Le droit à la contraception et à l’IVG

Allo-docteurs - Quand un syndicat de gynécologues menace le droit à l’IVG

Mars 2019, par Info santé sécu social

Le Syngof réclame que le plafond du fonds de garantie de la profession soit réhaussé. Il appelle ses adhérents à stopper les IVG si cela n’est pas fait.

Par Maud Le Rest
Rédigé le 13/03/2019

"Préparez-vous à ce que le syndicat vous donne l’ordre d’arrêter les IVG si la ministre de la Santé refuse de nous recevoir", a déclaré le Syndicat des gynécologues et obstétriciens français (Syngof) dans un mail envoyé à ses 1.600 adhérents le 12 mars. Pourquoi cet avertissement ? Pour des raisons purement financières. Depuis des années, le syndicat demande à ce que le fonds de garantie de la profession couvre les sinistres déclarés entre 2002 et 2012. Actuellement, ce ne serait pas le cas. Le Syngof souhaite donc être reçu par Agnès Buzyn, et a même proposé un amendement au projet de loi Santé. En attendant, le syndicat entend créer le scandale pour faire parler de lui.

"Nous voulons manipuler la menace d’une grève à l’IVG pour être entendus"
C’est Jean Marty, ancien président du Syngof, qui a eu l’idée de ce chantage. "Notre société a un problème avec l’IVG. […] La profession, dans son écrasante majorité, trouve normal de pratiquer des IVG, mais c’est un sujet ultra sensible, donc nous voulons manipuler la menace d’une grève à l’IVG pour être entendus" a expliqué le praticien au journal Causette.

Ces propos ont aussitôt déclenché la colère des défenseurs des droits des femmes et de plusieurs professionnels de santé. La ministre de la Santé a "condamné" une menace "inadmissible", tandis qu le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a "condamné fermement, au nom de la déontologie, l’expression d’une telle menace mettant en cause les droits des femmes et portant atteinte à l’indépendance des professionnels, qu’aucun conflit avec les autorités ne saurait justifier" dans un communiqué publié le 13 mars. Le Cnom juge qualifie ainsi l’arrêt des IVG "d’acte inexplicable et injustifiable, aux conséquences potentiellement dramatiques". Osez le féminisme et France Assos Santé, entre autres, ont également réagi.