Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Huff-post - Les cas de Covid-19 sont de plus en plus âgés et ça ne présage rien de bon

Octobre 2020, par Info santé sécu social

Le coronavirus gagne du terrain en France. Après les jeunes cet été, le virus est en plein essor chez les plus de 49 ans. Une mauvaise nouvelle.

Par Lucie Oriol

Les pouvoirs publics vont-ils devoir changer de message face à la reprise épidémique du Covid-19 en France ? Cet été et depuis la rentrée, les autorités sanitaires multiplient les alertes à l’égard des moins de 30 ans, dont les contaminations ont explosé pendant l’été. Surtout, avec le mois de septembre et la rentrée scolaire, elles n’ont pas diminué. Ainsi, sur les 3000 clusters identifiés depuis mai, près de 21% ont éclaté en milieu scolaire et universitaire, indique Santé Publique France dans son dernier point hebdomadaire publié jeudi 8 octobre.

Pour autant, ce que montrent en filigrane ces dernières données, c’est surtout que depuis quelques semaines, la reprise épidémique est tout aussi manifeste chez les plus de 45 ans et que la dynamique des indices a de quoi inquiéter. Or, il est désormais clairement établi que plus l’on est âgé, plus les risques de décès sont élevés. Le modèle qui pointe en France, n’a ainsi rien de rassurant et a déjà été observé notamment en Floride.

En semaine 40, comme l’indique SPF, le taux d’incidence a augmenté “dans toutes les classes d’âges”, mais “l’augmentation la plus forte était chez les 65-74 ans (+15%) suivie de celle chez les 45-64 ans (+14%), les 75 ans et plus (+14%) puis chez les 15-44 ans (+5%)”. Lors du précédent bulletin de SPF datant du 1er octobre, le taux d’incidence chez les 65-74 ans avait déjà augmenté de 6 points.

Les graphiques indiquent assez nettement une rupture opérée à la semaine 35 avec une montée rapide de l’incidence et du taux de positivité dans les trois classes d’âges entre 45 et 75 ans et plus.

Ainsi entre la dernière semaine d’août (la semaine 35) et le début du mois d’octobre, ils sont passés de 20% des cas positifs à 30%. Pour les 50-59 ans, sur la même période, le nombre de cas a été multiplié par presque trois.

A l’inverse les moins de 29 ans qui représentaient 50% des cas fin aout, tombent à 40% début octobre.

La mortalité suit derrière
Concrètement l’épidémie diffuse dans le temps en allant des plus jeunes vers les plus âgés poussant de fait la courbe des hospitalisation vers le haut. Une dynamique qui rejoint malheureusement celle de la mortalité de ce coronavirus.

Comme pour le taux d’incidence et le taux de positivité, le nombre de décès pour lesquels une infection au Covid a lui aussi basculé, cette fois au niveau de la semaine 37.

Logique comme le soulignait déjà au HuffPost la semaine dernière Samuel Alizon, directeur de Recherche au CNRS, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses : “Pour le cas sévères, on a estimé qu’il se passe environ deux semaines entre l’infection et l’admission en réanimation. Donc l’impact d’une mesure contraignante ne sera visible que 14 jours après”.

Peut-on dès lors envisager que les chiffres de la mortalité vont continuer à augmenter en France ? A cet égard, l’exemple de la Floride n’est guère encourageant. Pendant une bonne partie de la période estivale, cet Etat du Sud a vu la proportions de cas chez les moins de 50 ans augmenter de manière considérable. Entre la fin du mois de juin et la mi-juillet, l’âge moyen des personnes nouvellement contaminées par le nouveau coronavirus a oscillé entre 37 et 39,5 ans. Or moins de trois semaines plus tard, la Floride a connu un plateau élevé de décès liés au coronavirus.

Si évidemment, la France n’applique pas la même politique sanitaire que la Floride et que depuis cet été la façon de traiter les patients en état grave a aussi évolué, ces chiffres rappellent la capacité du virus à créer un enchaînement de vagues, lesquelles sont difficiles à enrayer.

Les 50-60 ans doivent rester vigilants
Dans ce contexte de reprise épidémique, avec des contamination de plus en plus fortes en haut de la pyramide des âgés, ce sont bien sûr ceux des dernières tranches qui doivent se montrer particulièrement vigilants. Selon Santé Publique France, l’âge médian des décès liés est actuellement de 84 ans. Pour autant, et les nouvelles données le montrent de plus en plus, ceux situés juste en-dessous doivent rester alerte et se protéger.

Dans des données arrêtées au 26 juillet, ainsi que le rappelait LCI, les plus de 80 ans représentent 50% des décès liés au Covid. Chez les 70-79 ans, le chiffre est de 22,5%, et de 12,5% chez les 60-69 ans. Chez les 50-59 ans, cela tombe à 4,7%. C’est peu, et c’est en grande partie lié au commorbidités, mais c’est tout de même déjà trois fois plus que les 0-39 ans.

Au plus fort de la première vague épidémique début avril, les 50-60 ans étaient près de trois fois plus nombreux que les 40-50 à être en réanimation mais seulement un tiers de moins que les 60-69 ans, montrent les données Géodes.

Des résultats préliminaires sur la mortalité du Covid-19 détaillés dans une publication médicale anglaise sur Medrxiv montre que le taux de mortalité est multiplié par trois, tous les dix ans. “Le taux estimé est proche de zéro pour les enfants et les jeunes adultes, mais augmente de façon exponentielle avec l’âge, atteignant 0,4% à 55 ans, 1,4% à 65 ans, 4,6% à 75 ans et 15% à 85 ans”..

Les auteurs se sont par ailleurs attelés à des comparaisons particulièrement parlantes. En Angleterre, les 55-64 ont par exemple 200 fois plus de chance de mourir s’ils sont infectés par le Covid-19 que d’avoir un accident de voiture mortel. Pour les 45-54 ans le rapport est de 100.