Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Covid-19 : « Si les gens s’y retrouvent, chapeau bas ! »

Octobre 2022, par Info santé sécu social

Les autorités espèrent que l’arrivée des vaccins bivalents permettra d’endiguer la nouvelle vague de contaminations qui s’amorce.

Paris, le lundi 3 octobre 2022

« Si les gens s’y retrouvent, chapeau bas ! » commente ironiquement l’épidémiologiste genevois Antoine Flahault. Une nouvelle campagne de vaccination contre la Covid-19 a en effet été lancée ce lundi par le ministère de la Santé et il est vrai que certaines caractéristiques de cette nouvelle opération de vaccination ne manquent pas d’interroger.

Tout d’abord, il est discutable de parler d’une véritable campagne de vaccination. L’administration de vaccins contre la Covid-19 n’a en effet jamais cessé en France, même si la vaccination a fortement ralenti ces deux derniers mois. Une deuxième dose de rappel (souvent une quatrième dose) est d’ailleurs recommandée aux personnes âgées de plus de 60 ans depuis le mois d’avril (un peu plus de 30 % d’entre eux l’ont reçu).

Le véritable changement de cette « nouvelle » campagne de vaccination est l’arrivée de vaccins de nouvelle génération dits bivalents, car ils ciblent à la fois la souche originelle du SARS-Cov-2 (dite « souche de Wuhan ») et les sous-variants Omicron.

L’utilité douteuse du vaccin bivalent BA1

Cette nouvelle dose de vaccin bivalent (qui sera donc pour certains une cinquième dose) est recommandée pour toutes les personnes à risque, à savoir les sujets de plus de 60 ans, les adultes immunodéprimées ou souffrant de comorbidités, les femmes enceintes, l’entourage de ces personnes à risque et les professionnels de santé. Le ministère de la Santé a cependant précisé que toute personne le désirant pourra se faire vacciner sur prescription médicale.

Deux autres conditions sont requises : avoir reçu sa dernière dose depuis plus de six mois (ou plus de trois mois pour les sujets âgés de plus de 80 ans, les résidents d’Ehpad et les personnes immunodéprimées) et n’avoir pas été contaminé par la Covid-19 dans les trois mois précédents. Pour rajouter à la complexité de
l’opération, rappelons que la campagne de vaccination contre la grippe débutera le 18 octobre prochain et qu’il sera possible de recevoir les deux vaccins concomitamment.

Pour le moment, seul le vaccin bivalent du laboratoire américain Moderna est disponible en pharmacie. Problème : ce vaccin ne cible que la souche Wuhan et le variant Omicron BA1 qui a quasiment totalement disparu et on peut donc douter de la supériorité de ce vaccin sur les produits monovalents. Pour recevoir le vaccin du laboratoire Pfizer qui cible lui le variant Omicron BA5 (le variant actuellement dominant), il faudra attendre ce jeudi. Un vaccin qui présente un autre défaut : il a été autorisé sans qu’aucun essai clinique d’efficacité n’ait été publié.

Les mineurs représentent moins de 0,1 % des morts de la Covid-19

L’arrivée des vaccins bivalents en France survient alors qu’une huitième vague de contaminations s’amorce depuis quelques semaines. Environ 45 000 personnes sont testées positifs chaque jour, soit deux fois plus qu’il y a trois semaines. Ce rebond épidémique commence à se faire sentir à l’hôpital, où les hospitalisations, y compris en soins critiques, repartent à la hausse depuis environ deux semaines : 810 personnes porteurs du SARS-Cov-2 sont actuellement en soins critiques, contre 699 au 21 septembre. Le nombre de morts quotidiens reste lui stable et relativement faible (environ 30 par jour).

L’augmentation de l’incidence est particulièrement élevée chez les moins de 20 ans, en raison de la rentrée scolaire et de l’abandon des gestes barrières à l’école. Soilignons toutefois qu’un bilan publié par Santé Publique France le 25 août dernier a rappelé une nouvelle fois la faible gravité de la Covid-19 chez les jeunes. On peut y lire qu’entre août 2021 et août 2022, seulement 324 enfants ont été hospitalisés en soins critiques pour une Covid-19 (sans compter les cas fortuits) dont 63 % souffraient d’une comorbidité, auxquels il faut ajouter 280 enfants admis en soins critiques pour un syndrome inflammatoire multi-systémique (PIMS) lié au Covid-19.

Au total, depuis le début de l’épidémie, 103 enfants de moins de 18 ans porteurs du SARS-Cov-2 sont morts en France, dont 37 cas où un lien avec la Covid-19 et le décès a pu être établi (l’enfant souffrant de comorbidités dans 84 % des observations). Les mineurs représentent donc entre 0,02 et 0,06 % des morts de la Covid-19 en France.

Quentin Haroche