Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

JIM - Les conséquences contrastées de la Covid-19 sur l’espérance de vie dans le monde occidental

Octobre 2022, par Info santé sécu social

Paris, le vendredi 21 octobre 2022

Si avec la pandémie presque toutes les nations occidentales ont connu une baisse significative de l’espérance de vie en 2020, la tendance a été très différente selon les pays en 2021.

Avec officiellement 6,5 millions de morts en moins de trois ans et probablement 2 à 3 fois plus en réalité, la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable en termes de mortalité. Après plusieurs décennies de hausse continue de l’espérance de vie (hausse qui tendait cependant à se ralentir ces dernières années), la soudaine hécatombe provoquée par l’épidémie a provoqué une chute de cet indicateur souvent utilisée pour mesure le niveau de développement et le système de santé des différents pays.

Des chercheurs de l’institut Max Planck de Rostock en Allemagne (spécialisé en démographie) se sont penché sur l’évolution de l’espérance de vie au cours des années 2020 et 2021 dans 27 pays européens et aux Etats-Unis. Leur étude, publiée ce lundi dans la revue Nature montre que presque tous les pays occidentaux ont connu une baisse (plus ou moins importante) de l’espérance de vie lors de la première année de l’épidémie en 2020, au cours de laquelle les solutions préventives et thérapeutiques manquaient pour juguler l’épidémie.

La Suède n’a pas trop souffert de l’absence de confinement

La France a ainsi connu une perte d’espérance de vie de 6,2 mois sur l’année 2020, plus importante que l’Allemagne (2,6 mois) mais plus faible que l’Italie (12,6 mois) ou l’Espagne (15 mois). Seuls le Danemark, la Finlande et la Norvège, où la mortalité par Covid a été faible tout au long de l’épidémie, n’ont pas vu leur espérance de vie baisser.

On notera, sans relancer l’éternel débat sur l’utilité du confinement, que la Suède, seul pays à n’avoir pas pris de mesures sanitaires drastiques, a connu une baisse d’espérance de vie de 7,6 mois, plus importante donc que ses voisins scandinaves, mais plus faible que la plupart des pays occidentaux.

L’étude se penche ensuite l’évolution de l’espérance de vie entre 2020 et 2021, année au cours de laquelle les vaccins ont été rendus disponibles à grande échelle. Une corrélation assez nette semble se dessiner entre le taux de vaccination de la population de chaque pays et la remontée de l’espérance de vie. Les pays d’Europe de l’Ouest, où plus de 80 % de la population adulte était vacciné fin 2021, ont ainsi en partie récupéré la perte subie en 2020.

C’est le cas notamment de la France, où la vaccination de masse a permis de gagner 5 mois d’espérance de vie en 2021, nous permettant de retrouver peu ou prou notre niveau d’espérance de vie prépandémique.

3,5 ans de perte d’espérance de vie en Bulgarie

A l’inverse, dans les pays d’Europe centrale et orientale, ainsi qu’aux Etats-Unis, la réticence d’une grande partie de la population à se faire vacciner ou même à respecter les gestes barrières élémentaires a provoqué une nouvelle chute de l’espérance de vie. C’est particulièrement net dans les pays de l’ex-bloc communiste, qui présentent par ailleurs les taux de mortalité par Covid-19 par habitants les plus élevés au monde. La Bulgarie (43 mois d’espérance de vie perdue entre 2019 et 2021), la Slovaquie (33 mois), la Pologne (27 mois) et la République Tchèque (22 mois) présentent les chutes les plus importantes.

Aux Etats-Unis, la Covid-19 a accéléré un phénomène de baisse de l’espérance de vie observée depuis quelques années, dû notamment à la progression de l’obésité et à la crise des opiacés. Comme nous l’avions déjà évoqué dans un précédent article, l’espérance de vie aux Etats-Unis est désormais de 76,1 ans, soit le niveau le plus bas depuis 1996.

Aussi importante que soit ces diminutions d’espérance de vie, elles ne sont rien comparés aux conséquences désastreuses des conflits et épidémies de la première moitié du XXème siècle. Les auteurs de l’étude rappellent ainsi qu’entre 1914 et 1918, sous l’effet combiné de la Première Guerre Mondiale et de la grippe espagnole, l’espérance de vie a diminué de 22,7 ans en Italie et de 16,5 ans en France.

De quoi, si ce n’est nous consoler, relativiser nos problèmes.

Nicolas Barbet