transmission" du Covid-19, notamment à Rome, indiquant que "la circulation du virus est encore importante".

"Dans certaines régions, un nombre élevé de nouveaux cas d’infection au Covid-19 continue d’être signalé", constate dans son dernier rapport hebdomadaire pour la semaine du 8 au 14 juin l’Institut supérieur de la santé (ISS). Deux foyers ont été identifiés ces derniers jours dans Rome intra-muros, où les autorités sanitaires assurent que la situation est "sous contrôle" : l’un dans un immeuble illégalement occupé d’un quartier populaire, l’autre dans un hôpital. "Cela devrait inciter à la prudence", pointe le rapport.

Déconfinement trop rapide en Suisse

Même inquiétude en Suisse, où la "Task force" scientifique fédérale dédiée à la maladie Covid-19 affirme que le déconfinement est trop rapide. "Au cours des sept derniers jours, le nombre de cas a augmenté de 30%", explique Matthias Egger, épidémiologiste et chef de la Task force. Selon lui, il est probable que le taux de reproduction du virus, qui indique combien une personne infectée contamine d’autres personnes contamine une personne infectée, est à nouveau de 1, voire plus.

Certains pays font déjà le choix d’un reconfinement : c’est le cas dans une partie de l’Ukraine et en Azerbaïdjan, où la propagation du coronavirus s’est accélérée depuis l’allègement des mesures restrictives.

L’épicentre de l’épidémie désormais en Amérique du sud

Plus loin dans le monde, l’Amérique latine qui vient d’entrer dans l’hiver et qui affiche des températures basses a priori propices à la propagation du virus, héberge désormais l’épicentre de la maladie. Le Brésil, deuxième pays du monde le plus endeuillé derrière les États-Unis, a dépassé le seuil des 50.000 morts et des deux millions de cas confirmés. Ailleurs en Amérique du Sud, le bilan a dépassé ces derniers jours les 20.000 morts au Mexique, les 1.000 morts en Argentine et les 8.000 morts au Pérou.

L’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Océanie sont sous le seuil du million de cas. Mais un rebond inquiète la Chine depuis la semaine dernière avec plus de 220 nouveaux cas, notamment à Pékin qui a fait le choix de placer une trentaine de quartiers en quarantaine. En Australie, six foyers de contamination à Melbourne. Un regain de nouveaux cas imputable à un relâchement de la population, selon le responsable de la santé dans le Victoria, Brett Sutton, qui a averti que la situation était désormais "dangereuse" et qu’il n’y avait "pas de plan B".

A l’échelle du globe, le Covid-19 a tué officiellement au moins 468.518 personnes et en a contaminé plus de 9 millions, depuis que la Chine a fait état de l’apparition en décembre de la maladie. Mais les experts estiment aujourd’hui que ces chiffres sont encore largement sous-estimés.